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28 novembre. — Voilà donc le bonheur qui sort de notre détresse comme le jour sort de la nuit, comme la victoire sort des batailles !

— « Ne soyons pas ingrats envers Dieu, disait ma mère, ce matin. N’oublions pas de le remercier, de le remercier encore. Il a voulu par cette dure épreuve nous procurer, au sein de notre pauvreté, un contentement plus grand que celui de la richesse. Il faut avoir souffert pour connaître le vrai prix de la vie. Plaignons les riches de la terre, ceux qui n’ont jamais été privés de rien ; ceux-là ignorent le véritable bonheur. »

Afin que notre joie soit plus grande encore, Dieu a permis que mon frère découvre hier, dans un coin du grenier, deux sacs de pommes de terre parfaitement conservées, et un paquet de tabac en feuilles dont mon père fait ses délices. Il a aussi le plaisir de marcher un peu dans la maison, car sa blessure commence à se fermer.

Tout en fumant ce bon tabac qu’il savoure, il occupe ses loisirs en compagnie de mon frère, à tailler au canif en longueur égale des branches sèches que Louis va chercher à pleines brassées dans les alentours. Ce sera pour entourer les carrés