Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 19.djvu/569

Cette page n’a pas encore été corrigée

553 —

GUIDO — GlilDOBALDO

contemporaines, c’est qu’elle a été repeinte à la tin du xin 6 siècle, peut-être par Duccio. L’académie des beaux-arts de Sienne possède une autre Madone assez barbare que l’on attribue, sans motifs suffisants, au même Guido. Bibi . : ln.Mst, Dalla vera Età di Guido pitlure senese, 1S59. — Crowe et Cavalcaselle, Storia délia Pittura in Italia, 1875, 1. 1, pp. 279 et suiv. — Wickhoff, Ueber die ’Aeil des Guido von Siena, 1889.

GUIDO Rkni, le Guide, peintre italien, néà Calvenzano, près de Bologne, en 1575, mort en 1642, est un mémorable exemple des variations de la mode et de la fragilité des renommées. Après avoir passé au xvu e et au xvm e siècles pour un modèle qu’on ne saurait trop imiter, cet infatigable producteur a vu contester sa gloire, et les critiques modernes sont bien près de le trouver souverainement ennuyeux. lia trop produit et on ne saurait lui pardonner d’encombrer les musées et d’y occuper une place qui serait plus justement accordée à des maitres moins célèbres, mais plus originaux et plus suggestifs. Il faut lire les anciens livres pour se rendre compte de l’admiration et même de l’émotion que le Guide a provoquées. Les voyageurs d’autrefois allaient en Italie rien que pour voir un Guido Reni ; on estime aujourd’hui qu’il attriste ce beau voyage et volontiers on chercherait à éviter sa rencontre. Efforts stériles ! Le maître est inévitable, car il est partout. Fils du musicien Daniele Reni, mais bien décidé à faire de la peinture, Guido entra chez Denis Calvaert qu’on appelait le Flamand et qui jouissait d’une certaine estime à Bologne. C’était un peintre d’Anvers, fort italianisé d’ailleurs, qui, ainsi qu’on le voit par plusieurs tableaux conservés à la pinacothèque de Bologne et à Lucques, avait gardé de son pays un goût persistant pour les formes opulentes. C’est sous Calvaert que Guido fit ses premières armes ; mais il fut attiré bientôt par la renommée des Carracci dont l’atelier tenait alors tant de place dans les préoccupations de la jeunesse qui voyait en eux les réformaleurs de la peinture.

On connaissait tout, on sacrifiait à toutes les modes nouvelles dans cet atelier qui, vers 1000, était le temple de l’éclectisme. On y avait nécessairement entendu parler de Caravage, de son réalisme violent, et aussi de sa science à faire vibrer le spectacle en opposant brusquement les chairs lumineuses aux ombres énergiques et presque noires. On discutait fort sur les vertus de ce système qui divisa un instant les élèves des Carracci. Guido résolut de tenter quelques essais dans cette voie dangereuse, et il existe en effet certaines œuvres de sa première manière où la main cherche la fierté de l’accent, où la lumière entre franchement en lutte avec les tons obscurs. Parmi les tableaux inspirés par ce style vigoureux, on cite le Massacre îles Innocents de la pinacothèque de Bologne et dans le même musée la grande Pietà qu’on date de 1616. Plus tard, Guido se déclara tout à fait hostile à cette méthode, et cherchant le ton argentin, les carnations pâles, il a multiplié à satiété les œuvres sans ressort qui protestent avec exagération contre les violences de Caravage. Guido Reni fit plusieurs voyages à Rome où il conquit la faveur des papes et celle des grands seigneurs. Il se trouva en concurrence avec le Dominiquin, et l’opinion publique hésita parfois entre les deux maitres. Guido fut étroitement mêlé aux querelles qui agitaient alors la corporation des artistes. Les peintres n’étaient pas seulement divisés par des théories, mais aussi par leurs intérêts professionnels. Ils se disputaient les travaux avec une àpreté farouche. Le gain devenait une question capitale et donnait lieu à bien des luttes. Au lendemain de ces discussions, Guido parut persuadé que l’art suprême consiste à gagner de l’argent. Il avait d’ailleurs des raisons pour soutenir ce principe. Un goût dangereux lui était venu ; il aimait à jouer et cette passion domina sa vie jusqu’à la fin. C’est à cette habitude singulière et à la nécessité de payer ses dettes que nous devons tant de productions hâtives et de mauvais tableaux.

