Page:Lamirault - La Grande encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 16.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

djebel Eschkel (aussi appelé Achkel) est un massif isolé qui se dresse à 520 m. d’alt. au S. du lac ; celui-ci, gueraat el Eschkel, forme comme un bassin intérieur de 13 kil. de l’E. à l’O. et de 7 kil. du N. au S., qui communique avec le lac de Bizerte par l’oued Tindja ; il est peu profond et sa superficie varie selon les saisons ; après les grandes pluies, il reçoit de nombreuses petites rivières, et ses eaux, ordinairement salées, deviennent tout à fait douces.

E. Cat.

ESCHMANN (Johannes), cartographe suisse, né à Wadensweil (Zurich) le 7 mai 1808, mort le 14 janv. 1852. Orphelin de père et de mère dès son baptême, il fut recueilli à Winterthur par son parrain qui lui fit donner une instruction très complète. Passionné pour l’astronomie et les mathématiques, il suivit à Vienne les leçons de Littrow. En 1833, nous le retrouvons professeur libre d’astronomie à Zurich, fonction qu’il abandonne bientôt pour s’occuper de la triangulation de la Suisse. Ce fut un des principaux collaborateurs du général Dufour pour l’établissement de sa célèbre carte et spécialement pour la vérification des bases trigonométriques : c’est lui qui a fait la description scientifique de cette triangulation. On lui doit aussi la publication d’une carte du cant. de Zurich au l/25000e (1853) où il emploie le système des courbes de niveau.

E. K.

ESCHRICHT (Daniel-Frederik), médecin danois, né à Copenhague le 18 mars 1798, mort à Copenhague le 22 févr. 1863. Élève de Magendie, de J. Muller et de von Baer, il s’occupa avec succès d’anatomie comparée, de physiologie, d’embryogénie, etc. Il fut professeur de physiologie à l’université de Copenhague. Ouvrages principaux : Haandbog i Physiologien (Copenhague, 1834-1841, in-8) ; avec J. Muller, Ueber die arteriösen und venösen Wundernetze an der Leber des Thunfisches, etc. (Berlin, 1836, gr. in-fol.), et nombreux articles dans les recueils périodiques.

Dr L. Hn.

ESCHSCHOLTZ (Johann-Friedrich), médecin et naturaliste russe, né à Dorpat le 1er nov. 1793, mort à Dorpat le 7 mai 1831. Une fois reçu docteur, il s’embarqua avec Kotzebue et Chamisso pour un voyage autour du monde ; en 1819, il devint professeur extraordinaire à Dorpat et obtint en 1822 la direction du cabinet zoologique. En 1823-24, il fit un nouveau voyage avec Kotzebue, puis en 1828 fut nommé à Dorpat professeur ordinaire d’anatomie. Ses ouvrages offrent une grande valeur : Ideen zur Aneinanderreihung der rückgratigen Thiere auf vergl. Anatomie gegründet (Dorpat, 1819, in-8) ; Zoologischer Atlas, etc. (Berlin, 1829-1831, in-fol.) ; System der Acalephen (Berlin, 1829, in-4, pl.), etc.

ESCHSCHOLTZIA (Eschscholtzia Cham.) (Bot.). Genre de Papavéracées, qui a donné son nom au groupe des Eschscholtziées. Ce sont des herbes, à feuilles alternes, multiséquées, à fleurs régulières et hermaphrodites, présentant un calice et une corolle tétramères et périgynes, des étamines en nombre indéfini et un ovaire infère, devenant à la maturité une capsule étroite, allongée, s’ouvrant en deux valves dont les bords portent les graines. L'E. crocca Ch. et l’E. Californica Ch. (Chryseis Californica Lindl.), tous deux de l’Amérique du Nord, sont fréquemment cultivés dans les jardins comme plantes d’ornement.

Ed. Lef.

ESCHWEGE. Ville d’Allemagne, royaume de Prusse, district de Cassel, sur la Werra ; 9,000 hab. Tanneries, filatures, etc. En 1070, Otto de Nordheim y défit les Thuringiens. Eschwege appartint à la Hesse depuis 1431. Ce fut, de 1627 à 1655, l’apanage de Frédéric de Hesse-Cassel, qui mourut sans descendants.

ESCHWEILER. Ville d’Allemagne, royaume de Prusse, district d’Aix-la-Chapelle (Province Rhénane), sur l’Inde ; 15,600 hab. Cité industrielle ; hauts fourneaux, fonderies, laminage, fabrique de rails, etc. Le fer vient du Luxembourg ; les mines voisines fournissent la houille (200,000 tonnes par an). On y travaille aussi le zinc, le plomb, le cuivre. On y fabrique des machines, des aiguilles, etc.

