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Le petit Pierre se rétablit à merveille. Il prit rapidement des forces et sa santé fut meilleure. Ses membres osseux devinrent plus lourds, son petit corps plus pesant et Angèle, la mort dans l’âme, s’aperçut bientôt qu’elle ne pouvait plus le porter, parce que cela lui donnait des points de côté.

II

Une fois par année, à la même date, Mme Saint-Amand recevait la visite de sa sœur aînée, Élise, vivant dans une paroisse voisine et mariée à un de ces hommes qui sont de tous les métiers. Le printemps et l’automne, il était travailleur des champs, l’été il devenait matelot, et l’hiver, il se faisait bûcheron avec les gens des chantiers. Elle, c’était une grande femme sèche ayant la voix aigre et l’air rude, mais cachant un bon cœur sous des apparences sévères. C’est elle qui, jadis, avait avancé aux Saint-Amand l’argent nécessaire aux débuts de leur commerce. Aussi, était-elle portée « sur la main ». Elle venait toujours à la fin de juin, quand le grain était en terre et le jardinage terminé. Cette fois, elle semblait plus mince que d’habitude et