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GONEALONIER - GONGORA

partie du collège des prieurs. En 1306, il cessa d’être un simple exécuteur et devint le procurateur de la république. A la fin du xiV siècle, il était le chef de la Seigneurie. A Lucques, le chef de la république était le goni’alonier. A Sienne, la ville était divisée en trois quartiers dont chacun gouverné par un gonfalonier. Dans les Etats de l’Eglise, "le gonfalonier était le chef des magistrats municipaux. Cette charge persista jusqu’à la suppression de ces Etats. L’ordonnance de Grégoire XVI (5 juil. 1831), relative aux conseils communaux, contient un certain nombre d’articles relatifs au gonfalonier municipal. M. Prou. Bibl. : Moroni, Dizionario di erudizione storico-ecclesias /ica, vol. XXXI, p. 266. — Perrens, Histoire de Florence.

G0NFAR0N. Coin, du dép. du Var, arr. de Brignolles, cant. de Besse, sur l’Aille ; "2,577 bab. Stat. du cb. de fer P.-L.-M. , ligne de Marseille à Vinlimille. Carrières de grès et de plâtre. Vins ; châtaignes. Nombreuses fabriques de bouchons ; scieries. Ruines de l’ancien village de Cagnose, au milieu desquelles est une chapelle. Grotte à stalactites dans la colline de la Roquette. Ermitage de Notre-Damedes-Anges.

GONFREVILLE. Corn, du dép. de la Manche, arr. de Coutances, cant. de Périers ; 315 bab.

GONFREVILLE-Caillot. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr. du Havre, cant. de Goderville ; 292 bab. GONFREVILLE-l’Orcher, corn, du dép. de la Seine-Inférieure, arr. du Havre, cant. de Montivilliers ; 956 hab. Huilerie. A l’Orcber, église romane avec curieux portail et clocher octogonal ; le chœur a été refait au xvi° siècle. Ancienne motte féodale. Château du xvn e siècle. GONFRIÈRE (La). Com. du dép. de l’Orne, arr. d’Argentan, cant. de La Eerté-Fresnel ; 392 hab. GONG. Instrument de musique très bruyant, usité en Chine, fait avec un alliage métallique dans la composition duquel il entre de l’argent, du cuivre et du plomb» GONGOLA. I. Ville du Soudan central, royaume de Sokoto, prov. de Kalam, à une faible distance de la rivière du même nom. Elle est habitée par une population mêlée de Foulbé, de Haoussa et de Kanouri. Marché important où s’échangent les produits principaux du Bornou. II. Rivière du Soudan central, affluent de la Binoué, dans laquelle elle se jette au N.-E. de la ville de Yola, capitale de l’Adamaoua.

GONGORA y Aroota (Luis de), poète espagnol, né à Cordoue le 11 juil. 1361, mort à Cordoue le 24 mai 1627. Dès l’âge de quinze ans, il fut envoyé par son père à l’université de Salamanque afin d’étudier le droit. C’est à cette époque qu’il composa la plupart de ses (étrillas et de ses romances satiriques. Il n’en négligeait pas pour cela la jurisprudence , bien qu’il y ait renoncé plus tard pour se consacrer entièrement à la littérature. Gôngora se fit connaître de bonne heure. Il n’avait que vingt-trois ans quand déjà Cervantes en parle avec éloge, dans la Gulatra, parue en 1584. Il y est qualifié « génie sans pareil ». Cervantes déclare que ses vers « réjouissent et enrichissent le monde entier ». Si cette admiration semble exagérée, il faut songer qu’elle ne s’adressait qu’aux premières poésies de l’auteur, dont beaucoup comptent encore parmi les chefs-d’œuvre du Parnasse castillan. Cependant, cette gloire précoce n’enrichissait pas Gdngora. Il revint à Cordoue, dans un état voisin de la pauvreté et continua d’écrire. Ces vers que*lisait toute l’Espagne lui rapportaient fort peu d’argent. Espérant trouver une situation assurée pour la vieillesse, il entra dans l’Eglise, vers quarante-cinq ans, obtint une maigre prébende à la cathédrale de Cordoue, abandonna cette ville, alla s’établir à Valladolid, ou résidait la cour, et finit par être nommé chapelain du roi Philippe 111, grâce au duc de Lerma et au marquis de Siete-Iglesias. Cette place, assez peu rétribuée, et qu’il avait sollicitée pendant onze années, ne réussit pas a le tirer de la gène. Il la supportait dignement d’ailleurs et ne cherchait pas à la cacher, comme le prouve l’admirable romance burlesque :

Recibi vuestro Iiillete,

Dama de los ojos negros...

