Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LÉGENDES GASPÉSIENNES.

la recherche des papillons, cueillait dans l’herbe des fossés les petits fruits qui s’y tiennent cachés. Et, pour revenir, quand elle était lasse, nous la portions dans nos bras… Oh ! c’était un agréable fardeau !

Notre père avait élevé pour elle une petite jument noire, de race croisée, qui était la bête la plus douce et la plus jolie au monde. Dès que le petit animal put abandonner sa mère, Jeanne s’occupa de lui procurer une nourriture abondante. Tous les jours, durant les longs hivers, elle allait à l’étable lui porter sa ration de foin ou d’avoine. Et l’été, quand les animaux étaient au pacage, elle se rendait bien souvent à l’enclos, et, toute joyeuse, donnait à la jolie bête du pain et du sucre dans sa main… Aussitôt qu’elle la voyait apparaître, la petite jument, au poil doux et lisse comme de la soie, accourait vers elle avec tendresse, et longtemps elle caressait de sa langue rose la petite main de l’enfant. Elles devinrent tout de suite grandes amies.

Deux ans plus tard l’animal était déjà dompté, et tous les dimanches