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HISTOIRE D’UNE JUMENT NOIRE.

semences, les récoltes, enfin les nombreux travaux des champs, et ceux que nécessitait le soin des étables. Ma mère et mes sœurs les plus âgées cuisinaient, cousaient, tricotaient, filaient la laine de nos moutons et tissaient le lin de nos champs. Les paroles et les rires accompagnaient leurs heures laborieuses.

Mais la vraie joie de la maison c’était la petite Jeanne, notre sœur la plus jeune, née longtemps après nous. C’était une enfant espiègle, aimable et belle, oui, belle comme une rose du plus bel été !… Elle avait les yeux bleus, une toute petite bouche semblable à une cerise, et des cheveux blonds et dorés qui tombaient sur ses épaules en longues boucles soyeuses… Non, sûrement, vous n’avez jamais vu de plus belle enfant ! Elle était adorée de nous tous. Cette enfant, c’était le soleil de notre existence. Chacun s’ingéniait à lui créer de nouvelles joies. Souvent, sur sa demande, nous l’emmenions aux champs, quand la chaleur n’était pas trop violente, ni le vent trop grand. Elle courait dans la plaine à