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se plaignait de sa santé devenue mauvaise. Enfin, le jour de son départ, elle demanda à sa sœur de lui « prêter » Angèle, afin de pouvoir se mettre au repos pour quelques mois. — « L’été, tu sais que mon homme navigue, dit-elle ; je suis dévorée par le rhumatisme et incapable de faire ma besogne comme autrefois. Cette jeune fille, qui est très forte, viendra à bout de tout. Je te la renverrai à l’automne, par la voiture du postillon »… Mme Saint-Amand n’osa refuser, et Angèle, voyant que c’était le désir de sa maîtresse, n’eut pas un seul instant l’idée de résister. Elle partit donc sans une plainte, sans une parole, et songeant déjà à l’heureux jour où elle reviendrait à la maison des Saint-Amand.

L’été parut bien long à Angèle dans cette demeure nouvelle où rien ne lui était familier. Les travaux du ménage et de la cuisine, ceux de l’étable et de la porcherie, ainsi que l’entretien du potager la tenaient occupée jusqu’au soir. Mais, après souper, quand elle se berçait dans la chaise de cuisine, aux côtés de « madame Élise », un grand ennui s’emparait d’elle. Elle pensait à Mme Saint-Amand, à cet intérieur plaisant auquel elle était habituée, et surtout