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GUADELOUPE

(iH 30’ (pointe des Châteaux) et 64° 9’ (pointe Ferry). La partie occidentale s’appelle Guadeloupe proprement dite, et aussi, par extension, Basse-Terre comme la capitale ; l’Ile orientale est dite Grande-Terre. La première est elliptique. Elle a près de 180 lui. de tour, une longueur N.-S. d’environ 46 kil. et une largeur de 27 kil., avec une superficie de 94,600 hect. La seconde ressemble à un triangle isocèle, à sommet au S.-O. et à base du N.-O. au S.-E.,° mesurant 48 kil. de l’E. à l’O. et 28 kil. du N. au S., avec une circonférence de 2i(i kil. et une superficie de (>3,(>31 hect. — Le bras de mer qui sépare Pile en deux parties se nomme la rivière Salée ; il est étroit et sinueux : sa largeur n’est que de 3(1 à 120 m. ; sa longueur est de 11 kil. Sa profondeur est de 5 m. seulement. Comparant les deux parties, on remarque une singularité apparente pour les noms qui leur ont été attribués : la « Basse-Terre » est la plus haute, la « Grande-Terre » la plus petite. C’est que le premier nom a été donné, d’après la considération du vent dominant ou alizé, à la côte sotis le vent, en bas du vent, qui est, à la Guadeloupe propre, celle où se trouve la capitale ou ville de Basse-Terre : la côte occidentale est la « Capesterre » ; le second nom, de Grande-Terre, a été donné à cette partie de la Guadeloupe, par opposition à l’îlot voisin, dit « Petite-Terre ». Les ilesdes deux chaînes ou rangées micro-antiliennes offrent un contraste frappant : à la Guadeloupe proprement dite, montagnes élevées, couvertes de forêts, nombreux torrents et pas de plaines, sol volcanique ; à la Grande-Terre, pays plat, rares filets d’eau, sol calcaire. Littoral. — À la portion rétrécie, à la fois isthme et détroit, de la colonie, correspondent deux baies formées par les côtés en regard de ses deux parties insulaires : celle du N., par les côtes N.-E. de la Guadeloupe propre et N.-O. de la Grande-Terre ; celle du S., par les côtes E. de la première et S.-S.-E. de la seconde. La baie septentrionale s’ouvre sur le canal de Montserrat : c’est le Grand-Cul-de-sac-Marin ; la baie méridionale ou Petit-Cul-de-sac-Marin est ouverte sur le canal de Marie-Galante. Toutes deux ont de faibles profondeurs d’eau et sont encombrées de bancs et de récifs ou rayes, en même temps que les ilôts, dits îlets, s’y multiplient. Cette disposition indique la réunion primitive en ces espaces des deux parties de la Guadeloupe : les hauts fonds et les ilôts ne sont là que les restes de ce qui a été englouti, et ceux-ci ne sont eux-mêmes que des récifs élevés par les polypiers à la surface de l’eau. De nos jours encore, on constate ici des envahissements de la mer, et l’on est conduit, d’après ces observations, à considérer la Grande-Terre elle-même comme détachée de la portion occidentale et affaissée, par une dislocation que représente la rivière Salée, sous l’empire de la force souterraine qui a produit l’alignement extérieur ou atlantique des Petites Antilles. Parcourons, en premier lieu, le pourtour de la Guadeloupe proprement dite, en partant de la rivière Salée, à l’E., au fond de la baie méridionale ou du Petit-Cul-desac, et de la pointe Jarry : cette pointe limite de ce côté l’entrée de la rade de la Pointe-à-Pitre. La côte suit une direction 0. un peu X. jusqu’à la rivière du Coin, puis S., jusqu’à la rivière de la Capesterre, et enfin S.-O. jusqu’à la pointe du Vieux-Fort. Les plaines y sont larges ; le rivage est bordé de palétuviers. Les îlots sont d’abord fort nombreux le long de la côte. Les pentes du terrain deviennent abruptes de la pointe de la Capesterre aux pointes méridionales, à Launay et du Vieux-Fort. Remontons la côte occidentale jusqu’à la pointe Allègre. Elle est fort accidentée, les contreforts des montagnes plongeant à pic dans la mer. C’est sur cette côte, au S., qu’est bâtie la liasse-Terre, siège du gouvernement, dont la rade est ouverte et dangereuse pendant l’hivernage. On rencontre ensuite l’anse à la Barque ; la pointe Lézard ; les ilets à Goyave ou Pigeon ; la pointe Ferry ; l’anse Deshaies, mouillage pour les grands navires ; la pointe élevée (208 m.) du Gros-Morne ; la pointe du Vieux-Fort, qu’il ne faut pas confondre avec celle au S., et oii débarquèrent les premiers