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temps calme et froid. Une clarté éblouissante courait sur les champs de neige et brillait comme mille flèches ! Pour jeter un peu de gaîté sur notre tristesse, comme on met de l’huile sur une plaie, mon frère, à la demande de ma mère, chanta une de ces vieilles chansons qu’il apprit jadis des lèvres de notre vénérable grand-père. Il a une voix agréable et douce qu’on ne se lasse pas d’entendre. Et c’est avec joie que nous avons écouté : La Chanson de Caroline.

De sa maisonnette bien close,
Caroline aux champs regardait.
La bise avec fureur grondait.
Plus de feuillage, plus de rose :
Partout la neige et les glaçons.
Transis de froid, quelques pinsons
Des arbrisseaux du voisinage
Becquetaient l’écorce sauvage,
Mais n’essayaient plus de chansons.
« Pauvres petits ! La faim peut-être
Plus que le froid vous fait souffrir
Le même Père nous fit naître :
De ses biens je dois vous nourrir. »
Du pain bis déjà les miettes
Pleuvaient pour les tristes oiseaux ;
Déjà, chère enfant, tu les guettes
À travers les brillants vitraux.