Le curé de C. se promenait en voiture, ce dimanche-là avec son ami, le curé de S., venu d’une paroisse voisine pour lui rendre visite. Le léger « quatre-roues », bien reluisant et souple, était attelé à un jeune cheval noir, qui avait bon train et belle figure. Le vent était chargé d’odeurs de bois et de plaines. Et les deux amis se laissaient aller au plaisir de la promenade en causant et en jetant des regards charmés sur la majesté des paysages d’alentour.
Le curé de C. était grand et maigre, nerveux, mais toujours souriant, le front marqué de ces rides particulières qu’ont les penseurs et les hommes coutumiers des luttes intérieures. Curé de ce village gaspésien depuis de nombreuses années, il en connaissait bien toutes les routes et tous les foyers. Aucun visage, parmi les grands et les petits, ne lui était étranger. Quand il passait à pied ou en voiture, ceux qui le rencontraient le saluaient avec vénération. Tous l’aimaient. Il était le vrai prêtre, celui qui n’a pas de famille, mais qui est le père de tous. Pasteur véritable, il était par vocation apôtre