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LAURIER

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Beaucoup d’anciens Laurus, tels quoi /.. camph&ra L., /.. eassia Burin., L. cinnatnomumL., L. culilawan ... L. maiabathrum Burm., /.. porrecta Roxb., etc., rentrent dans le genre Caunellier (V. Cinnamomum) ; le L.cas- . le L. glauea Thbg. et le L. involucrata Vahl sont «les Litsœa (V. ce mot), le L. benjoin L. est un Lindèra (V. ce mot) ; le L. persea L, un Perseai^i. ce mot), le L. pichurim un Neatandra (V. Nectandrè), le L. sassafras L. un Sassafras (V. ce mot). Enfin on donne vulgairement le nom de Lauriers à dos plantes qui s’en rapprochent plus ou moins par le feuillage, mais appartiennenl a d’autres genres et même à des familles distinctes. Le Lauri r alexandrin est un Fragon (V. Ruscus), le L. cerise un Prunier ou Cerisier (V. Laurier-Cerise), le L. rose un Nerium (V. ce mot), le L. de montagne un Kalmia (V. ce mot), le L. (te Saint-Antoine un kpilobe (V. ce mot), le L. /m une Fiorne (V. ce mot), le /.. /«- / ;/// r un Magnolia (V. ce mot).

II. Paléontologie. — Le genre Launis fait sa première apparition dans le crétacé et se trouve représenté à la fois dans le turonien de France (L. prœatavia Sap. et Mar., a Bagnols), le cénomanien du Missouri (Dakota-Group) et le cénomanien du Groenland (tlore d’Atané). Le type du L. nobilis^ dont le L. canarien m n’est qu’une race, est représenté dans le paléocène (forêt de Gelinden, étage heersien) par le L. Omalii Sap. et Mar. et dans l’éocène par le L. Dccaisncana Ueer. « Lors de l’éocène supérieur des gypses d’Aix, dit de Saporta, le même type comprend un certain nombre de formes, parmi lesquelles il faut distinguer le L. primigenia Ung., dont les variétés larges conduisent insensiblement au L. canariensis. Il semble que les formes étroites de ce même L. primigenia sont en înéme temps les plus anciennes, marquant l’existence d’une race due à l’influence du climat éocène ; les effets de cette influence s’atténuent graduellement, à mesure que l’on s’avance vers l’aquitanien et à Armissan d’abord, à Manosque ensuite, la liaison entre les feuilles amplifiées du L. primigenia et celles des L. canariensis et nobilis se prononce de plus en plus. Le L. princeps Ueer, du miocène supérieur, se rapproche plus encore de notre laurier, dont la race canarienne se montre enfin, avec tous les caractères que nous lui connaissons, dans le pliocène inférieur (calcaires concrétionnés) de Meximieux. » C’est le L. nobilis lui-même qui se trouve dans les tufs calcaires (quaternaires) de Montpellier. Un voit que le genre Laurus a été refoulé de plus en plus par le froid, depuis les régions circumpolaires (crétacé) vers le centre de l’Europe (miocène) et vers la région méditerranéenne (quaternaire). D r L. Hn.

III. Thérapeutique. — Les anciens lui attribuaient des propriétés médicatrices nombreuses. Sous l’empire d’idées religieuses, ils le considéraient comme purifiant et en faisaient un préservatif assuré contre les morsures venimeuses et les maladies contagieuses. Plus tard, on en fit une véritable panacée : Dioscoride regardait les feuilles comme astringentes et vomitives, la partie verte de l’écorce comme lithontriptique ; Myrepsus recommandait les fruits contre la toux ; Actuarius vantait les feuilles comme carminatives. Le laurier est aujourd’hui descendu de l’officine à la cuisine. D r R. Bl.

I . Horticulture. — Le Laurier, Laurus nobilis L., L. d’Apollon, L. satice, est cultivé partout en France. Sous le climat de Paris, on le place à l’abri d’un mur, à l’exposition du midi et, bien souvent, il convient de le protéger contre les froids de l’hiver, par une couche de feuilles ou de paille. L y reste de petite taille et on l’y recherche moins pourl ornementation que pnursesfeuillesaromatiques.Dans le Midi, bien qu’il succombe parfois sous les hivers rudes, dans l’Ouest, en Algérie, en Corse, il atteint de belles dions. Son feuillage touffu et luisant le rend très décoraid’. On le [dante en massifs ou par pieds isolés dans les jardins paysagers. On en fait aussi des haies durables, belles et très denses. Le Laurier se plaît dans une terre fraîche et substantielle ; mais, lorsque le climatlui convient’, il pi’ospère encore dans les sols de qualité médiocre. On le multiplie de boutures, de marcottes, d’éclats du pied et aussi par le semis des fruits, en pleine terre ou sur couche selon le climat. Il a fourni des variétés à larges feuilles, à feuilles panachées ou ondulées que l’on multiplie par greffes et par boutures. Un cultive encore le /,. camphrier (L. camphora L.), dans les jardins méridionaux, le L. sassafras L., jusque dans le N. de la France. Ces espèces se multiplient de boutures, de marcottes et de rejetons. G. Boyeh.