colons. Vis-à-vis se trouve l’ilet à Kahouane ; de la pointe Ferry à cet ilet s’étend le banc du Grand-Sec La côte N. est basse jusqu’à Sainte-Rose, puis couverte de palétuviers ; elle est fertile, mais insalubre. On y remarque l’embouchure de la Grande Rivière à Goyaves, la plus considérable de l’Ile, la baie et la commune du Lamentin ; la baie et le bourg Mahault. De Filet à Kahouane à la pointe du (iris-Gris, s’étend une banc de cayes et de roches madréporiques, qui transforme cette partie de la baie septentrionale en un bassin aux eaux tranquilles, mais dont les ilôts et les écueils obligent les marins à suivre avec précaution les chenaux balisés et les passes. Poursuivons notre route, et suivons le pourtour de File orientale ou Grande-Terre, en partant de la rivière Salée, côté N. Les palétuviers continuent de couvrir le rivage jusqu’à la pointe du Gris-Gris ; les anses sont peu profondes, sauf celle du Figuier, ou l’on trouve l’ilet de ia Voûte ; les rivières n’ont pas de pente. On remarque la pointe d’Antigues, le bourg de l’Anse-Bertrand, commune où se trouvaient réfugiés, il y a cinquante ans, les derniers Caraïbes ; sur cette partie de la côte, il est des grottes remarquables où la mer s’engouffre et en sort en jets qu’on nomme souffleurs. De la pointe de la Grande-Vigie à celle des Châteaux, la courbe ondulée offre en sa partie médiane une grande concavité, la baie du Nord-Est. Le rivage est constitué jusqu’à l’anse Sainte-Marguerite par des falaises verticales ; il s’abaisse et devient sableux jusqu’au Moule, puis se relève encore en falaises à pic, formant la côte du Rempart, jusqu’à la pointe Malherbe ; enfin les pentes s’adoucissent de nouveau, pour se relever à la hauteur de 44 m. à la pointe des Châteaux. On remarque sur cette côte des grottes ou souffleurs, comme sur la précédente, beaucoup de petites anses ; le Moule, seul véritable port de la Cote du Vent ; l’ilet à Gourde ; les roches magnétiques de la pointe des Châteaux. De cette extrémité orientale à la Pointe-à-Pitre, S. de la rivière Salée, la côte est généralement basse ; il s’y trouve quelques salines. On distingue le port Saint-François ; le mouillage de Sainte-Anne, avec une plage fréquentée par les baigneurs ; celui’ du Petit-Havre ; la pointe Caraïbe ; le bourg du Gozier, et, vis-à-vis, l’îlot de ce nom, pourvu d’un feu fixe, et station de pilotes. Puis vient la Grande-Baie, qui sert de rade extérieure à la Pointe-à-Pitre. Dans le fond du Petit-Cul-desac est la rade delà Pointe-à-Pitre, protégée par un goulet tortueux contre la lame et contre les tempêtes, éclairée par les teux du Gozier et de l’ilet à Monroux et fermée par des ilets dont le plus important est l’ilet a Cochons, sur lequel un fort a été bâti. L’ilet à Boissard est un lieu de villégiature pour les habitants de la ville.

Relief du sol. Géologie. — Dans la chaine principale îles Petites Antilles, chaque île a son arête de montagnes disposée dans le sens de la courbe générale. Les monts de ces iles, qui sont toutes fort hautes, atteignent leur principale élévation dans les trois iles centrales, Guadeloupe, Dominique, Martinique. Ces montagnes sont formées de porphyres et de laves, de trachytes et de basaltes. A la Guadeloupe proprement dite, quatre grands foyers volcaniques ont formé autant de massifs distincts : au N.-O., la Grosse-Montagne (7 v 20 m.), d’où rayonnent de hauts chaînons ; les Deux-Mamelles (773 m.), vers le centre de File ; le Sans-Toucher (1,480m.) et la Soufrière (1,484 m.), plus au S. ; et, vers la pointe méridionale, le Caraïbe (698 m.) et le Houelmont (424 m.). Citons, au S.-E., le Morne de la Madeleine (1,030 in.) et le Trou auxChiens(410m.). La crête, irrégulière, est plus rapprochée dans son ensemble de la côte occidentale que du littoral de l’E. L’action volcanique se manifeste encore aujourd’hui, à Bouillante, par des vapeurs chaudes, et à la Soufrière par des émanations d’hydrogène sulfuré et ga/. sulfureux à 96° centigr., provenant principalement d’une fissure, dite la Graude-Fente, et donnant lieu à des dépôts de soufre. Il est, dans le voisinage, des crevasses d’oii jaillissent d’autres fumerolles ; des sources thermales de compositions différentes s’écoulent de la montagne. La dernière éruption de la Soufrière remonte à 1799 ; une pluie