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GUIBERT — GUIBOURT

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ou Guibert fut eu concurrence avec Laharpc et ne remporta pas le prix. Guibert fut vexé de cet échec et il écrivit en 1778 l’Eloge de Michel de l’Hospital, avec l’épigraphe : Ce n’est point aux esclaves à louer les grands hommes ! Il y critiqua avec virulence son concurrent Laharpe ainsi que les juges qui lui avaient accordé le prix. Cette campagne littéraire n’empêcha pas Guibert d’être élu membre de l’Académie française en 1786. Guibert a publié des ouvrages purement littéraires fort appréciés de ses contemporains : le Connétable de Bourbon, tragédie en cinq actes (Paris, 1775, in-12) ; Journal d’un voyage en Allemagne fait en 1773 ; Voyages dans diverses parties de la France et de la Suisse en 1775, 1778, 1784 et 1785. Paul Marin.

G U I B ERT (Alexandrine-Louise Routinon de Courcelles, comtesse de), femme auteur française, née vers 1765, morte à Saint-Ouen en 1826, femme du précédent. On peut citer d’elle plusieurs romans : Margaretha, comtesse Rainsford (Paris, 1797, 2 vol. in-12) ; Agatha ou la Religieuse anglaise (1797, 3 vol. in-12) ; Fedarelta (1803, 2 vol. in-12), etc. M me de Guibert a publié les Lettres de M lle de l’Espinasse (1809, 2 vol. in-8). GUIBERT (Joseph-llippolyte), cardinal, archevêque de Paris, né à Aix (Rouches-du-Rhône) en 1802, mort le 8 juil. 1886. Evêquede Viviers en 1841, assistant au trône pontifical en 1845, archevêque de Tours en 1859, archevêque de Paris en 1871, cardinal, au titre de Saint-Jean devant la Porte latine, en 1873. A Tours, il entreprit la reconstruction de Saint-Martin ; à Paris, il fut le promoteur otliciel de l’érection du sanctuaire du Sacré-Cœur (1873) et de la fondation de l’université catholique (1875). Il s’était signalé depuis longtemps par son zèle ultramontain, lorsque M. Thiers l’appela à l’archevêché de Paris, contrairement à la tradition de tous les gouvernements précédents qui n’avaient jamais désigné pour ce siège que des gallicans. Un de ses premiers actes fut de publier la bulle du pape promulguant le dogme de l’infaillibilité, en violation de nos lois qui interdisent toute publication de ce genre, sans l’autorisation de l’Etat. Il s’empressa aussi d’imposer la liturgie romaine à son diocèse ; dans la suite, il ne négligea aucune occasion d’alarmer la conscience des fidèles, à propos des actes du gouvernement républicain. E.-H. V. GUIBERT (Louis), littérateur et érudit contemporain, né à Limoges en 1839. Après avoir débulé par la poésie (Cruci/ixa, Paris, 1863 ; Rimes franches, Paris, 1864), M. L. Guibert s’est consacré depuis à l’histoire locale, bien qu’il ait encore publié en 1877 un volume de vers : Rimes couleur du temps (Paris). De nombreuses publications sur Limoges et le Limousin, qui se recommandent autant par la solidité du fond que par l’élégance de la forme, font de M. Guibert un des meilleurs érudits de province. Nous citerons parmi les plus importantes : Une Page de l’histoire du cierge 1 français au XVIII e siècle : destruction de l’ordre de Grandmont (1877) ; Châlucet (1887) ; Livres de raison limousins et marchais (1888, t. I) ; la Commune de Saint-Léonard-de-Noblat au xnr siècle (1891), etc.

