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DÉSINFECTION — DÉSIRADE
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vapeur d’eau, le chlorure de chaux, le chlorure de zinc, le sulfate de zinc, le bichlorure de mercure, l’acide phé— nique, l’acide sulfurique, l’essence de térébenthine, le chlore, l’acide sulfureux. La désinfection des cours, enclos et herbages se fait par l’enlèvement des déjections, par le lavage à grande eau des cours et l’arrosage avec un liquide désinfectant des places où se trouvent les animaux, soit à l’écurie, soit dans les herbages. On désinfecte le fumier en l’arrosant, ainsi que les fosses à purin, avec une solution de sulfate de zinc ou de nitro-sulfate de zinc. Quant aux voitures qui ont servi à transporter les cadavres, elles sont, après déchargement, balayées et lavées à grande eau et, une fois qu’elles sont séchées, on verse dessus un liquide désinfectant. Les mains, les vêtements, les chaussures des personnes seront lavés et nettoyés également. Le défaut de désinfection constitue un délit passible d’une peine variant de dix jours à deux mois d’emprisonnement et de 16 à 400 fr. d’amende. La désinfection s’applique également aux abattoirs et aux ateliers d’équarrissage ainsi qu’à tous les entrepreneurs de transports, soit par terre, soit par eau. « Tout entrepreneur de transports par terre ou par eau qui aura transporté des bestiaux devra, en tout temps, désinfecter, dans les conditions prescrites par le règlement d’administration publique, les véhicules qui auront servi à cet usage » (loi du 21 juil. 1881, art. 1(3 et art. 93, 94 et 95 du règlement). — « En tout temps, quoi que soit l’état sanitaire, les wagons qui ont servi au transport des animaux seront nettoyés et désinfectés après chaque voyage dans les vingt-quatre heures qui suivent le déchargement. Immédiatement après la sortie des animaux, il est apposé sur l’une des faces latérales du wagon un écriteau indiquant qu’il doit être désinfecté. » — Art. 94 : « Les hangars servant à recevoir les animaux dans les gares de chemins de fer, les quais d’embarquement et de débarquement et les ponts mobiles sont nettoyés et désinfectés après chaque expédition ou chaque arrivée d’animaux. » — Art. 95 : « Les bateaux et navires qui ont servi au transport des animaux doivent être nettoyés et désinfectés dans le plus court délai après le déchargement. » Les arrêtés ministériels des 50 avr. et 12 mai 1883 font connaître les règles à suivre pour la désinfection du matériel servant à transporter les animaux, qu’il s’agisse de transports par terre, par eau ou par voie ferrée ; les arrêtés indiquent quand et de quelle manière doit avoir lieu la désinfection, fixent les taxes que les compagnies de chemins de fer sont autorisées à percevoir à titre de frais de désinfection : 40 cent, par cheval, poulain, âne et mulet ; 30 cent, par bœuf, taureau, vache, génisse ; 15 cent, par veau ou porc ; 5 cent, par mouton, brebis, agneau, chèvre. La désinfection des véhicules de transport est très importante au point de vue de la prophylaxie des maladies contagieuses ; aussi la loi est-elle sévère pour ceux qui la négligent : « Tout entrepreneur de transport qui aura contrevenu à l’obligation de désinfecter son matériel sera passible d’une amende de 100 à 1, 000 fr. Il sera puni d’un emprisonnement de six jours à deux mois s’il est résulté de cette infraction une contagion parmi les autres animaux » (loi du 21 juil. 1881, art. 33).

Bibl. : Hygiène. — G. Morache, Traité d’hygiène mililaire. — E. Vallin, Traité des désinfectants et de la désinfection. — Chaluet, Des Désinfectants et de leur application à la thérapeutique et à l’hygiène, dans Mémoires de VAcad. de médecine, 1803, t. XXVI. — E. Vallin, De la Désinfection par l’air chaud, clans Annales d’hygiène, 1877, t. XLV1II, p. 276. — Du môme, Des Appareils à désinfection applicables aux hôpitaux, dans Reuue d’hygiène et de police sanitaire, oct. 1879, pp. 813 et 893. — Du même, Des Appareils a désinfection par l’air chaud destiné à la désinfection des vêlements, literie, etc., dans Revue d’hygiène et de police sanitaire, juil. 1881, p. 585.

— D r A. Naiiias, Manuel d’hygiène industrielle, 1882. — De Freycinet, Traité d’assainissement industriel. — L. Ser, Traité de physique industrielle, 1890, t. II, l r0 part. Art vétérinaire. — Peuch et Galtier, Police sanitaire des animaux.

