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La Grand’mère


Hier, il vint chez nous un pauvre mendiant.

Cet homme — l’être le plus étrange que j’aie connu — me raconta cette histoire que j’écoutai avec la plus grande avidité :

— « Ma mère, dit-il, mourut en me donnant le jour. Je fus recueilli au berceau par ma grand’mère que mon adoption sembla consoler de la mort de sa fille. Mon grand-père étant mort aussi quelques années auparavant, je devins l’unique raison de vivre de cette pauvre vieille, et toute son affection retomba sur moi. Malgré le travail acharné qu’elle dut accomplir pour m’élever, — car elle était pauvre — elle m’aimait autant qu’il est possible d’aimer en ce monde.

Je vivais seul avec elle, dans une petite maisonnette, pauvre, blanchie à la chaux, perchée sur une colline, un peu éloignée de l’église et des autres habitations. Elle