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vaine avec une grande ferveur, à genoux aux pieds de l’image sainte qui est accrochée au mur, près de la croix. Jamais, assurément, nous n’avons prié avec une telle foi… Obtiendrons-nous la guérison de notre malade ? Sauverez-vous, ô mon Dieu, ces faibles êtres que nous sommes, et que vous seul pouvez sortir de cette affreuse détresse ?…

Être forts et pleins de jeunesse, et se voir en face de la mort par la faim. Quelle horrible situation !…

Rougette n’a donné ce matin qu’une petite tasse de lait, et du lait qui n’a pas le moindre soupçon de crème. Voilà donc ce précieux aliment qui disparaît. Mon Dieu, mon Dieu, qu’allons-nous devenir ? Nous voilà réduits au pain sec, et le peu de farine qui nous reste sera épuisé en quelques jours. Nous devenons tous pâles comme des morts, pâles de faim et d’angoisse… Mon père guérira-t-il ? Serons-nous obligés de tuer Rougette ?…

22 novembre. — Quand je me suis éveillée ce matin, la maison était encore dans l’obscurité, et cependant ma mère était debout.