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GRINGORE — GRIPPE

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dernière œuvre dramatique : la Vie monseigneur sainct Loi/s, par personnaiges, mystère qui, malgré sa valeur. ne fut publié qu’en 1877, par MM. A. de Montaiglon et James de Rothschild (Œuvres complètes, t. II ; le 1. 1. publié par MM. C.h. d’Héricault et de Montaiglon en 1858, comprend les Œuvres politiques, et cette publication ne fut pas continuée).

Gringore est le [dus grand poète de son temps après Villon, qu’il surpasse même par la profondeur des pensées et la réllexion. Vivant à une époque de transition, entre la fin du moyen âge et les débuts de la Renaissance, il participe des deux courants littéraires opposés. Ecrivain de marque, surtout comme prosateur, il fut, pendant les vingt premières années du xvi c siècle, le représentant et le principal inspirateur des idées politiques de la bourgeoisie libérale de Paris. G. P-i.

Birl. : Ch. d’Hériiault et diî Montaiglon, préfaces des Œuvres complètes de Gringore. — Emile Picot, /’. Gringore et les Comédiens italiens ; Paris, 1S7S, in-8. GRINNEL {Terre de) (V. Polaires [Terres]). GRINNEL (Henry), promoteur américain des expéditions polaires, né à New Redford (Massachusetts) le 13 févr. 1799, mort à New York le 30 juin 1874. Parvenu à la richesse par le négoce, il fit les frais de l’expédition de De llaven à la recherche de Franklin (18,'>0), et aussi celles de Kane (1853-30), et de Hayes et Hill (1800-01). 11 fut président de la Société américaine de géographie. GRIONNE. Affluent du Rhône, qui prend naissance dans le cant. de Vaud. Ce torrent, dont la source se trouve à une forte altitude au-dessus de la vallée, charriait précédemment des masses énormes de pierres, de terre et de sable qui obstruaient le vallon par leurs dépôts. Son cours a été réglé au moyen d’une habile correction. GRIOTTE (Rot.) (V. Cerisier).

GRIOTTE (Marbre) (V. Calcaire, t. Mil, p. 802). GRIOTTIER (P.ot.) (V. Cerisier).

GRIPENHIELM (Edmund Ficueuus, anobli, en 1660, sous le nom de), homme d’Etat et écrivain suédois, né à Skœfde le 24 mars 1002, mort à Stockholm le 15 déc. 1073. Professeur d’histoire à l’université d’Upsala (1050), secrétaire particulier de Charles X Gustave, qui le nomma professeur de son fils (Charles XI), il devint directeur de la bibliothèque royale (1001), secrétaire d’Etat (1662), chancelier de la cour (1071), riksrâd (1073) et fut baronnisé la même année. Il dirigea le gouvernement pendant la minorité de son élève. Très versé dans les langues anciennes et en histoire, il publia en latin dix-neuf dissertations et quatre ouvrages, entre autres : /’-■ Statius illustrium Romanorum (Stockholm, 1050 ; Helmstadt, 1666) et des pièces de vers fort bien tournés, dont deux ont été reproduites dans la collection de Ilanselli (Upsala, 180(i,t. IV). GRIPENHIELM (Cari, baron), poète suédois, fils du précédent, mort en 1694. Directeur du service topographique (1083), il forma de bons géomètres, leur donna de nouvelles instructions (1088) et fit dresser la carte générale du royaume, ainsi que des cartes particulières. Ses poésies lyriques, erotiques, épigrammatiques, qui sont des meilleures du temps, ont été publiées par Lenstrœm (1838) et dans la collection de Ilanselli (1866, t. IV). fi-s. GRIPHE (Antiq.). Ce mot, dont les formes en grec sont fort variablcs(les principales sont ô YP’<po ? ou 6 ypî ;to ;), désignait un filet et métaphoriquement une question embarrassante et paradoxale, une sorte d’énigme à résoudre ; il se retrouve dans le composé logogriphe. Le griphe consigna de bonne heure une sorte de jeu d’esprit, usité particulièrement à table et parmi les lettrés. Suivant. Athénée, un disciple d’Aristote, Ôéarque, composa un traité sur les griphes. Il les définit, les classe, en donne des exemples. En voici un qui est caractéristique : « Un homme qui n’est pas un homme vit un oiseau qui n’était pas un oiseau, sur un bois qui n’était pas un bois et le tua avec une pierre qui n’était pas une pierre. » Ce qui veut dire qu’un eunuque il une chauve-souris sur une liée de nard et le tua avec une pierre ponce. Un autre exemple pour ainsi dire classique est celui-ci :

