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le poème des arbres

Puis, quand l’enfance a fui, quand la belle jeunesse
Nous grise de sa flamme et de sa hardiesse,
Quand, pour marcher, gaiement, dans les sentiers humains,
Et regarder sans peur les rudes lendemains,
L’homme que le destin ténébreux accompagne,
Rêve de se choisir une douce compagne,
C’est encore le tronc des arbres d’alentour
Qu’il prendra pour bâtir sa cachette d’amour !…
Dans nos maisons ce sont les beaux arbres qui mettent
Le feu réjouissant où nos fronts se reflètent,
Et, quand la dernière heure, enfin, sonne pour nous,
Lorsque nous prenons place au divin rendez-vous,
Dans ce cercueil que nous offrent les arbres, comme
Nous sommes bien couchés pour notre dernier somme !…

II

Les arbres dont le vent caresse les ramilles,
Sur les monts, font songer à de grandes familles,
Où la maturité prend des airs triomphants,
Où les nobles vieillards protègent les enfants.
Les bouleaux délicats, frêles comme des femmes,
Avec leur teint rosé, semblent de grandes dames,
Dont la distinction, la grâce et la beauté,
Dans les sombres forêts répandent la gaieté…
Les aulnes sont les fils. Les érables prospères,