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GUIRLANDE - GUISCARD

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sortes de guirlandes qui ressemblent plutôt à des serviettes pendantes entre des patères et que surmonte le chiffre royal composé de deux L accolés. Charles Lucas. GUIRRO (Francisco), peintre espagnol, né à Barcelone vers 1630, mort à Barcelone en 1700. Il y peignit d’assez nombreux ouvrages dont le meilleur, au jugement de l’alomino, était au couvent des récollets et représentait Sainte Monique. Guirro était, pour son temps, un des bons artistes, pratiquant des traditions excellentes et dessinant avec goût et correction. P. L.

GUIRY. Coin, du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Ponloise, cant. de Marines ; 131 hab.

GUISAN (Samuel), ingénieur français d’origine suisse, né à Avenches (cant. de Vaud) en mars 1740, mort à Berne le 19 juin 1801. II était régisseur d’une sucrerie de la Guyane hollandaise, lorsque le gouverneur de la Guyane française, Malouet, l’appela à Cayenne (1777). II y fit exécuter d’importants travaux de dessèchement, creuser des canaux et édifier toutes sortes de constructions : fermemodèle, casernes, batterie, etc. Il rentra en Europe en 1791 et fut, en récompense de ses éminents services, décoré de l’ordre de Saint-Louis. Il alla finir ses jours dans sa patrie et y devint chef de brigade du génie. Il a publié : Traité sur les terres noyées de la Guyane (Cayenne, 1788, in-4). L. S.

Bidl. : Ch. Eynard, le Chevalier Guisan, sa vie et ses travaux ; Paris, 1844, in-8.

GUISANE. Torrent du dép. des Hautes-Alpes (V. Alpes, t. II, p. 475).

GUISARME. Arme d’bast de la famille des faurharts, dont elle présente tous les caractères, quoiqu’il soit peut-être plus raisonnable de la faire rentrer dans celle des hallebardes, à cause de la pointe en forme de dague par laquelle elle se termine. Son fer, long, recourbé, a un seul tranchant situé du côté concave ; le dos, convexe, porte un oreillon se courbant à angle droit, et, plus haut, il se continue en une forte pointe de dague. Dans un autre type, cette pointe est la continuation de l’oreillon recourbé à angle droit vers l’extrémité du fer, et se continuant alors parallèlement à lui-même de manière à le dépasser. GUISBOROUGH.VilleduNorthRidingducomtéd’York, à 64 kil. N. du chef-lieu, à 8 kil. de la mer ; 6,310 hab. Terminus d’un embranchement qui partde Middlesborough. Au centre d’une région minière. Ruines d’un prieuré du xn e siècle.

GUISCARD (Magnij-Guiscard). Chef-lieu de cant. du dép. de l’Oise, arr. de Compiègne, sur la Verse ; 1,449 hab. Alun, couperose, sucre , carreaux vernis , etc. Ce bourg était le chef-lieu d’une importante seigneurie qui, sous le nom de Magny, appartint jusqu’au xiu e siècle à une famille qui en portait le nom, puis aux maisons d’IIangest, de Boissy, d’Ongnies, d’Ailly et de Cbaulnes. Leduc deChevreuse la vendit en 1699 au comte de Guiscard, lieutenant général, en faveur de qui elle fut érigée en marquisat de son nom en 1703. Marie de Guiscard, sa fille, l’apporta en 1708 à son mari le ducd’Aumont, qui y bâtit un beau château entouré d’un parc magnifique. Il ne reste plus aujourd’hui de ce château que trois grands pavillons. L’église avait été donnée, vers 988, au chapitre de Noyon. La nef est romane, le chœur et les bras du transept gothiques ; le clocher est placé sur le portail roman. C. St-A. GUISCARD (Robert), né vers 1015, mort le 16 juil. 1085, fils de Tancrède de Hauteville, seigneur normand. Les frères aines de Robert, Guillaume Bras de Fer, Drogon, Humfroy, viennent en Italie chercher les aventures peu après 1030. Robert, plus jeune (il était né d’un second mariage), suit leur exemple vers 1047. Mal reçu par ses frères, il entre au service de Pandolfe, prince de Capoue, puis vit quelques temps de brigandages ; devenu célèbre par des exploits merveilleux, il s’associe à un chevalier normand, Girard di Buon Albergo, épouse la sœur de ce seigneur nommée Advérarde et commence à se tailler une seigneurie en Calabre. En 1053, après l’assassinat de son frère Drogon, il prend une part décisive à la victoire de Civitate, remportée le 18 juin sur l’année pontificale, commandée par le pape Léon IX en personne. Les années suivantes sont employées par lui en escarmouches contre les Grecs de Calabre et Gisulfe, prince de Salerne. En 1037, il devient comte de Pouille après la mort de son frère Humfroy ; en 1059, il est nommé duc de Pouille et de Calabre et futur duc de Sicile par le pape Nicolas H, à Melfi, prête serment de fidélité au saint-siège et s’engage à lui payer un tribut annuel. Ce traité réconciliait définitivement les Normands et l’Eglise et consacrait les prétentions de la papauté sur l’Italie méridionale. Devenu peu après beau-frère du prince de Salerne, Gisulfe, il expulse son propre frère Guillaume des terres du prince lombard. En 1068, il enlève Tarente aux Grecs, prend Beggio, et met fin à la domination byzantine dans le sud de la péninsule. Bobert se tourne alors vers la Sicile, qu’occupaient encore les Sarrasins ; en 1061, il prend Messine et plusieurs autres forteresses du pays, mais c’est à son jeune frère Boger que revient principalement l’honneur d’avoir reconquis File presque entière, après une rude campagne contrariée par de longues et sanglantes dissensions entre les deux chefs normands. Enfin le 16 avr. 1071, après un siège de près de trois ans, Bari, dernière ville occupée par les Grecs, ouvre ses portes à Bobert. L’année suivante voit la chute de Palerme, enlevée aux Sarrasins après un long siège (20 janv. 1072), et Bobert Guiscard devient duc de la majeure partie de la Sicile.

