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CORFOU — CORLNDRE

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se subdivise en trois éparchies, Corfou ou Kerkyra, Messi et Oros.

Histoire. L’ile de Corfou s’appela primitivement Drepane (c.-à-d. croissant), par allusion à sa forme, plus tard Corcyre ou Kerkyra ; les Byzantins et les Turcs la nommèrent Konyphus (c.-à-d. sommet). Il est probable que la légende des Pheaciens (V. ce nom) de l’Odyssée se rapporte dans une certaine mesure à cette île. La population la plus anciennement connue semble avoir été formée de Liburniens, les mêmes qui occupaient les côtes de Dalmatie, hardis marins et pirates. En 734, les Corinthiens colonisèrent l’ile en même temps que Syracuse ; le chef de cette expédition était Chersicrate. Des colons érétriens sont aussi signalés. La situation de Corcyre à l’entrée de l’Adriatique, au point où les côtes grecques et italiennes sont le plus rapprochées, favorisa le développement de la colonie qui devint très importante. Dès 664, elle s’affranchit et les Corinthiens eurent le dessous dans une bataille navale, la première de l’histoire grecque. Soumis de nouveau par Périandre (V. ce nom et Corinthe), les Corcyréens s’affranchirent bientôt. Au temps de la guerre médique, ils possédaient une puissance navale considérable ; leur commerce avec les riverains de l’Adriatique et les villes de la Grande Grèce les enrichissait ; les jarres et les poteries de Corcyre étaient célèbres ; les navires corcyréens transportaient les pèlerins de Dodone. Fièredesa puissance, la colonie dédaignait sa métropole, n’accordant aux visiteurs corinthiens aucun des honneurs auxquels ils avaient droit dans une colonie (place d’honneur dans les fêtes, prémices des sacrifices, etc.). Cependant Corcyre avait conservé le système monétaire corinthien ; elle avait opéré d’accord avec la métropole la fondation de colonies dans ses parages. Elle avait occupé seule la côte (Pérée), située en face de l’ile, mais avait assisté les Corinthiens dans la fondation de Leucade et d’Anactorium, leur avait demandé un chef officiel (œkiste) pour ses colonies d’Apollonie et d’Epidamne. C’est de là que vint la rupture (V. Corinthe) qui provoqua la guerre du Peloponèse. Affaiblie par de sanglantes guerres civiles, Corcyre déclina et vit Syracuse lui enlever la prépondérance danslamer Ionienne. Menacée par Agathoclés, Corcyre fut prise par le prince lacédémonien Cléonyme (vers 303) qui en lit sa base d’opérations ; Cassandre assiégea la ville ; Agathocle la débloqua et s’en empara, puis la rétrocéda à Pyrrhus (V. ce nom). Plus tard l’ile fut occupée par les pirates illyriens. En 229, les Romains s’en emparèrent et lui rendirent sa liberté ; puis ils l’annexèrent à la province d’Epire. Rattachée à l’empire d’Orient, elle en suivit les destinées. Les Vandales de Geiserich, les Ostrogoths (530), les Slaves ne firent qu’y passer. Au xi c siècle, les Normands l’occupèrent ; après la conquête opérée en 1147, par Roger de Sicile, Corfou resta soumise aux rois de Naples. En 1386, les Vénitiens s’en rendirent maîtres et, en 1401, ils l’achetèrent pour 30,000 ducats au roi de Naples ; ils la firent administrer par des provéditeurs et réussirent à s’y maintenir contre les Turcs. Ceux-ci dirigèrent contre Corfou deux expéditions mémorables. En 1537, ils débarquèrent 80,000 hommes dans l’ile, mais ne purent s’emparer de la forteresse ; après un siège de huit jours, ils se retirèrent. En 4716, la place, défendue par le comte de Schulenburg, leur résista également. En 1797, après l’abolition de la république vénitienne, Corfou passa aux Français avec les autres îles Ioniennes ; ce fut le chef-lieu d’un département. Depuis lors, Corfou suivit la destinée des autres lies Ioniennes (V. ce nom). Passée en 1813 sous le protectorat de la Grande-Bretagne, elle fut rétrocédée à la Grèce en 1864. Les fortifications de Corfou ont été rasées et l’ile neutralisée (avec Paxo) en vertu d’une décision de la conférence de Londres (janv. 1864).

