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La Tentation


26 mai 1886. — Les mois ont passé après les mois, les années après les années. Les saisons ont succédé les unes aux autres, avec leurs rigueurs, leurs tristesses, et leurs joies. Notre ferme s’est agrandie. Nous voilà maintenant établis comme des colons qui peuvent espérer l’aisance, tout en ne la possédant pas encore. Notre maison, qui n’était d’abord qu’une cabane, a été peu à peu élargie ; elle est maintenant une demeure d’apparence solide. Un four à pain, une laiterie, un hangar ont été bâtis par les mains habiles de mon père. Nous avons deux vaches, quinze poules, un cheval. Il nous est possible de voir venir les longs hivers sans craindre les malheureuses aventures qui découlent d’un trop grand éloignement. Il ne nous arrivera plus de redouter la mort par la faim en des temps de maladie ou de tempête. Tout a été prévu. Mon père et mon frère ont fait dans la terre un grand trou dont ils ont retenu les bords avec des pieux. À l’extérieur, cette caverne a été recouverte de branches et de