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ne peuvent pas deviner que nous sommes ici. Ils ne peuvent pas non plus jeter à terre les murs de notre demeure. C’est moi qui l’ai bâtie ; je sais comment elle est résistable. Tout au plus, pourraient-ils briser les vitres de la fenêtre. Et alors il nous serait possible de fermer cette ouverture avec les épaisses planches de cèdre que nous avons ici à portée de notre main. D’ailleurs leurs cris atroces nous les font croire beaucoup plus nombreux qu’ils ne le sont. Généralement, les loups sont plutôt rares dans cette région du bas Saint-Laurent. Ceux-ci sont affamés sans doute car ils ont été surpris par l’hiver trop hâtif, et ils se dirigent maintenant vers les villages pour y chercher leur pâture. Ils ne nous ennuieront pas longtemps de leurs cris. Les voilà déjà qui s’éloignent. Et je suis certain qu’ils ne reviendront plus. »

En effet, l’affreuse clameur commença alors à s’éteindre. Et elle fut bientôt complètement disparue. Il était temps, car malgré les paroles rassurantes de mon père, je croyais mourir de frayeur.

Plusieurs fois aujourd’hui, j’ai cru les entendre encore, mais mon père assure que je me trompe et qu’ils sont maintenant