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par les pattes dans ce réseau, elle ne pouvait s’enfuir. « On est armé quand on est ailé »… Privée de la puissance de ses ailes, l’outarde ne pouvait ni se défendre ni se sauver. Le chasseur n’eut pas de peine à la saisir, et il l’emporta, triomphant.

De crainte que les poules ne fussent pas bien disposées envers la nouvelle venue, nous lui fîmes dans le poulailler un coin à part où elle était bien chez elle. Son enclos fut entouré de pieux faits avec de jeunes aulnes, et cette clôture fut entièrement garnie de feuillages entrelacés. Avec un peu de bonne volonté notre jeune captive pouvait se croire sur les bords ombreux des séduisantes rivières. Elle mangeait avec voracité tout ce qu’on lui apportait, et elle semblait heureuse.

Nous l’avions attachée par la patte avec une corde qui lui permettait un peu de promenade dans les alentours. Son enclos possédait aussi une porte rustique qu’on ouvrait et fermait à volonté. Elle dévastait le persil du jardin, et personne n’y trouvait à redire. Elle s’amusait beaucoup avec les petits poulets, leur donnant coups de bec et coups de patte, et les entraînant à plaisir dans l’herbe. Cet oiseau sauvage, qui pre-