Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 19.djvu/486

Cette page n’a pas encore été corrigée

GRl’K 47 2 — qu’elles ont l’arbre lixe ou que cet arbre peut tourner autour de son axe, de manière à faire décrire au fardeau une portion de circonférence ou une circonférence entière. Les premières sont évidemment d’un usage moins commode et moins répandu, puisqu’elles ne peuvent servir qu’à élever le fardeau sur place. Dans les deux cas, les fondations se composent d’un dé en maçonnerie brute, avec chaux hydraulique ; au niveau du sol, l’arbre est muni d’une forte plaque de fonte qui est boulonnée ou fixée par des tirants obliques sur la masse de la maçonnerie, de sorte que l’arbre compose, avec les fondations, un tout homogène et indéformable ; la flèche s’assemble sur l’arbre presque au niveau du sol. La construction de l’appareil est un peu compliquée. Nous donnons le dessin d’une grue de ce genre établie sur le port de Rouen : l’arbre s’enfonce dans une cuve en fonte A formée de plusieurs anneaux superposés, encastrés dans la maçonnerie du quai et portant à la partie inférieure la crapaudine P>. Cette cuve est recouverte d’une plaque C entourée d’une frette en fer D retenue par des tirants E solidement amarrés dans la maçonnerie. A sa sortie de la cuve, l’arbre G porte un collier muni de galets disposés de manière que la charge ne porte pas toujours sur le même galet : l’orientation de la grue est ainsi facile à obtenir. Le rapport des trains d’engrenages de la manivelle et du tambour étant de 900, trois ouvriers développant individuellement 15 kilngrammètres à la manivelle, peuvent, en tenant compte des frottements, soulever un fardeau de 30 tonnes. Pour éviter les fondations très importantes que nécessite le système de grues dont il vient d’être question, on fait un fréquent usage de grues, dites à plateau, dont le pied n’est encastré qu’à une profondeur de 1 m. au-dessousdu niveau du sol ; la stabilité est assurée par l’addition d’une large embase formée d’un plateau en fonte armé de nervures et noyé dans la maçonnerie. Dans les installations récentes, les grues à pivot d’une grande puissance ne sont pas à main ; on utilise, pour les faire mouvoir, la force de la vapeur, de l’eau sous pression ou de l’air comprimé. Pour les grues à vapeur, il y a deux cas à distinguer, suivant que la grue porte ou ne porte pas l’appareil générateur de vapeur. Les grues de cette dernière catégorie ne sont guère employées que lorsqu’on en a un certain nombre concentrées dans un petit espace et alimentées par la même chaudière fixe. Mais, dans la grande majorité des cas, la grue porte à la fois sa chaudière et sa machine ; tantôt la chaudière est placée à l’arrière de la grue et forme contrepoids, tantôt elle est placée dans l’axe même et tient lieu d’arbre. Dans les grues atmosphériques, l’arbre est creux et à l’intérieur se meut un piston qui commande la chaîne à l’extrémité de laquelle s’attache le fardeau. Une machine pneumatique permet de faire le vide sous le piston ; la descente de celui-ci, sous l’action de la pression atmosphérique, sert à faire monter le poids. Toute la partie supérieure de l’arbre est entourée d’une deuxième enveloppe mobile, à laquelle s’attachent la volée et le tirant, de sorte que l’on peut orienter la grue. Dans les ports, l’emploi de l’eau sous pression est extrêmement avantageux pour faire mouvoir les appareils de levage. Un moteur central pompe l’eau et la refoule dans une canalisation qui aboutit à des accumulateurs concentrés ou disséminés dans l’emplacement qu’occupent les appareils qu’il s’agit de faire mouvoir. Des accumulateurs, l’eau, sous une pression de MO à 00 atmosphères, passe dans une conduite qui la distribue aux appareils récepteurs chargés d’utiliser cette force motrice. Après utilisation, l’eau est ramenée par une conduite de retour à un réservoir d’où elle peut être à nouveau utilisée pour l’alimentation des pompes. La grande halle de la gare du port d’Anvers, longue de 200 m. et large de 70 m., recouvre quatre quais de 7 m. de largeur, séparés par deux voies charretières de 10 m. de largeur et coupés transversalement par quatre traversées rectangulaires qui sont munies de plaques. Sur ces quais sont installées 28 grues hydrauliques de 4,000 à 2,000 kilogr. ; à l’extérieur, sur les quais découverts, 16 autres grues, dont 3 sont de îa force de 10,000 kilogr. 11 est souvent utile que l’appareil de levage puisse se déplacer d’un point à un autre, parce qu’il est plus commode d’aller chercher le fardeau que de l’amener sous l’appareil. Les grues locomobiles employées dans ce cas sont alors montées sur un truc roulant muni de roues ordinaires s’il s’agit des quais d’un port, ou de roues à boudin si la grue doit circuler sur des rails de chemins de fer. La plate-forme qui porte la grue à pivot est munie de tampons, de crochets d’attelage et de chaînes de sûreté, en un mot de tous les organes nécessaires pour qu’on puisse facilement atteler la grue à un train et la transporter sur rails d’une station à une autre. Cette grue est équilibrée par un contrepoids placé du côté opposé à la volée ; de plus, quand on veut soulever des fardeaux d’un poids supérieur à 3 ou 4 tonnes, il est nécessaire qu’elle soit fixée au moyen de grilles qui s’accrochent aux rails et qu’on fait descendre à l’aide d’un écrou placé à leur partie supérieure. Mais ces appareils sont beaucoup moins utilisés que les petites grues locomobiles et légères à l’aide desquelles on peut soulever des poids de Grue de 30 tonnes, du port de Rouen.