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GRUEL - GRUISSAN

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il est de bonne foi, bien informé, véndique et original. Il ne doit rien aux autres chroniqueurs, dont quelques-uns, comme Le Baud et M. d’Escouchy, semblent lui avoir fait des emprunts, et il donne même des détails qu’on chercherait vainement ailleurs. On a porté sur G. Gruel des jugements divers et parfois contestables, mais, en somme, sa chronique a une valeur assez grande pour avoir mérité d’être considérée comme une des sources de notre histoire. Publiée pour la première fois par Th. Godefroy en 1022, elle a eu ensuite plusieurs autres éditions, dont la dernière, faite pour la Société de l’Histoire de France, par M. A. Le Vavasseur, est la plus exacte et la plus complète. Bibl. : G. Gruel, Chronique d’A. de Richemont, publiée par A. Le Vavasseur, 1890, in-S. — E. Cosneau, le Connet. de Richemont ; Paris, 1886, pp. 460-76, in-S. — G. de Beauhourt, Hist. de Charles VU. t. I, introd., p. lviii. GRUEL (Léon), relieur d’art, historien de la reliure et bibliophile français contemporain, né à Paris en ■1841. Fils de M. Gruel, relieur, dont la veuve épousa (1850) le chromolithographe Jean Engelmann (V. ce nom), il a dirigé la partie technique de la reliure dans cette importante maison (Gruel-Engelmann) qui publia plusieurs ouvrages artistiques en couleurs, d’après les peintures des maîtres anciens (V Imitation de Jésus-Christ, etc.). Associé (1875) avec son demi-frère, Edmond Engelmann, il est resté, en 1890, le seul chef de cette maison qui a toujours soutenu avec honneur, en France et à l’étranger, la vieille réputation de la reliure d’art française, et qui avait formé la plupart des relieurs d’art contemporains (Marius Michel père, Thibaron, Cbambolle, etc.). On doit à M. Gruel un ouvrage important : Manuel historique et bibliographique de l’amateur de reliures (Paris, 1887, in-4, avec 66 pi.) ; Histoire delà reliure à l’exposition rétrospective de 1880 ; une notice sur Christophe Plantin (1891) et divers articles historiques et techniques. Il a fondé la chambre syndicale de la reliure, dont il est le président depuis 1889. Il est, en outre, directeur de la section du livre à l’Association philotechnique et directeur des cours professionnels qui y sont donnés. G. P-i.

GRUENBECKouGRUENPECK(Joseph)(V.ORiJNPECK). GRUERIE (Ane. dr. fr.). On désignait sous ce nom un droit de |usticequi existait au profit du roi sur certains bois dont le fonds appartenait soit à des gens de mainmorte, soit à des particuliers. C’était aussi le nom donné aux juridictions chargées de connaître en première instance de toutes contestations au sujet des eaux et forêts et des délits et malversations qui y étaient relatifs. On a dit que le droit de gruerie tirait son origine de ce que les rois avaient seuls primitivement le droit d’avoir des bois de haute futaie et que personne ne pouvait en laisser croître sans sa permission ; lorsqu’ils accordèrent des droits de cette nature, ils se réservèrent les droits de juridiction avec les profits en résultant. A l’origine, le droit de gruerie ne se levait cependant pas seulement sur les bois, mais aussi sur les terres labourables, comme le montre une charte de l’an 1204. D’après le titre 23 de l’ordonnance de 1669, la gruerie consistait en amendes, confiscations et autres profits, ainsi qu’en une portion qui était perçue pour le compte du roi sur le prix des bois vendus. Mais le droit de gruerie ni’ donnait pas au roi, comme celui de graiiïe, la propriété d’une partie du fonds. Il y avait aussi entre les deux droits cette différence que le bois tenu en gruerie était susceptible d’aliénation et d’hypothèque pour le tout, tandis que le possesseur d’un bois tenu en grairie ne pouvait disposer que de la portion éventuelle que lui donnerait un partage. Les bois tenus en gruerie étaient soumis à la juridiction des officiers du roi, ils ne pouvaient être vendus que par les officiers du roi pour les eaux et forêts et avec les mêmes formalités (pie les bois et forêts du roi. L’ordonnance de Moulins défendait de donner, vendre ou aliéner en tout ou partie, les droits de gruerie, et même de les donner à ferme, pour quelque cause (pie ce fût. L’ordonnance de 1669 renouvela ces défenses. Les produits ordinaires des bois en gruerie étaient recouvrés par le receveur des domaines et bois ; ils étaient perçus en espèce ou en argent, selon les pays. Dans le sens de juridiction spéciale sur les eaux et forêts, la gruerie fut d’abord un attribut naturel de la haute justice. Mais lorsque les rois eurent établi des officiers pour la conservation des bois du domaine, les vassaux les imitèrent, et la gruerie se trouva par là même séparée de la haute justice. Il arriva même que la gruerie fut démembrée de plusieurs hautes justices pour constituer un fief séparé. On distingua alors deux sortes de grueries, les grueries royales et les grueries seigneuriales. Les officiers préposés aux premières juridictions étaient les gruyers royaux, ceux préposés aux secondes les gruyers seigneuriaux. Le gruyer royal était un officier des eaux et forêts subordonné à ceux des maîtrises. Outre la juridiction dont il était investi, il devait surveiller les eaux et forêts de sa gruerie. Ces officiers ont été désignés aussi sous les divers noms de verdiers, forestiers, châtelains, maitres sergents et segrayers. La fonction de gruyer royal a été érigée en office par édit de févr. 1554 ; ces offices ont été rendus héréditaires par édit de janv. 1583. Les gruyers royaux ne jugeaient que les délits pour lesquels la peine fixée par les ordonnances était une amende n’excédant pas douze livres ; l’appel était porté devant la maîtrise. Par suite de la compétence réservée aux gruyers royaux, les seigneurs hauts justiciers ne purent avoir des gruyers qu’avec une concession du roi. Un arrêt du conseil du 14 sept. 1688 en avait disposé ainsi. Un édit de 1707 créa une gruerie dans chaque justice des seigneurs ecclésiastiques et laïques, mais personne n’ayant acquis ces charges, une déclaration de 1708 les réunit aux justices des seigneurs moyennant finance. Une déclaration du 8 janv. 1715 diminua, à certains égards, le pouvoir des gruyers seigneuriaux. G. Regelsperger. Bihl. : DenisÀrt, Coll. de décisions nouv., 1790, t. IX. GRUES. Corn, du dèp. de la Vendée, arr. de Fontenayle-Comte, cant. de Luçon ; 1 ,222 hab.

