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je l’entendis battre des ailes avec violence, et jeter dans l’air sonore un cri de détresse, un cri immense qui sembla remuer les entrailles de la terre, et s’étendre jusqu’aux plus hauts sommets des monts !… L’outarde captive répondait à ses sœurs libres ; elle leur lançait un cri d’angoisse dans lequel un monde de tristesse était contenu ! Ah ! ce cri, ce cri désespéré, qu’il était triste dans ce soir plein de vie et de flamme ! Il m’entra dans le cœur comme une plainte comme un reproche, comme un remords… Je fus prise de pitié pour la pauvre bête, et je formai secrètement le projet de la libérer.