"E/.TOpa tÔv Ilotaij.o’j A’-op-riôr, ? ïy.-ravsv àvjjp. Il semble que le meurtrier d’Hector est Diomède, mais en réalité ce fut Achille, appelé le mari de Diomède, du nom d’une esclave qu’il posséda après Rrisèis. Les anciens grammairiens se sont donné du mal pour essayer de distinguer le griphe de l’énigme. La plus grande différence semble consister en ce que le griphe exige plus d’etforts et d’érudition que l’énigme qui est un simple badinage. Mais ce qui est certain, c’est que les griphes étaient des questions paradoxales que les lettrés aimaient à traiter dans les festins, convivales qutvstiones. A l’époque alexandrine, ils constituaient une sorte de genre littéraire en prose ou même en vers. GRIPPE. La grippe, dontle synonyme influenza est revenu fâcheusement de mode en 1889, est une maladie épidémique, contagieuse et très diffusible. C’est en Orient que paraissent avoir pris naissance les premières épidémies connues ; en 1380, la grippe fit 9,000 victimes à Rome. A partir du xvm e siècle, on a remarqué que la Russie en était le point de départ, et la récente épidémie de 1889-90, qui fit tant de victimes dans toute l’Europe, y prit naissance également en débutant par Rokhara. Chose singulière : toujours l’inlluenza a suivi la même marche du nord au midi et de l’est à l’ouest. La dernière invasion de la grippe a fait faire un grand pas à nos connaissances sur l’étiologie de la maladie ; on a remarqué qu’elle se développe à la faveur de grands bouleversements cosmiques, la température étant plus élevée que la moyenne, l’air étant excessivement humide et la lumière solaire faisant défaut. M. Tessier, envoyé en mission à Saint-Pétersbourg ou la grippe est endémique, a constaté qu’elle débute presque toujours près des rivières polluées. A Paris, M. Masson a remarqué que le baromètre s’était constamment maintenu pendant l’épidémie au-dessus de 700 millim. alors que la moyenne est de 755millim. ; le même fait a été signalé à Vienne, Rerlin et Rruxelles. On sait maintenant, à n’en pas douter, que la grippe est contagieuse (fait qu’on niait jadis) par l’homme et par les objets. Ce qui le prouve, c’est que sa propagation suit les grandes voies que prennent les hommes et les marchandises et que sa diffusion ne dépasse pas la vitesse des communications humaines. Ainsi l’inlluenza, en 1780, mit plus de six mois à venir de Saint-Pétersbourg à Paris ; en 1837, moins de dix semaines ; enfin, en 1889, elle a parfois atteint la vitesse d’un train express. Elle frappe d’abord les grandes villes, puis se répand dans les agglomérations secondaires. Les exemples de contagion abondent lors de la dernière épidémie. Voici un fait par voie humaine : à Front ignan, oii il n’y avait aucun cas de grippe, arrive de Paris une personne qui en était atteinte ; elle dîne avec dix convives dont cinq l’attrapent et la répandent dans la ville. Voici un autre fait de contagion par les objets : à Rrest, un officier du vaisseau-école la Bretagne déballe un colis venant d’un magasin de Paris où il y avait des grippés ; il contracte la maladie, la sème dans l’équipage et de là dans la ville. La grippe est même transmissible (comme l’est probablement la diphtérie) de l’homme à l’animal et réciproquement : un chat mange des morceaux de viande sucés par sa maltresse atteinte d’influenza ; il meurt quelques jours après avec tous les signes de la grippe. On a signalé des épidémies de grippe sur les chevaux. Elle peut se transmettre, moins facilement toutefois, par l’air et par l’eau. Comme dans toute maladie, il y a les prédisposés : ici ce sont les hommes, les surmenés, les gens atteints d’affections chroniques. A Y autopsie d’individus ayant succombé, on trouve seulement les lésions dues aux complications causes de la mort, ei. malgré de nombreuses recherches, le microbe spécifique esi encore à trouver ; en revanche on a élucidé la nature lies infections secondaires, et l’on sait que le streptocoque (microbe en forme de grain accouplé en chaînettes) a joué un grand rôle dans les complications broncho-pulmonaires de l’inlluenza.