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toute l’année, comme une mère, avec amour, elle les rassemblait autour de la table coutumière pour manger le pain de chaque jour.

Mais, hélas ! ce beau temps n’est plus. Les jours de deuil sont venus. Ceux qu’elle aimait, la vieille maison les a vus partir, l’un après l’autre, couchés dans les draps blancs, quittant pour toujours leur foyer, étendus au fond d’un noir cercueil. Et depuis ce jour, ils ne sont plus jamais revenus… Où sont-ils ? Où sont-ils ?… Sur les routes inconnues, dans l’ombre mystérieuse, marchent-ils encore, les mains jointes, levant vers le ciel leur visage paisible, leurs yeux francs et honnêtes ?…

La vieille maison les attend toujours. Où sont-ils ? Où sont-ils ?…

Mais parce que leurs mains se sont usées au travail, et que leur âme est restée naïve et bonne, Dieu, le Père des humbles de cette terre, Dieu le Maître indulgent, le Père miséricordieux, Dieu, sans doute, leur a ouvert la porte de sa Demeure Eternelle…