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GUIRAUD — GUIRLANDE

étudia le droit à Toulouse. A dix-huit ans, il perdit son père, qui était manufacturier, et retourna se fixer à Limoux dans l’intention de lui succéder. Mais il fut vite éloigné des affaires par son goût pour la poésie que vinrent encourager plusieurs prix remportés aux jeux floraux. Débarqué à Paris en 1820, il s’y fit d’abord connaître comme poète dramatique. Après avoir composé trois drames qui ne furent pas représentés, il fit jouer avec quelque succès à l’Odéon, en 1822, les Machabées et le Comte Julien ou l’Expiation, pièces qui manquent un peu de mouvement, mais sont bien écrites. On retrouva la môme élégance de style, unie à une mélancolie touchante, dans ses Elégies savoyardes (1823), dans ses Poèmes et chants étégiaques (4824) et dans ses Poésies dédiées à la jeunesse (1830). Il s’est essayé aussi dans l’ode ; ses deux pièces les moins oubliées dans ce genre sont : Cadix ou la Délivrance de l’Espagne (1823) et les Deux Pri tires (1832), ode composée à l’occasion de la mort du duc de Reichstadt. Deux romans de Guiraud, Césaire (1830) et Flavien ou Home au désert, se firent lire avec plaisir en leur temps. En 1826, il entra à l’Académie, et en 1828 il reçut le titre de baron. Ses dernières années se passèrent dans son pays natal, dans sa terre de Villemartin, où il écrivit la Philosophie catholique de l’histoire (1839- •1841) et un recueil de poèmes, le Cloître de Villemartin (1843). Ses œuvres furent réunies (Paris, 1845, 4 vol. in-8).

GUIRAUD (Jean-Baptiste), compositeur et professeur à Bordeaux, né en 1803, mort à La Nouvelle-Orléans vers 1 864. Elève de Reicher et de Lesueur au Conservatoire de Paris, il obtint, en 1827, le grand prix de Rome. A son retour d’Italie, il tenta de débuter au théâtre. Découragé, il quitta la France et s’établit à La Nouvelle-Orléans, ou il réussit brillamment comme professeur.

GUIRAUD (Ernest), compositeur français, né à La Nouvelle-Orléans le 23 juin 1837, mort à Paris le 6 mai 1892, fils du précédent. Il fut envoyé très jeune en France pour faire son éducation musicale au Conservatoire de Paris, et obtint le premier prix de piano en 1858. Elève de Barbereau et d’Halévy, il remporta, à son premier concours, le prix de Rome décerné à l’unanimité (1839). Son troisième envoi, Sylvie, opéra-comique, fut représenté au théâtre de l’Opéra-Comique (1864). Il donna successivement au même théâtre : En Prison (1869) ; le Kobold (1870). En 1872, il débuta aux concerts populaires de Pasdeloup avec une Suite d’orchestre, qui le mit au premier rang des compositeurs de la jeune école : le finale (Carnaval), d’une verve charmante et très française, devint rapidement populaire. La même année, l’Athénée représentait Madame Tur lupin, opéra-comique en deux actes, dont le succès fut très grand. Il donna ensuite Gretna-Green, ballet (Opéra, 1873), Piccolino, son œuvre la plus importante et la plus réussie au théâtre (Opéra-Comique, 1876) ; Galante Aventure (Opéra-Comique, 1882), des fragments d’un opéra le Feu, une ouverture à’Arteveld, un caprice pour violon et orchestre, une deuxième suite d’orchestre, une Chasse fantastique, œuvres exécutées aux concerts de Pasdeloup, de MM. Colonne et Lamoureux. Il a laissé un opéra inachevé, Brunehaut, que Saint-Saëns, son ami, s’est chargé de terminer. Ernest Guiraud fut nommé professeur d’harmonie au Conservatoire en remplacement de Batiste (1876), puis professeur de composition à la mort de Victor Massé (1881). Il succéda à Delibes a l’Académie des beaux-arts (1891). La musique de Guiraud est claire, élégante, remarquablement orchestrée.