11. Ville. — La ville de Corfou, capitale de l’ile, est située à l’E. La ville a 19,000 liab. (en 1889), le dème, 27,000 environ. Son port, profond de 26 m., est très sûr ; les montagnes l’abritent au N. et à l’O. ; il est relié par des lignes de vapeurs à l’Italie, à Trieste, à Athènes, à Alexandrie, à l’Angleterre. Les rues sont étroites et ombreuses, les maisons de style vénitien avec des arcades. Le roi y possède un palais où il séjourne en été. La cathédrale grecque (avec les reliques de saint Spiridion) et la cathédrale romaine sont les principales églises. L’industrie est faible ; le commerce actif ; en 1886, le, mouvement du port a approché d’un million de tonnes (les 19/20 es pour la navigation à vapeur). Siège d’un archevêché grec, d’un évêché catholique, Corfou fut jadis une forteresse célèbre, puis la capitale de la république des îles Ioniennes, siège du parlement des îles, d’une université (1 824) et résidence du lord haut commissaire anglais.

Bibl. : Riemann, Recherches archéologiques sur les lies Ioniennes ; Paris, 1879, 3 vol. (Bibl. des Éc. d’Ath. et de Rome). — Marmora, Hisloria di Corfu ; Venise, 1872. — Kirkwall, Four Years in the Ionian islands ; Londres, 1864, 2 vol. — Warsberg, Odysseische Landschaften ; Vienne, 1878, t. II.

CORGENGOUX. Coin, du dép. de la Côte-d’Or, arr. de Beaune, cant. de Seurre ; 523 hab.

C0RGIRN0N. Corn, du dép. de la Haute-Marne, arr. de Langres, cant. de Fayl— Billot ; 435 hab. CORGNAC. Com. du dép. de la Dordogne, arr. deNontron, cant. de Thiviers ; 1,211 hab.

C0RG0L0IN. Com. du dép. de la Côte-d’Or, arr. de Beaune, cant. de Nuits ; 816 hab.

CORIAMYRTINE (Chim.). Form. ( JgJ ^T To° La coriamyrtine est le principe vénéneux du redoul ou corroyére à feuilles de myrte, Coriaria myrtifolia. Elle a été retiréede cette plante par Riban en 1863 (thèse de Montpellier. Comp. Ren., ’t. LXII ; Soc. ch., t. VII, 79). On la prépare en exprimant le suc des baies ou des jeunes pousses de mai ; on précipite le suc filtré par le sous-acétate de plomb, on enlève l’excès de réactif par l’hydrogène sulfuré et on évapore en consistance sirupeuse ; cet extrait cède à l’éther la coriamyrtine, qu’on purifie par cristallisation dans l’alcool. C’est une substance blanche, amère, vénéneuse, qui cristallise en primes clinorhombiques. Elle est anhydre et fond vers 220° en un liquide incolore, qui cristallise par le refroidissement. Elle est peu soluhle dans l’eau, l’alcool et le sulfure de carbone, soluble dans l’éther, le chloroforme, la benzine ; sa solution alcoolique dévie à droite le plan de polarisation de la lumière polarisée :

[a]j = +24°5

Les lessives alcalines la brunissent à l’ébullition ; les solutions barytique et calcique la transforment, par fixation d’eau, en sels hygrométriques, solubles dans l’eau et dans l’alcool, insolubles dans l’éther. Les acides minéraux l’attaquent et l’altèrent, plus ou moins profondément ; avec l’acide nitrique concentré, elle engendre un dérivé nitré. Le brome fournit un produit de substitution très amer, cristallisable en aiguilles, répondant à la formule C 60 H 34 Br 2 20

Riban signale la réaction suivante comme caractéristique : lorsqu’un traite un peu de cette substance, vers 100°, par l’acide iodhydrique concentré, il se forme un corps noir, mou, qu’on lave à l’eau et qu’on dissout dans l’alcool. En ajoutant à cette liqueur quelques gouttes de soude caustique, il se développe une couleur rouge pourpre, persistante, mais qu’une affusion d’eau fait disparaître. Ed. B. CORIANDRE. I. Botanique. — {Coriandrum Tourn.). Genre de plantes de la famille des Ombellifères et du groupe des Garées (V. H. Bâillon, Hist. des PL, VII, p. 128). L’espèce type est le Coriandrum sativum L., qu’on appelle vulgairement Coriandre, Punaise mâle, Mari de la Punaise, à cause de son odeur forte, nauséeuse, assez semblable à celle de la Punaise des lits. C’est une herbe annuelle, dont la tige dressée porte des feuilles pennatiséquées, à segments larges, cunéiformes, incisesdentés. Les fleurs, de couleur blanche, sont disposées en ombelles composées, pourvues d’involucelles à trois folioles