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me par magie, des coussins de soie et de satin ; enfin, un bagage innombrable et riche. Deux pêcheurs du village leur servent de guides et l’on dit qu’ils paient largement ces services… Ces hommes fournissent leurs canots et leurs expériences, les millionnaires donnent l’argent, et l’onde donne le poisson… La pêche se fait surtout en canot. L’embarcation est mise à l’ancre, et ces messieurs, bien assis dans leurs coussins, attendent que cela tire au bout de leur ligne… Quand ils sentent un petit coup sec, c’est que le saumon a mordu… Alors, il faut se bien tenir, car le poisson se débat comme un forcené !… Et c’est, paraît-il, un grand plaisir de le voir se rouler et se tordre, ruisselant, en ses belles écailles argentées…

3 juin. — J’ai vu aujourd’hui le jeune Américain et il m’a parlé. Il m’a regardée longuement ; j’en suis toute bouleversée. Son regard est perçant, et limpide comme l’eau de roche… Je cherchais dans le bois ces écorces roses que le vent fait tomber des bouleaux, et qui servent si bien à allumer le feu quand c’est l’heure des repas. Je comptais en même temps les cerisiers et les groseillers qui doivent me donner bientôt