DESINGY. Coin, du dép. de la Haute-Savoie, arr. de Saint-Julien, cant. de Seyssei ; 1, 039 hab.


DÉSINTÉGRATEUR (Techn.) (V. Broyeur, t. VIII, p. 193).

DÉSIR. Le désir est la conscience que nous avons de la tendance à rechercher quelque bien ou à éviter quelque mal. Le désir est parfois vague et peu précis ; il représente une tendance indéterminée au changement d’état, il vient alors d’un déplaisir, d’une lassitude, d’un malaise, qui ne va pas jusqu’à éveiller des images motrices déterminées. Le plus souvent, le désir se précise et prend sa forme complète. Le désir est donc comme le ressort psychologique de tout mouvement et suppose : 1° le sentiment pénible d’une privation présente ; 2° l’appréhension d’un bien futur. Si on possédait ce qu’on désire, on ne désirerait pas ; si on ne se représentait rien de bon, on serait inquiet, agité, mais il n’y aurait aucune direction stable des mouvements et par conséquent le désir serait commencé, ébauché, mais demeurerait incomplet. Même dans l’inquiétude, l’agitation sans but nettement déterminé n’a pas lieu sans quelque représentation du bien. On suppose toujours que le changement produira un état plus supportable. Ainsi, en fait, le désir a pour cause efficiente une peine, et pour cause finale un bien. Les deux causes agissent à la fois et si, d’un point de vue métaphysique, c’est la cause finale ou le bien qui explique tout, d’un point de vue psychologique Locke (Essais sur l’entendement humain, 1. II, ch. xxi ; V. aussi Leibniz, Nouveaux Essais, liv. II, ch. xxi) a pu expliquer le désir par l’inquiétude. D’un point de vue métaphysique, il est vrai de dire que le bien est la raison du désir, que le bien est désiré parce qu’il est bon ; c’est bien parce que la nourriture nous est bonne que nous la désirons quand nous avons faim ; mais, d’un point de vue psychologique, c’est le désir qui nous montre les choses bonnes ; c’est parce que nous les désirons que les choses nous paraissent bonnes. Si nous ne désirions pas manger, nous ne mangerions pas et nous ne saurions pas si la nourriture nous est bonne ; elle nous serait indifférente, puisque nous l’ignorerions. Il faut donc que le désir précède psychologiquement le bien, car le bien n’est connu que par l’expérience et l’action ; or, l’action n’est possible que par le désir. Si donc on ne désirait qu’après avoir connu le bien qu’on désire, on ne désirerait jamais, puisque le désir est nécessaire à l’action, et, par elle, à la connaissance du bien. On voit par là que le désir, étant indispensable à l’action, doit se trouver dans la volonté ; tout ce qui est voulu est désiré. Cependant c’est une question de savoir si la réciproque est vraie, c.-à-d. si tout ce qui est désiré estaussivoulu.il y a évidemment des désirs auxquels nous n’acquiesçons pas ; cependant on peut soutenir que, s’ils sont éliminés et n’arrivent pas à se réaliser, c’est uniquement grâce à la force d’autres désirs rivaux, de sorte que l’acquiescement de la volonté ne serait en somme que le résultat de la force d’un désir ; le vouloir serait une sorte de désir. Cette question, déjà effleurée au mot Arbitre (Libre), sera discutée avec les développements qu’elle comporte au mot Volonté. G. Fonsegrive.

DÉSIRADE (La). La plus orientale des Petites Antilles, cette ile est située à l’E. de la Guadeloupe. Elle s’allonge du S.-O. au N.-E., de la pointe des Colibris à la pointe du Nord, sur une longueur de ll k 300 ; sa largeur est de 2 kil. et sa superficie de 2, 200 hect. Tailfée à pic sur presque toute l’étendue de ses côtes, elle a pour point culminant au S.-O. le morne Frégule (280 m.) ; elle ne renferme que deux baies médiocres : à l’O., la rade au fond de laquelle s’élève le petit port du Galet, et, au N.-E., la baie Mahault près de laquelle on avait fondé en 1728 une léproserie. La principale culture de cette ile, qui ne renferme qu’environ 1, 100 hab., est celle du coton ; 47 hect. y étaient consacrés en 1 886 et occupaient 382 travailleurs répartis en 15 habitations. — Découverte en 1493 par Christophe Colomb, la Désirade n’a cessé d’appartenir à la France que de 1762 à 1763, et depuis la rupture de la paix d’Amiens jusqu’en 1814. Au point de vue administratif, elle relève actuellement de la Guadeloupe. J. G.