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absolument différente de la mienne. Et parce qu’il m’a regardée, qu’il m’a souri, qu’il m’a fait de l’œil, me voici toute troublée toute bouleversée. Vraiment, c’est absurde. Je crois que je m’en vais vers un abîme…

25 juin. — Je l’ai revu tous les jours, et il est venu plusieurs fois à la maison. Combien j’étais confuse de le voir assis à notre humble foyer ! Je lui ai appris plusieurs phrases françaises. Il les a saisies avec beaucoup de facilité. Il est un compagnon aimable et gai. J’ai toujours hâte de le revoir, mais je reste timide et rougissante devant lui ! Et quelle gêne j’ai éprouvée hier, quand son père est venu me parler ! Il s’exprime en assez bon français, malgré un accent désagréable. Cet homme a un visage très bon et très doux. Sa voix est morne comme un jour de pluie… Le père et le fils s’entretenaient ensemble, et sans comprendre tout ce qu’ils disaient, je voyais qu’ils parlaient de moi. Nous étions tous debout au milieu des arbres, et le soleil jouait dans les branches. Lewis (c’est le nom du jeune homme) me regardait de plus en plus. Tout à coup, s’approchant de moi, il s’empara de mon grand