GRUET (Jacques), bourgeois de Genève, victime de Calvin. Le 27 juin 1547 une main inconnue appliqua sur la chaire de Saint-Pierre un écriteau injurieux contre les ministres. On accusa immédiatement d’en être l’auteur Jacques Gruet, un bourgeois qui était affilié aux libertins et qui se faisait remarquer par sa liberté de parole. Gruet fut aussitôt arrêté. Il nia, mais des papiers trouvés chez lui excitèrent les ministres contre lui. Torturé à trois reprises, Gruet avoua et eut la tète tranchée le 26 juil. En -1550, des livres trouvés dans sa maison donnèrent lieu à un nouveau procès et furent brûlés par le bourreau. Le procès de (.met a fait l’objet d’une étude de J.-A. Galiffe et plus récemment de M. Henri Fazy. E. K.

GRUEY. Coin, du dép. des Vosges, arr. d’Epinal, cant. de Bains ; 1,373 hab.

GRUFFY. Coin, du dép. de la Haute-Savoie, arr. d’Annecy, cant. d’Alby ; 8Î0 hab.

GRUGÉ-i.’Hôpital. Corn, du dép. de Maine-et-Loire, arr. de Segré, cant. de Pouancé ; 589 hab. GRUGET (Claude), écrivain français du xvi e siècle. Secrétaire de Louis de Bourbon, prince de Condé, il est surtout connu par des traductions du grec, de l’espagnol, de l’italien, qu’il fit en une langue simple, claire et agréable. Citons : les Epltres de l’halaris (Paris, 1550, in-8) ; les Dialogues de Speron Sperone ! (1551, in-8) ; les Diverses Leçons de Pierre Messie de Séville (45S4, in-8, nombr. éd.) ; les Dialogues d’honneur de J.-B. Posseviu (1557, in-4), etc., et une édition de YHeptaméron de Marguerite de Navarre (Paris, 1560, in-4) qui a été rééditée un grand nombre de fois.

GRUGIES. Coin, du dép. de l’Aisne, arr. de Saint-Quentin, cant. de Saint-Simon ; 719 hab.

GRUGNY. Corn, du dép. de la Seine-Inférieure, arr. de Rouen, cant. de Clères ; 199 hab.

GRUIDÉS (Ornitli.) (V. Grue).

GRUISSAN. Coin, du dép. de l’Aude, arr. de Narhonne, cant. de Coursan ; 2,531 hab. Les seigneurs de Gruissan sont nommés dès la tin du xr siècle ; ils tenaient leur barounie des archevêques de Narbonne ; possédée en 1192