A Rome, Guido se montra un fresquiste habile. Il peignit à San Gregorio une fresque aujourd’hui endommagée et au palais Rospigliosi la plafond de V Aurore, qui, malgré les changements du goût, reste une composition élégante et bien rythmée, quoiqu’il soit permis de la trouver un peu froide.

Vers 1622, Guido fut appelé à Naples où il espérait être occupé à la décoration de la chapelle de saint Janvier. Il eut dans cette ville les plus grands ennuis, ayant été en butte à la jalousie des confrères qui formaient contre les nouveaux venus une ligue formidable. Il fut si violemment poursuivi par ses rivaux qu’il dut abandonner la lutte et quitter le pays.

Il aurait pu retrouver le calme à Bologne où il avait des admirateurs et des amis, et pendant la seconde partie de sa vie, qui ne fut pas la moins féconde, il eut encore des succès retentisssants. Mais dans sa retraite il avait emporté avec lui sa passion pour le jeu qui, troublant l’ordre de sa comptabilité et le mettant presque chaque jour aux prises avec une meute de créanciers exigeants, empoisonna la fin de sa vie. C’est alors que Guido, qui avait toujours eu l’invention facile et l’exécution prompte, abusa des dons qu’il avait reçus ; il multiplia les répliques de ses œuvres jadis applaudies ; il fatigua les marchands par une surabondanse de copies confiées à ses élèves et hâtivement retouchées de sa main ; son atelier était devenu une véritable usine. Sa réputation en a beaucoup souffert. Après une vieillesse besogneuse et triste, il mourut le IX août 1642. Un catalogue des œuvres de Guido serait infini. Il suffit de noter les changements principaux de sa manière. Dans sa jeunesse, au sortir de l’atelier des Carracci, il fut un instant inlluencé par Caravage ; il aima les ombres fortes, et fit des concessions au naturalisme ; son pinceau montre alors une énergie qui peut intéresser les peintres, mais ce n’est là qu’un rapide éclair dans sa vie, consacrée presque tout entière à l’art facile, à la manière argentée et quelquefois un peu verdissante où le caractère s’affadit, perd son parfum et se dilue comme celui d’un vin où l’on a mis trop d’eau. Sa composition devient d’une banalité qui va jusqu’à l’insignifiance ; son. sentiment, qui faisait presque verser des larmes à nos ancêtres, n’est plus qu’une froide rhétorique faite de rengaines et de clichés ; sa couleur, hasardeuse ou fade, rend fort suspectes les allégations de Malvasia, d’après lesquelles il aurait étudié Paul Véronèse. Pour comprendre combien peu cette affirmation est exacte, il suffit d’avoir vu au musée de l’Ermitage le fameux tableau des Couseuses qui passe pour un des chefs-d’œuvre de Cuido. Les expressions y sont vagues, la lumière est endormie et comme morte ; la peinture, grise et sale, a la couleur de l’ennui. Elle est à la fois livide et embrouillardée. Ce tableau et beaucoup d’autres ont été peints au lendemain d’une nuit passée au jeu, par un artiste fatigué qui, ayant beaucoup perdu, voit la vie à travers un voile douloureux. Nous ne parlerons pas de l’insuffisance des types, de la monotonie des gestes, de la pauvreté des expressions. Et, malgré ces défauts qui le condamnent à jamais, Cuido Reni a certaines qualités techniques : dans ses figures nues, il y a des morceaux où le modelé simple, lumineux et d’une jolie pâte, pourrait encore donner à réfléchir à nos plus habiles faiseurs. Paul Mantz. Bibl. : Le cavalier Marino, La Galeria ; Milan. 1620.

— Scannelli, Microcosmo délia Pitlura ; Cesena, 1657.

— Malvasia, Felsina Piltrice ; Bologne, 1678. — Lanzi, Storia pillorica ; Bassano, 1818.

GUIDO y Spano (Carlos), poète argentin contemporain, né à Buenos Aires en 1827. Fils du général Tomas Guido et frère puîné de José-Tomas Guido (né à Santiago de Chili en 1818), homme politique et écrivain, il a occupé différents emplois publics et en dernier lieu celui de directeur des archives d’Etat à Buenos Aires. L’un des poètes les plus appréciés de son pays, il mérita les éloges les plus flatteurs de Victor Hugo pour son recueil : Hojas al viento (Paris, 1879-1880, 3 vol.). G. P-i. GUIDOBALDO (Marquis) del Monte, mathématicien italien, souvent appelé à tort Ubaldi, né à Pesaro en 1545,