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GROSSELIN — GROSSESSE

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méthode de lecture, pour l’étude de l’histoire, etc. En 1836, il publie un Système de langue universelle. En 1818, rallié à la révolution de Février, il publie un journal hebdomadaire, Justice et Charité", qui n’a que deux numéros. En 1851, il publie des essais de morale et de politique populaires sous le titre : Cherchez et vous trouverez. Privé de ses fonctions après le coup d’Etat, il revient à la pédagogie. Nommé membre du conseil d’administration de la Société centrale d’éducation pour les sourds-muets, il étudie les procédés de l’abbé de I l’Epée. Il invente l’alphabet dactylologique, dans lequel chaque lettre est représentée par un certain nombre de doigts. Son invention n’ayant pas de succès, il la perfectionne et elle devient la phonomimie applicable aux entendants-parlants et aux sourds-muets. Il se dévoue dès lors à la propager. En 1867, il tit pendant cinq mois, à l’Exposition, la classe à des enfants amenés d’une salle d’asile et obtint une médaille d’argent. En 1866, il fonda la Société pour l’enseignement simultané des sourds-muets et des entendants-parlants qui, en mai 1875, aété reconnue d’utilité publique. C-el.

GROSSENHAIN. Ville d’Allemagne, royaume de Saxe, district de Dresde, sur la Roder qui se jette dans la Schwarze Elster, affluent de la rive droite de l’Elbe ; 42,000 liab. environ. Fabriques importantes de drap et de bonneterie ; marché de porcs fréquenté. GROSSESSE. I. Physiologie. — L’état dans lequel se trouve une femme depuis le moment de la conception jusqu’à celui de l’accouchement prend le nom de grossesse. La grossesse est donc une sorte d’incubation qui dure le temps nécessaire au complet développement du produit de la conception, c.-à-d. 9 mois solaires ou 270 jours, en moyenne. Le siège de cette fonction est l’utérus ; exceptionnellement la grossesse peut avoir lieu en dehors de l’organe gestateur, soit dans le péritoine, soit dans la trompe, soit sur l’ovaire : elle est dite alors extra-utérine. Chez quelques femmes attentives, il semble que la conception soit accusée par des défaillances, des nausées, des frissonnements ; les parties génitales deviennent sèches, se gonflent légèrement, et tous les organes contenus dans le bassin sont comme crispés. Mais c’est au moment où la fonction menstruelle devrait avoir lieu que ces sensations deviennent plus sensibles et que commencent à apparaître les phénomènes sympathiques auxquels peu de femmes échappent entièrement, c.-à-d. les malaises d’estomac, les nausées, les vomissements, les bizarreries d’appétit, la salivation, quelquefois des maux de tête, des névralgies dentaires, enfin, chez quelques femmes, un état de langueur qui peut aller jusqu’à la folie. Les seins se congestionnent et à partir de ce moment restent plus volumineux. A mesure que s’éloigne l’époque menstruelle, tous ces phénomènes s’amendent ; mais, jusqu’à l’époque suivante, les troubles de l’état digestif persistent et chaque matin a lieu un vomissement, glaireux le plus souvent, alimentaire et incoercible chez les moins favorisées. Après la troisième époque survient une certaine amélioration ; les nausées, les vomissements, les dégoûts alimentaires cessent complètement, l’appétit renaît et les digestions deviennent meilleures. C’est alors qu’apparaissent les phénomènes locaux de la grossesse : la région hypogastrique devient saillante, l’ampleur des hanches et des fesses est plus accentuée, ce qui, étant donné le volume des seins, donne à la femme une démarche particulière. Entre la quatrième et la cinquième époque apparaît le phénomène dont l’existence rend la grossesse certaine : ce sont les mouvements du fœtus, mouvements faibles d’abord, comparés par quelques femmes au frôlement que produirait une araignée volumineuse se promenant sur la face interne du ventre. L’apparition des mouvements du fœtus coïncide avec le milieu de la grossesse, au moins chez les primipares, car les femmes qui ont déjà eu un ou plusieurs enfants peuvent percevoir ces mouvements dès le commencement du quatrième mois. Pendant la cinquième et la sixième époque, les mouvements vont s’accentuant ; ils deviennent plus fréquents et plus énergiques ; le ventre est de jour en jour plus volumineux : il remonte jusqu’à l’ombilic pour atteindre le creux de l’estomac à la septième époque. La compression de cet organe occasionne alors et de nouveau des troubles fonctionnels qui peuvent aller jusqu’aux vomissements. D’autres phénomènes de compression surviennent : ce sont surtout des gonflements des membres inférieurs, des varices, de la bouffissure de la face. A la dernière époque, la marche est fatigante, la femme dont le repos est entravé par la difficulté de trouver une position convenable dans le lit, par les mouvements du fœtus, par la répétition fréquente des besoins naturels, aspire au moment de la délivrance. Quelques jours avant le terme, elle éprouve cependant un peu de répit ; c’est à ce moment que la tète du fœtus s’éloignant du creux de l’estomac, s’engage, c.-à-d. se fixe dans le bassin ; les poumons et l’estomac cessant d’être comprimés, reprennent leurs fonctions, d’où un certain état de bien-être relatif. C’est la fin qui bientôt est annoncée par de légères douleurs de reins et du basventre et l’expulsion de bouchons glaireux, parfois sanguinolents.

