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LÉGENDES GASPÉSIENNES.

la saluant. Elle était aimable et bonne, s’intéressant au sort de chacun, les félicitant et les taquinant sur le succès ou l’insuccès de leur pêche, et jamais elle ne manquait de faire voir à Ivon qu’elle le considérait comme un pêcheur adroit.

Chaque fois qu’il arrivait avec une nouvelle charge, elle lui disait de sa voix adorable en le regardant dans le fond des yeux :

— Toujours le premier ! Vous avez encore la plus belle pêche de la marée. C’est beau cela, Monsieur Ivon, c’est beau !…

Elle s’attardait à le regarder, car c’était un beau gars cet Ivon Lefrançois. Il avait les traits des plus réguliers, un visage doux comme les images des saints et des yeux profonds comme la mer. Un garçon robuste aux vingt ans rayonnants, à l’âme vaillante et candide. Avec cela un beau caractère, une humeur toujours égale, des lèvres toujours prêtes à sourire. Et la Louise, de son œil ardent, cueillait le sourire du jeune homme qui l’aimait…

Ivon Lefrançois nourrissait un secret