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LA DAME AUX CAPUCINES.

d’histoires… Je vois encore son fin visage et ses yeux clairs, tout illuminés des lueurs de la flamme. Comme je la trouvais belle et comme je l’aimais ! Sa voix était d’une douceur incomparable et je l’écoutais toujours avec une joie nouvelle.

Le séjour chez ma grand’mère était pour moi le paradis. Dès que je revenais chez mon père, j’étais hantée et troublée par mes souvenirs. Le vert de l’herbe, le bleu du ciel, l’immensité des champs, tout cela m’était nécessaire comme de manger et de dormir. La ville me semblait une prison où je ne pouvais ni courir ni m’ébattre… Je devenais triste, maussade, presque sans joie et sans pensée. Alors, mes parents, très inquiets, me renvoyaient à ma chère maison des champs. Là, c’était la liberté à travers la plaine, les courses dans les buissons et les ravins, la recherche des nids d’oiseaux dans l’épaisseur des feuilles, l’eau pure des sources qui tombe de nos mains en gouttelettes… J’allais avec grand’mère donner leur ration de grain aux poules. Nous leur jetions le blé à poignée dans l’her-