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recherche d’une servante. Retroussant avec soin sa jupe de soie noire que les chardons retenaient malgré elle, elle salua le bûcheron au milieu de sa grouillante famille. — « J’ai su, dit-elle, que vous aviez une grande fillette. Elle ferait peut-être mon affaire pour prendre soin des enfants ? » Ils la regardaient tous, surpris, ne sachant que répondre, tant cette visite était inattendue. Dans cette existence d’humbles gens, toujours en face de la misère, la perspective d’un peu d’argent à gagner fit l’effet d’un rayon de soleil au milieu de la pluie… Angèle s’avança, rougissante et timide. C’était une fillette de quinze ans, très robuste, pas laide, ayant presque la taille d’une femme, avec de grands yeux bleus et doux.

— « Mon Dieu, dit enfin sa mère, si vous voulez l’engager ce sera une grande chance pour nous ! Mais elle est pas encore bien habituée au ménage ; ici, comme vous voyez, il y en a pas grand… Elle connaît surtout l’ouvrage du dehors. Elle sait bûcher le bois, atteler et dételer un cheval, soigner les cochons, battre le beurre… Et aussi — il faut pas oublier de vous dire cela — elle a très bien le tour d’endormir