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D’après le recensement de 4878, la population des districts et des villes de la Géorgie était la suivante : Titlis (ville), 89,551 hab. ; Titlis (district), 129,432 ; Signakh (ville), 9,265 ; Signakh (district), 73,063 ; Telaf (ville), 7,032 ; Telaf (district), 43,390 ; Fioneti (district), 32,404 ; Gouri (ville), 5,015 ; Gouri (district), 110,824 ; Douchet (ville), 2,041 ; Douchet (district), 55,517 ; Akhaltzikh (ville), 13,205 ; Akhaltzikh (district), 30,1 12 ; Akhalkalaki (ville), 3,074 ; Akhalkalaki (district), 46,735.

Route militaire de Géorgie. Cette route célèbre, dite route du Darial, qui relie Vladikavkaz à Titlis, c.-à-d. les plaines du S. de la Russie à la Transcaucasie, était autrefois un trait d’union de l’Europe à l’Asie. L’honneur d’avoir créé la route actuelle, superbe œuvre d’art, revient à Jernioloff, qui mit cinq ans à faire sauter le défilé du Darial. La route atteint l’altitude de près de 2,500 mètres entre les stations de Kohi et de Goudaour. Après avoir, de Vladikavkaz, traversé l’Ossétie, elle atteint la Géorgie à Lars. La frontière géorgienne se trouvait autrefois à la vallée du Diable, au pied du mont krestovaïa. De Vladikavkaz à Titlis, les relais sont : Balta, Lars, Kazbek, Kobé, Goudaour, Mlet, Passanaour, Ananaour, Douchet, Tzilkang, Mtzkhet, Tiflis. La nature sauvage, -les sites pittoresques, les souvenirs nombreux et les légendes font de la route du Darial une des plus intéressantes parties du Caucase. Parmi les légendes, celles de la reine Thamar, dont Lermontof a poétisé l’existence, reviennent le [dus souvent. Les églises byzantines célèbres le long de la roule sont, entre autres, celle de Tzminda-Ghéorghi dans Yaoul de Liaslase, et l’église de Tzminda-Sanieba, bâtie à 2,557 mètres d’alt. sur le mont Koénam-Mta-Kini. Ailleurs ce sont des forteresses comme celle de Vatzkher près de Tzilkang ou bien la nécropole de Samthrovo avec l’église du même nom. Près de Mlet se trouve la fameuse descente de la route, créée par le prince Rariatinsky. Capus.

II. Histoire. — La Géorgie correspond à ce que les anciens dénommaient d’une manière générale Ibérie, mais, en réalité, elle comprend les trois anciens royaumes d’Ibérie, de Colchide et d’Albanie. LTbérie (dans la langue du pays, Karthli) est située au centre de l’isthme caucasien ; l’Albanie ou Kakheth, à l’E. et contre la mer Caspienne. A l’O., du coté de la mer Noire, se trouve la Colchide qui comprend : la Lazique (pays des Lazes de Justinien), l’Imérétie, le Gouria et la Mingrélie. Au S., le Somkheth, « pays du Midi », le Gougarkh (ancienne Gogarène) et le Meskhelh ou Meskes (anciens Moschi). Toutes ces diverses provinces ou petits royaumes jouent un rôle important dans l’histoire de la contrée caucasienne. Le mot de Géorgie est d’origine étrangère et incertaine. Dans les chroniques, les inscriptions, sur les médailles, les Géorgiens désignent leur pays par le mot de Karthli ou celui de Sakarthvélo. L’historien arménien, Moïse de Khoren, désigne ribériesous le nom de Yirk et les Géorgiens appellent l’Arménie Somkhitar (gens du Midi).

La période historique, en laissant de côté les légendes de Targamos, de Karthlos et de Jason,ne commence pour l’Ibérie qu’avec Pharnabaze, un peu après Alexandre le Grand. Ce roi, d’origine perse ainsi que l’indique son nom, établit le culte du feu et devint vassal des premiers souverains parlhes. Plus tard (vers 140 av.J.-€.),les rois Milvan et Achat tentèrent de secouer le joug arsacide, niais ce fut sans succès ; l’Ibérie, quoique ravagée a plusieurs reprises par les armées romaines lors des guerres de Mithridate et des conquêtes de Lucullus et de Pompée, n’en resta pas moins soumise aux rois de Perse pendant près de cinq siècles. Une inscription grecque trouvée à Titlis (V. Jour a. asiat., 1869) mentionne une forteresse c< instruite par Vespasien, en 75 de J.-C, « pour Mithridate, roi des Ibères, fils du roi Pharasmane et pour la nation lamasdaite (moderne Armaz), ami de César et du peuple romain », ce qui donne un renseignement historique avec une date précise.