Le poète y fait un plaisant inventaire de son modeste mobilier et des avantages qu’il doit à la pauvreté. Au moment où le comte-duc d’Ulivarès allait enfin s’occuper de lui, Gôngora, atteint d’une maladie cérébrale qui le privait de la mémoire, tout en lui laissant les autres facultés intactes, dut abandonner Valladolid et revenir tristement à Cordoue. Il y mourut peu de temps après son retour. — C’est dans le genre lyrique qu’excelle Gôngora. Une Ode à l’Armada, pleine d’un patriotisme farouche et d’une foi toute espagnole, contient des vers éclatants, encore qu’un peu tendus. Herrera n’avait pas fait mieux. Une autre ode sur Saint Hermenegild que venait de canoniser le pape Sixte-Quint, n’est pas inférieure à la précédente. Ce qui vaut mieux que cette poésie forte, mais froide, ce sont les sonnets, les chansons d’amour et les romances moresques. (Ces romances, œuvres toutes littéraires, n’ont d’autre rapport que le nom avec les anciennes ballades du moyen âge.) En ce genre artificiel, dont la prétention était de peindre les musulmans de Grenade, leur luxe, leurs fêtes chevaleresques et leur galanterie, Gôngora surpasse tous les contemporains. A défaut de sentiments bien profonds, le style étincelle de métaphores ingénieuses ; l’étoffe, d’ordiuaire assez mince, disparait sous la richesse des broderies. Le vers est toujours sonore, très net, souvent d’une facture achevée. Rien même de plus classique dans la forme que la jolie romance : Servia en Oran al rey...

et celle qui lui fait suite. Une autre, sur un Espagnol captif du corsaire Dragut, est excellente, en dépit de quelques traits de mauvais goût. Les letrillas que composa Gôngora, à l’imitation de la poésie populaire, sont remplies de grâce et de simplicité ; telles celles de la jeune fille abandonnée qui se plaint à sa mère, et la journée du petit garçon : Herniana Marica,

Manana, que es fiesta, etc.

Quant aux romances burlesques ou satiriques, le comique en est un peu forcé, laborieux même, comme celui de Quevedo. Le poète est mordant, sans jamais faire rire. Malheureusement pour sa gloire, l’imagination tourmentée de Gôngora l’entraîna plus tard hors du bon sens, vers un genre extravagant, une poésie obscure et bouffie, dans laquelle les métaphores accumulées rendent la pensée presque inintelligible. Maints passages des meilleures romances (celle d’Angélique et de Médor, entre autres) annoncent de loin les excès de la seconde manière. C’est dans ce style bizarre, nommé estilo culto ou culteranismo (cultisme), que Gôngora écrivit ses deux poèmes mythologiques : El Pulifemo et la Fabula de Piramo y Tisbe ; un recueil lyrique, Las Soledades, el Panegirico al duque de Lerma, et de nombreux sonnets, hérissés de pointes et boursouilés d’hyperboles ; de plus, trois comédies : Las Firmezas de Isabela, El Doctor Carlino et La Comedia venatoria. Les deux dernières, qui sont purement symboliques, n’ont pas été terminées et forment la partie la plus faible de l’a livre de Gôngora. Pour éclairer tant d’obscurités, il fallai t un commentaire. José Pellicer s’en chargea le premier ; il ouvrit la marche avec les Leccionessolemnesd las ob as de D. Luis de Gôngora (Madrid, 1630, in-4). Pellicer avait reçu les explications du maître sur les passages diiïïciles. A sa suite vint Cristôbal de Salazar Mardones, auti ur d’une llustraeion y deferisa de la fabula de Piramo y Tisbe (Madrid, 1636, in-4) : Enfin, Garcia de Salcedo Coronel, encore plus complet que les autres, annota longuement une partie des œuvres du poète ; son commentaire est en trois volumes et mit dix ans à paraître (Madrid, 1636-46). La première édition de Gôngora date de 1632 ; suivirent celles de Madrid (16."/,) et de Bruxelles (1659). Beaucoup de ses meilleurs vers