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HISTOIRE D’UNE JUMENT NOIRE.

pleins de tristesse et de mélancolie…

Quand le cortège fut prêt à se mettre en marche, — écoutez-bien cela, mes enfants ! — la Noire ne voulut point marcher. Ni les paroles douces, ni les menaces, ni même les coups de fouet que les hommes durent employer, rien ne la fit bouger. Elle restait là, la tête basse, les yeux vagues et tristes. Sans doute, elle se disait en elle-même : « Non, ce n’est pas moi, moi qui l’aimais tant, ce n’est pas moi qui la mènerai en terre, d’où elle ne reviendra plus jamais ! » Il fallut mettre un autre cheval, à la place de la Noire pour aller conduire notre chère petite au cimetière…

Oh ! de vous avoir conté ces choses, dit-il, j’ai quasiment envie de pleurer ! » Il refoula son émotion, essuya de sa main deux grosses larmes qui tombaient de ses yeux, puis il finit en ajoutant : « Croyez-moi, croyez-moi pas, c’est la vérité que j’vous dis là ! »