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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

des montagnes. Pendant deux jours et deux nuits la mer furieuse avait battu les falaises. Le cœur serré, folle d’angoisse, elle était restée longtemps les yeux rivés aux flots, attendant le retour de celui qui ne revenait pas. Rien, rien, toujours rien. La mer s’était apaisée, le vent s’était calmé, quelques autres pêcheurs avaient été sauvés, mais lui n’était pas revenu. De sa barge elle-même aucune épave n’avait été retrouvée. Il n’y avait donc plus d’espoir de le revoir jamais.

Elle accepta dans les larmes sa triste vie de veuve pauvre, s’engageant pour faire la pêche, arrangeant ici et là les filets, étant au besoin cordonnière et couturière, trouvant moyen, enfin, de vivre et de faire vivre ses deux enfants. Elle apprit plus tard que son mari — des rescapés disant le reconnaître — avait été enterré avec plusieurs autres noyés dans le petit cimetière de Percé.

Un ans, deux ans s’écoulèrent… Marie Lepage, qui était jolie veuve et reconnue pour une femme accomplie se remaria avec un brave pêcheur de l’Échouerie. Il était de quelques années