Avec Mirian, iils de Sapor I er , commence en 265 ce qu’on

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appelle la dynastie sassanide de Géorgie, qui occupa le trône presque sans interruption jusqu’à l’avènement des Ragratides. La capitale était Metzkheth, sur le fleuve Koura (Kour ou Cyrus). Ce fut sous Mirian (265-318 de J.-C), contemporain de Tiridate d’Arménie et de Dioclétien, que le christianisme fut introduit en Géorgie par une esclave chrétienne, Nina ou Nouna (qui est devenue la patronne de la Géorgie et est encore fêtée tous les ans sous le nom de « sainte Mère »), vers l’an 311 (elle fut crucifiée en 330 ; V. le récit de Moïse de Khoren, liv. IV, 86) ; mais le culte du feu et des idoles resta encore la religion du peuple jusqu’à l’arrivée des ^m<’ apôtres ou Pères de Syrie <ui, vers 550, sous un autre roi Pharasmane, évangélisèrent tout le Caucase et firent disparaître les dernières traces d’idolâtrie. Plus tard, les Géorgiens adoptèrent le schisme de Ryzance et l’islamisme suivant que la politique et les conquêtes musulmanes les y contraignirent.

En 469, le roi Vakhtang Gourgasal fonde TbilisKalaki, « la ville aux eaux chaudes », qui devient la capitale sous le nom de Tiflis, en remplacement de Metzkheth. Avec la protection des Perses et de l’empereur Léon, dont il avait épousé la fille Hélène, il agrandit son royaume par la conquête de la Mingrélie et d’une partie de l’Arménie. Sous les empereurs Justin et Justinien, les auteurs byzantins mentionnent les rois d’Ibérie, Gourgenès, Pérane et Zamanarsis, inconnus d’autre part. Vers le même temps, khosroès I er Anouchirvan s’empare de l’Aderbaïdjan et de la partie orientale de la Géorgie (Albanie) ; il y installe, en 560, un gouverneur qui devint prince feudataire de la Perse et le fondateur du royaume des Chirvanchahs le long de la mer Caspienne (V. Chirvàn). C’est à la même époque, après la mort de Bakour III, que la famille des Ragratides commence à régner avec le titre de Mlhauari « prince », en la personne de Gouram ou Gouaram le Couropalate (575). Sous sou fils Stcphanos I er , Héraclius pénétra en Géorgie et s’empara de Tiflis. Les Mthavaris payaient tribut à Khosrou-Parviz ; ils furent renversés en 61 !), et la dynastie sassanide, dite alors khosroène, est rétablie en la personne d’Adarnassé en 619. Sous le règne de son successeur, Stcphanos II, les Arabes pénètrent’ en Ibérie et en Imérétie, et franchissent le Caucase pour faire la guerre aux Khazars et s’emparer de Derbend (c’est la conquête du Gourdjistiïn, racontée par Tabari) ; Stephanos se retire en Mingrélie (644). Ses successeurs ne furent plus rois que de nom pendant cent cinquante ans. Les émirs arabes établirent leur résidence à Tiflis, mais les diverses provinces se révoltèrent et tout le Caucase fut en proie à la guerre civile.

Après la mort de Djouanchir, le dernier des Sassanides, les Ragratides ou Ragratians remontèrent sur le trône avec le titre de mephé, « roi » (787). Le premier de cette nouvelle dynastie est Ashat meul (le Grand), fils de Adarnassé le Couropalate, eristhav des erislhavs (prince des princes) du Kakheth, et d’une tille de Djouanchir. II chasse les Arabes de Tiflis et se fait reconnaître par Haroun-al-Rachid (800). Pendant l’espace de près de deux siècles, la Géorgie est le théâtre de luttes sanglantes entre les rois du Karthli, représentant en quelque sorte le pouvoir central, et 1rs différents souverains du Kakheth, de l’Abazie, de Mingrélie cherchant tour à tour l’alliance des Arabes et de l’Arménie. Enfin BagratlU, fils de David l’Insensé, réunit sous son sceptre toutes les provinces de la Géorgie et transporte sa capitale à Kouthaïs en Imérétie. Sous son règne apparaît la famille des Orbelians, originaires de la forteresse d’Orbel, qui rendit plus tard de grands services à la Géorgie, mais qui, à cette époque de troubles, tenta à plusieurs reprises de s’emparer du trône. Giorgi IV, par son mariage avec Hélène, fille de l’empereur Rnniain-Argyre, en 1017, introduisit a la cour les mœurs et les arts byzantins ; la cathédrale de Kouthaïs est terminée par des peintres et des sculpteurs grecs. Sous Ragrat l , les Turcs Seljoukides font irruption en Asie Mineure et dans le Caucase ; la Géorgie est dévastée à deux reprises (1004 et 1072),