ESCHYLE (Αἰσχύλος), célèbre poète tragique athénien, né en 525 av. J.-C., mort près de Géla (Sicile) en 456 av. J.-C. Il était originaire du dème d’Éleusis, fils d’Euphorion et probablement frère de Cinégyre, qui périt héroïquement à Marathon ; on lui a donné pour frère Aminias de Pallène, mais cela est douteux, car alors il faudrait admettre qu’Eschyle n’était pas d’Éleusis, mais simplement initié aux mystères éleusiniens. Quoi qu’il en soit, il était d’une vieille famille noble. Il combattit à Marathon (490) et plus tard à Artémisium, à Salamine et à Platées. Il était lié avec Ion. On ne sait à quel moment il composa ses premières tragédies ; mais les marbres de Paros placent en 485 sa première victoire dans les concours. Il s’acquit une grande gloire dans sa patrie, mais la quitta pour se rendre en Sicile ; ces voyages en Sicile, d’où il revint plusieurs fois à Athènes, sont le point le plus obscur de sa biographie. Les auteurs anciens ne sont d’accord ni sur la date, ni sur les causes. On a raconté qu’il partit d’Athènes humilié d’avoir été vaincu dans un concours tragique par Sophocle ; d’autres disent par Simonide dans les poésies élégiaques en l’honneur des morts de Marathon. Ces récits sont parfaitement invraisemblables. Ce qui est acquis, c’est qu’Eschyle se rendit auprès d’Hiéron, tyran de Syracuse, qui l’avait invité ; il devait y être au moment de la fondation de la ville d’Etna, vers 476 ; à cette occasion, il composa les Etnéennes ; il revint à Athènes où il fit jouer les Perses en 473 ; il se rendit de nouveau auprès d’Hiéron et fit représenter les Perses devant lui ; au bout de trois ou quatre années, il revint à Athènes, peut-être à cause d’une maladie d’Hiéron, en 469. Comme c’est cette année que Sophocle remporta sa première victoire dans les concours tragiques, il est possible qu’Eschyle fut au nombre des concurrents dont il triompha. Mais il est certain que le vieux poète demeura alors plusieurs années dans sa patrie où il fut couronné pour sa trilogie des Sept contre Thèbes ; il y était encore en 459, date de la représentation de l’Orestie, et il n’y a pas de raison de supposer qu’il s’en soit absenté dans l’intervalle. Ensuite il repartit pour la Sicile et se fixa à Géla où il mourut au bout de trois ans. On ignore les motifs de ce dernier départ, mais les auteurs anciens s’accordent à l’attribuer à des tracas encourus par Eschyle ; l’origine en fut apparemment sa tragédie des Euménides, où il marque son attachement aux vieilles institutions et à l’Aréopage que la démocratie va renverser. On ne sait si c’est à ce moment qu’il fut accusé d’avoir révélé sur la scène les secrets des mystères, mais il est probable que cette accusation, du chef de laquelle l’Aréopage l’acquitta, fut produite quelques années auparavant. Des fables ridicules ont été narrées à propos de la mort d’Eschyle : on dit qu’il avait été tué par un aigle, laissant tomber sur son crâne chauve une tortue qu’il emportait ; l’origine de cette fable parait être l’interprétation enfantine d’un monument figuré ; probablement une apothéose symbolique où un aigle emportait au ciel une lyre (carapace de tortue). C’est l’opinion de Gœttling (De Morte fabulosa. Æschyli ; Iéna, 1854). Après sa mort, les Athéniens rendirent hommage au grand poète : son fils Euphorion présenta au concours les pièces non encore représentées et fut quatre fois couronné ; le peuple décida qu’on représenterait à nouveau plusieurs pièces antérieures. Ses fils Euphorion et Bion, son neveu Philoclès, puis Morsimos, les deux Astydamas et un autre Philoclès écrivirent des tragédies imitées de celles d’Eschyle. Un siècle après, on lui érigea une statue d’airain sur le théâtre. Son tombeau à Géla devint un lieu de pèlerinage.

La biographie d’Eschyle nous a été principalement transmise par la notice (Βίος Αἰσχύλος) qu’un compilateur rédigea et qui est reproduite en tête de la plupart des éditions. Les éléments de cette notice ont été puisés dans des ouvrages plus étendus : de Chamæleon (Περὶ Αἰσχύλος) ; d’Héraclide du Pont (Περὶ τῶν τριῶν τραγῳδοποιῶν) ; d’Aristoxène (Βίοι ἀνδρῶν) ; de Dicéarque (Βίος Ἑλλάδος). Parmi les autres notices consacrées à Eschyle, la plus utile est celle de Suidas.