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l’hiver interminable a fui, et l’homme des champs se remet à espérer ! Il espère en la moisson prochaine qui germe au sein de la terre maternelle. Déjà il rêve à ces longs épis que Dieu fera naître et qui vont se balancer dans le jour éblouissant. Et ce sera là l’œuvre de ses mains. Il se retrouve grandi en se voyant nécessaire. Et tandis que les jours viennent vers lui chargés de promesses, il revoit sous la lueur de la lampe sa femme et ses enfants, réunis pour manger le pain quotidien.

Salut printemps, saison d’espoir ! Voici l’heure d’aimer davantage la vie avec ses « petits bonheurs ». Je songe au grand saint d’Assise, « le Petit Pauvre », qui tombait en extase en écoutant le chant des oiseaux. N’est-ce pas là pour nous une sublime leçon ? Aimons la campagne, aimons la nature, richesse des pauvres, joie des simples et des sages. Soyons heureux des blancs nuages qui passent, du vert rajeuni des montagnes, du bégaiement des feuilles, du bavardage des petits ruisseaux, du miroitement des lacs sous les branches, et du murmure des fontaines aux pleurs d’argent. Nous respirerons encore la vivifiante odeur des sapins et la fraîche senteur des fougères,