GUIRAUD (Paul), historien français, né à Cennemonestier (Aude) le 15 janv. 1850. Après de bonnes études faites en province, puis à Paris, il entra à l’Fcole normale en 1870, passa l’agrégation d’histoire (1874) et sa thèse de doctorat (1 879). Il occupa la chaire d’histoire aux lycées de Saint-Etienne, Angoulème, Carcassonne (1874 à 1$79), fut nommé maître de conférences d’histoire aux facultés de Douai (1879), de Toulouse (1880), professeur à la faculté de Toulouse (d’oct. 1881 à févr. 1886) ; à cette date, il devint maître de conférences d’histoire ancienne à l’Ecole normale à Paris, et en 1888 fut chargé d’un cours d’histoire ancienne à la faculté des lettres de Paris. Les publications de M. Guiraud, qui ont trait à l’histoire ancienne, présentent un grand intérêt. Ce sont : le Di/jérend entre César et le Sénat, thèse de doctorat (Paris, 1 879) ; les Assemblées provinciales de l’empire romain (Paris, 1887), livre couronné par l’Institut, ainsi que la Propriété foncière en Grèce jusqu’à la conquête romaine (Paris, 1893). Outre ces ouvrages originaux, il faut citer : Lectures historiques sur la vie publique et privée des Grecs et des Romains, et une Histoire romaine en collaboration avec M. Lacour-Gayet (1894, 7 e édit.). M. Guiraud a publié aussi de nombreux articles dans des recueils périodiques, dans la Revue des Deux Mondes et dans la Grande Encyclopédie.

GUIRAUDET (Charles-Philippe-Toussaint), économiste français, né à Alais en 1754, mort à Dijon le 3 févr. 1804. Lecteur de Madame, il fut délégué à la Constituante par la ville d'Alais comme député extraordinaire, se lia intimement avec Mirabeau, collabora à ses œuvres et fit notamment toute la traduction de l’Histoire d’Angleterre de Mme Macauley Graham (1791). Il fut secrétaire chef de la mairie de Paris, secrétaire général du ministère de la marine, puis du ministère des relations extérieures et enfin préfet de la Côte-d’Or (1799). Citons de lui : Contes en vers (Amsterdam, 1780, in-12) ; Qu’est-ce que la nation et qu’est-ce que la France ? (1789, in-8) ; Erreurs des économistes sur l’impôt (1790, in-8) ; Doctrine sur l’impôt (1800, in-8) ; Mémoires sur les forges du dép. de la Côte-d’Or (1802, in-8) ; De la Famille considérée comme l’élément des sociétés (1797, in-8), etc. Il a traduit les Œuvres de Machiavel (1799, 9 vol. in-8), a collaboré au Journal de la société de 1789 et écrit de nombreux pamphlets politiques.

GUIRIA. Ville maritime du Venezuela, Etat de Bermudez, au S. de la presqu’île de Paria ; 4,000 hab. Plantations de cacao, commerce de 2 à 3 millions de francs. GUIRLANDE (Archit.). Chaîne de fleurs ou de feuillage formant festons, spirales ou encadrements. Elle ne doit pas être confondue avec les rinceaux. La guirlande de fruits pendante s’appelle enearpe. L’usage d’enguirlander l’architecture pour faire une décoration de fête appartient à tous les temps, mais la reproduction des guirlandes en sculpture et en peinture est une création de l’antiquité romaine abandonnée avec l’art classique, reprise par la Benaissance et perpétuée jusqu’à nos jours. Elle est inconnue aux autres périodes de l’art. Ces guirlandes sont de trois variétés, soit espacées en bouquets reliés par des nœuds de rubans, disposition gracieuse et légère très usitée dans les peintures de Pompéi et dans les premiers monuments de la Renaissance, soit au contraire en boudin compact et souvent serré par des rubans entre-croisés. Ce motif est sculpté à la base de la colonne Trajane, et peint entre les caissons des voûtes de la chapelle Sixtine. Enfin des guirlandes de pampres s’enroulent sur des vases antiques, ou autour du fût de certaines colonnes généralement torses, des xvn e et xvm e siècles. Les usages de la guirlande sont multiples et les exemples aux époques antiques et modernes en sont innombrables.

On peut citer, dans l’antiquité, les guirlandes décorant les frises du templedeVestaà Tivoli et du tombeau de Cecilia Metella, à Rome (fig. 1 et 2, art. BucrAne, t. VIII, pp. 322- 323) et de nos jours, les guirlandes qui, à Paris, place du Panthéon, décorent le soubassement de la bibliothèque Sainte-Geneviève et les portes latérales du Panthéon : les premières, dessinées par Henri Labrouste, sont d’un galbe puissant et sculptées dans la pierre, et les secondes, dessinées par Constant-Dufeux, sont plus fines et fondues et ciselées dans le bronze. Au dernier siècle, les bâtiments de la place de la Concorde, œuvre de Gabriel, furent ornés de