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Le Vieux Terrien


Je connais, dans les replis de nos montagnes, une maison vieillotte, bâtie à la mode d’autrefois, abritée par deux vieux chênes, et riant au soleil de toute la gaieté de son pignon pointu… Aujourd’hui, de jeunes époux et de beaux enfants l’habitent. Des champs de seigle mûrissent autour. Son toit fume, ses fenêtres sourient, sa porte chante… Tous les coteaux voisins sont verts. Partout s’étendent les blondes collines, tranquilles et riches. Et, le soir, dans l’air tiède du crépuscule, monte des plaines embaumées l’odeur de la moisson et des foins séchés.

Mais autrefois, du temps des vieux, cette ferme connut des jours sombres. Longtemps la misère y régna. Cette terre, aujourd’hui féconde, n’était que cailloux et guérets. Que de sueurs, que de fatigues, que de désespoirs ont marqué ce large domaine ! En vain l’homme ridé, vieilli, s’acharnait--