Page:Lamontagne-Beauregard - Légendes gaspésiennes, 1927.djvu/30

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
LÉGENDES GASPÉSIENNES.

be… Ces têtes grouillaient, sautaient autour de nous, cela nous montait sur les jambes, et la coiffe de grand’mère volait au vent… Je dénichais les œufs dans le poulailler. J’allais aux champs avec les hommes, je suivais les glaneuses de petits fruits dans la savane. L’hiver j’allais avec ceux qui tendent des pièges aux lièvres dans les buissons les plus proches, et le soir nous glissions tous ensemble sur la neige blanche qu’éclaire la lune… Mais ce que je préférais ce sont les jeux dans la grange. Oh ! le plaisir de jouer dans le foin, de sauter de poutre en poutre, de fenil en fenil, d’enfoncer jusqu’au cou dans la paille fraîche et de s’en faire un lit parfumé ! Des senteurs inconnues s’échappaient du foin séché. Une poussière d’or s’en désagrégeait, et cela dansait devant mes yeux comme une mystérieuse pluie d’étoiles… Dans la saison des longs soirs, on y retournait après souper, jusqu’à la nuit. À travers les fentes du toit, je voyais poindre une à une les étoiles. Puis la lune se levait à son tour, faisant des lumières et des ombres, créant des profondeurs, creu-