GUIBERT de Nogent, historien et théologien, né dans le diocèse de Reauvais, sans doute à Clermont (et non à Beauvais ni à Agnetz),le 10 avr. 1053, et décédé en 1121, suivant la chronique de l’abbaye de Nogent-sous-Coucy, en tout cas entre 1122 et 1 129. Appartenant à une grande famille, il entra vers 1064 à l’abbaye de Saint-Germer où il reçut des leçons de saint Anselme et devint en 1104 abbé de Notre-Dame de Nogent-sous-Coucy ou il fut enterré. Il a composé une histoire de la première croisade d’après le récit (1rs Gesta Francorum, mais en y insérant des renseignements curieux qu’il tenait particulièrement de Robert de Elandre ; ce qu’il dit de Mahomet, de Pierre l’Ermite, des croisades d’enfants, a une valeur originale ; cette histoire, qui comprend huit livres et s’étend de 1095 à 1101, a été écrite vers 1108. C’est dans les dernières années de sa vie qu’il a rédigé une autobiographie (De Vita sua sive monodiarum libri 1res) ; on y trouve, en même temps que des détails fort intéressants sur les idées et les mœurs de son époque, une histoire précieuse de la commune de Laon ; la définition qu’il a voulu donner du mot commune est très souvent citée. On a conservé de lui encore de nombreux ouvrages religieux, parmi lesquels il faut mentionner un traité sur la manière de prêcher, un livre des louanges de la Vierge et un traité des reliques des saints qui est une véritable œuvre de critique, remarquable pour le temps. U joint à une grande érudition un style assez prétentieux. Rom d’Achery a donné en 1651, à Paris, in-fol., une édition complète des œuvres de (luibert, réimprimée par Mignc (tome CLVI de la Patrologie latine) ; une édition des Gesta a paru dans le Recueil des historiens occidentaux des croisades (1879, t. IV), et une traduction de cet ouvrage et de l’autobiographie figure dans les tomes IX et X de la collection Guizot. M. Rarroux.

Bidl. : Hist. UU. de la Fr., 1756, t. X, pp. 433-500. — Ch. Tiiurot, Etude sur Guibert de Nogent, dans Reçue historique, 1876, t. II, pp. 104-111, et dans éd. précitée des Gesta, pp. 15-20. — SBEL,Geschichte des erslen Kreuzzuyes ; Berlin, 1881, pp. 32-35, in-8, 2° éd. — Archives de l’Orient latin ; Paris, 1881-84, passim, t. I et II, in-8. GUIBEVILLE. Coin, du dép. de Seine-et-Oise, arr. de Corbeil, cant. d’Arpajon ; 74 hab.

GUIBOURGde Luzinais (Ernest-François- James) , homme politique fiançais, né à Angrie (Maine-et-Loire) le 27 juil. 1834. Docteur en droit, il devint président du tribunal civil de Nantes. Elu sénateur de Loire-Inférieure le 29 août 1886 en remplacement de M. de Lavrignais et réélu le 5 janv. 1888, il siégea à droite parmi la petite minorité monarchiste et appuya le boulangisme.

GUIBOURT (Nicolas-Jean-Baptiste-Gaston), chimiste et pharmacien français, né à Paris le 2 juil. 1790, mort à Paris le 22 août 1807. Il fit ses premières études sous la direction de son père, chef d’institution, puis passa à l’Ecole de pharmacie où il obtint les deux premiers prix de chimie et de pharmacie en 1810. Tout en prenant possession d’une oHîcine, Guibourt se consacra aux études scientifiques et poursuivit ses recherches dans toutes les branches des connaissances pharmaceutiques : la chimie, la physique, la toxicologie, l’histoire naturelle médicale, la pharmacie. Il fut nommé membre de l’Académie de médecine en 1824, puis professeur titulaire d’histoire naturelle des médicaments à l’Ecole supérieure de pharmacie en 1832 ; Guibourt occupa sa chaire jusqu’à la fin de 1865, deux avant sa mort. Les travaux de Guibourt sont multiples : ses premières recherches portèrent sur les combinaisons du mercure avec l’oxygène et le soufre ; un peu plus tard, il faisait connaître des résultats très intéressants sur l’arsenic et ses composés, sur l’eau de cristallisation des sels de soude, sur la purification du nitrate d’argent, sur la matière sucrée du miel, sur la présence de l’iode dans l’urine, sur la préparation du tanin et celle de la pepsine ; mais c’est surtout vers l’histoire naturelle des médicaments que s’est portée l’activité de Guibourt ; ses mémoires les plus nombreux et les plus importants se rapportent à cette branche des connaissances pharmaceutiques : il suffit de citer ses recherches sur l’opium, le quinquina, la scammonée, le jalap, la rhubarbe, l’ergot de seigle, les cochenilles noire et grise, l’orseille d’Auvergne, les diverses espèces de baumes et de térébentines, le musc, le cachou, la gomme kino, etc., recherches où il s’est atlaché surtout à caractériser les espèces commerciales et à mettre le pharmacien en mesure de reconnaître les produits de bonne qualité. On lui doit aussi quelques recherches physiques et un grand nombre de procédés nouveaux mi d’améliorations pour la préparation des médicaments. Guibourt a publié deux ouvrages remarquables : la Pharmacopée raisonnée ou Traité de Pharmacie théorique et pratique et Histoire naturelle des drogues simples ; ce dernier ouvrage, dont la première édition parut en 1820, constitue le traité le plus complet et le plus exact que nous possédions sur la matière. La sixième édition, corrigée et