V. Histoire. — Le laurier, que les Grecs appelaient Daphné (V. ce mot), dut à son parfum d’être de bonne heure consacré aux dieux. Il le fut spécialement à Apollon, dieu purificateur. Quand Oreste eut expié le meurtre de sa mère, sur la fosse ou étaient enfouies les victimes immolées en sacrifice, on vit croître un laurier. Apollon lui-même, se purifiant de la souillure encourue en tuant le monstre Python, entra à Delphes une branche de laurier à la main. Le laurier étant consacré au dieu des oracles, de la poésie, des arts, on admit qu’il donnait la double vue ; on tressa des couronnes de laurier aux artistes et en général aux héros victorieux. Elles demeurèrent le symbole de la gloire. C’est probablement parce qu’on présentait une branche de laurier au candidat qui avait subi avec succès les épreuves de rhétorique qu’il fut qualifié de baccalaureatus (bachelier).

— En Angleterre, le roi voulut avoir son poète lauréat. Ce fut peut-être d’abord le même que le lauréat de rhétorique mis à son service ; le dernier de ceux-ci fut R. Whittington, de l’université d’Oxford (15L2). Mais la dignité de poète lauréat s’est conservée. La première mention en est faite sous Edouard IV. En 4(330, un traitement de 100 livres sterling y fut attaché ; on y joignait une barrique de vin des Canaries que remplaça au temps de Southey un supplément de pension de "11 livres. Le poète lauréat était tenu de composer une ode pour l’anniversaire de la naissance du souverain et parfois pour célébrer une victoire nationale. Ces obligations tombèrent en désuétude à la fin du règne de Georges III. Les poètes lauréats furent depuis 1670 : J. Dryden, Nahum Tate, Nicholas Rowe, Laurence Eusden, Colley.Cibber, W. Whitehead, Th. Wartou, Henry James, Pye, Rob. Southey, W. Wordsworth, A. Tcnnysou. A. -M. B.

VI. Architecture. — Les couronnes de feuilles de laurier, employées dans l’antiquité gréco-romaine pour récompenser les vainqueurs des jeux publics et pour orner la tète du général qui revenait victorieux d’une guerre contre l’ennemi, se retrouvent aussi, non seulement sur les médailles frappées en l’honneur des victoires, mais encore sur les monuments d’architecture destinés à en perpétuer le souvenir. C’est ainsi que des couronnes délicatement sculptées décorent la frise du monument choragique de Thrasyllus à Athènes et que, à Pompéi et à Rome, des couronnes et des guirlandes, composées en tout ou en partie de feuilles de laurier, se voient encore sur des tombeaux et sur des temples. Depuis la Renaissance, des branches et des couronnes de feuilles de laurier, souvent mêlées à des feuilles d’autres arbres et à des fruits, ont entouré les chiffres disposés sur des tambours de colonnes, des frises, des piles de pont ou tous autres motifs d’architecture ; parfois même des fûts de colonnes, comme dans la pompe byzantine, furent recouverts de feuilles de laurier sculptées et comme imbriquées et dorées. Charles Lucas. LAURIER-Cemsi :. I. Botanique. — Nom vulgaire du Prunus lauro-e.erasus L., de la famille des Rosacées, de la section Cerasus du grand genre Prunus (V. CeiiisiKn ) ;on l’appelle encore Laurier-Amandier, L. aux crèmes, L. au lait, Amandier d’Espagne. Les principaux caractères sont indiqués à l’art. Cerisier ; ajoutons qu’il a le réceptacle court et les drupes peu charnues. Les feuilles allongées, coriaces et lisses exhalent, quand on les froisse, une odeur d’amande amère ; elles renferment en effet de l’amygdaline qui sous l’influence de l’émulsine se dédouble en