L’année suivante Grégoire VII est élu pape ; il veut intervenir dans le S. de l’Italie, obliger Bobert Guiscard à respecter Bénévent, possession du saint-siège, et lui interdire la conquête de Salerne. Le chef normand refuse ; il est excommunié au concile de Rome de 1074 et Grégoire VII inarche contre lui avec une grosse armée ; l’expédition échoue piteusement et Robert Guiscard, qui veut absolument soumettre Salerne et humilier son parent le prince de Capoue, ne tient aucun compte des foudres pontificales. Il se garde bien au surplus de prendre parti dans la querelle entre l’empereur et Grégoire et se contente de poursuivre sa pointe. Didier, abbé du Mont-Cassin, s’entremet, Grégoire VII proteste pour la forme contre les usurpations de Robert, Salerne est conquise le 13 déc. 1076 après un long siège et le duc Gisulfe trouve un asile à Rome, où le pape le charge un peu plus tard d’une légation, singulier choix à coup sur. En 1080, les deux adversaires se réconcilient (entrevue de Ceprano), Grégoire VII laisse Robert maitre de Salerne et de Melfi, mais, par contre, le chef normand renouvelle le serment de 1059 ; dès lors, il tourne ses armes vers l’Orient ; il rêve la conquête de Byzance et dès l’année suivante il passe en Epire (mai 1081). En vain le pape l’appelle à son secours ; maitre de Durazzo, Bobert fait une courte apparition à Borne, puis emploie dix-huit mois à combattre le nouveau prince de Capoue, Jourdain. Longtemps sourd aux appels de Grégoire VII, il se décide pourtant à marcher sur Rome, quand Henri IV, déjà maître de la ville, tient le pape assiégé dans le château Saint-Ange. Le roi de Germanie fuit devant lui, le 27 mai 1084 ; Rome est occupée, le pape délivré, mais Robert Guiscard, qui ne veut pas partir les mains vides, traite la ville éternelle en ville prise d’assaut, la population est massacrée ou emmenée en esclavage, les églises incendiées, la plupart des monuments antiques détruits. Pressé de reprendre la guerre d’Orient, que soutient à grand’peine son fils Bohémond, Bobert Guiscard évacue Borne ; le pape, dès lors exécré des Bomains, le suit et s’arrête à Salerne oii il meurt en 1083. Le duc a cependant passé la mer ; il se prépare à attaquer Céphalonie, quand une maladie subite l’enlève à l’âge d’environ soixante-dix ans. Transporté en Italie, son corps est inhumé à Venouse. De tous les aventuriers qui fondèrent les principautés normandes de l’Italie méridionale, Bobert Guiscard fut certainement le plus remarquable à tous égards. Aussi actif que Drogon et Humfroy, il leur était infiniment