En même temps que la femme passe par cette série de phénomènes, des changements profonds s’opèrent dans son organisme. L’utérus, d’abord, se modifie dans son volume, sa position, sa direction et sa structure. Le volume de cet organe qui, à l’état de vacuité, mesure m 07 de long, in 05 à m 06 de large dans son diamètre antéro-postérieur pris au milieu du corps, arrive à la fin de la grossesse aux dimensions suivantes : m 35 de long, m 26 de large et m 20 dans son diamètre antéro- postérieur. Le poids de l’utérus passe, du début à la fin de la grossesse, de 50 gr. à 4 et 5 kilogr. non compris le poids de l’œuf qu’il renferme. A mesure que s’avance la gestation et que l’utérus devient plus volumineux, il quitte l’excavation pelvienne et poursuit son accroissement dans la grande cavité abdominale au-dessus du détroit supérieur sur lequel il s’appuie ; en même temps son corps s’infléchit latéralement, du côté droit le plus souvent. La pression que subit l’utérus de la part de l’œuf n’est nullement la cause de l’augmentation de volume de cet organe ; ces modifications résultent des transformations que subit son tissu pendant la grossesse. En efiet, pendant cette période, le tissu de l’utérus devient moins dense, beaucoup plus vasculaire ; les artères s’allongent ; leurs sinuosités se redressent ; le volume des veines s’augmente en proportion ; les fibres musculaires se développent davantage ; le tissu cellulaire même devient plus lâche et se gorge de sucs. Cette vie nouvelle, apparue dans l’organe maternel, y augmente une propriété latente à l’état normal, la contractilité, dont la puissance arrive à son summum au moment de l’accouchement. Quant aux organes de la filière pelvienne, le vagin, la vulve, le périnée, ils subissent deux ordres de phénomènes : l’hypertrophie et le ramollissement, en sorte qu’on a pu dire que pendant la grossesse et sous son influence, tous les organes génitaux, depuis le fond de l’utérus jusqu’à la vulve, s’hypertrophient et se ramollissent. Les mamelles sont également impressionnées par la gestation. Dès le début de la grossesse, mais surtout à partir de la première suppression des règles, elles se gonflent et sont le siège d’élancements plus ou moins vifs : leur volume se développe par l’évolution des acini de la glande irriguée par une plus grande quantité de sang. La peau du sein est distendue et se sillonne d’un lacis veineux abondant. L’aréole prend une teinte plus foncée et se couvre de petites nodosités du volume d’une tête d’épingle : chez quelques femmes, il s’établit une véritable sécrétion laiteuse. L’action de la grossesse se fait également ressentir sur les voies digestives. Toutes les femmes, à peu d’exception près, ont des malaises d’estomac et des bizarreries d’appétit ; tantôt ce sont des vomissements glaireux, bilieux qu’éprouvent les femmes en se réveillant, tantôt les vomissements, plus graves, sont alimentaires et peuvent devenir