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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

aucun grondement de manufacture. D’un côté la mer mouvante, mystérieuse et sournoise, de l’autre les montagnes lourdes de silence et de profondeur. Au pied des montagnes, près de la mer, se trouvait le groupe des maisonnettes, ternies par les brouillards et les pluies, basses et solides, habituées aux tempêtes et laides de tous les maux soufferts… Leurs petites fenêtres, recouvertes d’embrun et de sel, ressemblaient, dans la nuit, à de pauvres yeux éteints…

Un mince filet de lumière éclairait encore les bords de la mer où des barques de pêcheurs tardifs remuaient… Une lampe à l’huile au globe mince et reluisant jetait à travers une fenêtre un reflet tremblant. L’homme qui arrivait, portant sur son dos une charge de poissons, jeta tout cela, pêle-mêle, près de la maison, sur le sol sans herbe. Cette masse grise, grouillante, sautillante, ressemblait à de l’argent fondu. Il cria : « Femme ! » La jeune femme sortit pour contempler à son tour la pêche fructueuse.

— Ça été une bonne marée, hein,