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LEMONNIER. — LEMOS

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Jeannoi et Colin et Paul et Virginie. La voix de Lemonnier était courte et sans éclat, mais il s’en servait avec goût, cl comme il était excellent comédien, doué d’un physique avantageux et plein de distinction, il sut se faire un emploi approprié à ses moyens et à ses facultés. Pendant les vingt années qu’il passa à l’Opéra-Comique, il obtint de grands succès et fit nombre d’excellentes créations, notamment dans l’Artisan, la Vieille, la Fiancée, Danilotva, Masaniello, le Roi et le Batelier, le Colporteur, les Deux Mousquetaires, Ludovic, les Deux Nuits, et le Pré aux Clercs, où le rôle si difficile de Comminges lui fit le plus grand honneur, l.emonnier prit sa retraite en 1837. Il avait un fils qui fut joaillier de la couronne sous le second Empire, et dont la fille épousa M. Georges Charpentier, l’éditeur-libraire bien connu. A. P. LEMONNIER (Elisa), fondatrice de la Société pour l’enseignement professionnel des femmes, née à Sorèze (Tarn) le 25 mars 1803, morte à Paris le S juin 1865. Son nom de jeune fille était Grimailh. Elle épousa à vingt-six ans Ch. Lemonnier rencontré chez le directeur du collège de Sorèze, où il était professeur de philosophie, mais qui, inquiété pour ses opinions, venait, avec l’assentiment de sa fiancée, de sacrifier sa position à son besoin d’indépendance. Avec lui elle s’attacha au saint-simonisme, auquel ils donnèrent sans compter. A la dispersion de l’école, ils se retirèrent à Bordeaux, lui inscrit au barreau, mais attendant venir la clientèle, elle faisant, avec autant d’intelligence et de bonne grâce que de dignité, des prodiges d’économie domestique. Dix ans après, Lemonnier est appelé à Paris, au contentieux du chemin de fer du Nord, et sa femme se préoccupe dès lors des misères qu’elle a sous les yeux, surtout de celles dont la femme est la cause ou la première victime. En 1848, aidée de quelques amies, elle ouvre rue du Faubourg-Saint-Martin un atelier de couture qui donne pendant deux mois du travail à plus de deux cents mères de famille. Mais elle constate là l’ignorance et la gaucherie des ouvrières, et n’aura plus de cesse qu’elle n’ait créé un enseignement pratique répondant aux besoins essentiels des femmes de modeste condition. Elle fonde en 1850 une « Société de protection maternelle », qui devient, le 9 mai 1862, la Société pour l’enseignement professionnel des femmes, et le 1 er oct. de cette même année, elle ouvre, rue de la Perle, 9, la première de ces écoles professionnelles de filles qui portent justement le nom d’écoles Elisa Lemonnier et qui ont servi de modèle à celles de la ville de Paris et de plusieurs pays étrangers. La seconde s’ouvrit bientôt rue Rochechouart, mais la fondatrice mourut à la peine peu après. H. M.

LEMONNIER (Antoine-Louis-Camille), littérateur belge, né à Ixelles, près de Bruxelles, le 24 mars 1835. Il est au premier rang de l’école naturaliste à la fois par la hardiesse de ses romans aux sujets souvent plus qu’osés et remplis de peintures d’une crudité extrême, et par les qualités de son style, parfois affecté, mais toujours expressif. Il s’est aussi fait connaître comme critique d’art. Les principaux romans de Lemonnier sont : Nos Flamands (Bruxelles, 1869, in-18) ; Un Mâle (Bruxelles, 1881, in- 12) ; le Mort {id.) ; Thérèse Monique (Paris, 1882, in- 12) ; Hystérique (Bruxelles, 1885, in-12) ; Happechair (id., 1886, in-12) ; Madame Lupar (Paris, 1888, in-18). Le même écrivain quia, dans quelques-uns de ses livres, dépassé les audaces et les brutalités de Zola, a composé pour les enfants des ouvrages pleins de charme et de délicatesse : Bébés et Joujoux (Paris, 1880, in-12) et la Comédie des jouets (id., 1888, in-12). Ses meilleurs travaux sur l’art sont : Gustave Courbet et son œuvre (Paris, 1878, in-8) ; les Peintres de la vie, études sur Courbet, Stevens, Rops, etc. Lemonnier est aussi l’auteur de la Belgique (Paris, 1887, in-4), magnifique description de son pays au point de vue de l’archéologie, de l’art, des coutumes, qui témoigne d’un long et consciencieux labeur et où il donne libre carrière à sa verve pittoresque. Bihl. : F. Nautet, Histoire des lettres belges d’expression française ; Bruxelles, 1893, 2 vol. in-12. LEMONNIER (Joseph-Henry), historien et professeur français, né à Saint-Prix (Seine-et-Uise) le 8 août 1842. Après de brillantes études à la faculté des lettres, à l’Ecole de droit et à l’Ecole des chartes, il entra dans l’enseignement secondaire et fut professeur d’histoire dans divers lycées, puis devint professeur d’histoire à l’Ecole des beaux-arts, fut chargé des conférences d’histoire à l’Ecole normale d’enseignement secondaire des jeunes filles, et après avoir plusieurs années suppléé M. Lavisse dans la chaire d’histoire moderne à la Sorbonne, il y fut chargé de l’enseignement de l’histoire de l’art. On lui doit notamment : De Magistris cubiculi in haspitio régis Caroli Quinti (Paris, 1887, in-8) ; Etude historique sur la condition privée des affranchis aux trois premiers siècles de l’empire romain (Paris, 1887, in-8), thèses de doctorat es lettres ; l’Art français au temps de Richelieu et de Mazarin (Paris, 1893, in-12). M. Lemonnier a pris une part importante à la réforme des programmes d’histoire de l’enseignement secondaire.

LEMONTEY (Pierre-Edouard), historien et littérateur français, né à Lyon le 14 janv. 1762, mort à Paris le 26 juin 1826. Avocat en 1782, puis procureur delà commune de Lyon en 1789, il fut membre de la Législative. Après trois années passées en Suisse (1792-94), il fut conseiller aux droits réunis, puis chef de la censure des théâtres en 1804. Il fut nommé membre de l’Académie française en 1819. Parmi ses ouvrages, on cite surtout : Etablissement monarchique de Louis A7K(1818, in-8) ; Étude sur Paul et Virgi ?iic (1823, in-8) ; Histoire de la Régence (1832, 2 vol. in-8). Ses œuvres ont été publiées en 1829-31 (7 vol. in-8).

Biisl. : Vili.emain, Discours sur Lemontey, 1826. —Notire en tête de ses Œuvres. — Notice par Passeron ; Lyon, in-8.

LEMOS (Don Pedro Fernandez de Castro, marquis de Sarria, puis comte de), homme d’Etat espagnol, né à Madrid vers 1376, mort à Madrid en 1622. D’abord officier distingué, il épousa une fille du duc de Lerme (V. ce nom), le tout-puissant ministre de Philippe III, s’éleva grâce à son beau-père et tomba avec lui. Président du conseil des Indes en 1603, capitaine général en 1604, vice-roi de Naples en 1610, il s’entoura, dans cette dernière résidence, d’une cour littéraire, à la tète de laquelle se trouvaient les deux Argensola. Gentilhomme accompli, il prodigua toujours sa générosité aux lettrés, avait eu pour secrétaire Lope de Vega et protégea Cervantes. G. P-r. FIN DU TOME VINGT ET UNIEME

TOURS.

IMPRIMERIE K. ARRAUl.T ET C’