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ciales s’opèrent d’ailleurs par des échanges en nature. Les matières d’or et d’argent sont soumises à de minutieuses réglementations qui en rendent souvent l’usage difficile. Les principales mesures de longueur sont : le bras ou pal dont le tiers est le dja qui équivaut à peu près au pied anglais ; sa dimension varie d’ailleurs beaucoup suivant les In. alites et la marchandise ; à Séoul, il vaut 52 centim. pour le drap, et 42 centim. pour la soie. Mesures de capacité : la poignée ou hop ; 10 hop = 1 toi ; 10 toi = 1 mal ou boisseau ; "20 mal = 1 siem ou som, c’est le sac. L’unité de poids est la livre ou kiun = 16 niang ou onces ; 1 niang = 10 ton ; 1 ton = lOpun ; 1 pun = 1 ri. Le poids de l’once ou niang à Séoul est de 38 gr. Les Coréens emploient les balances romaines usitées à la Chine. Histoire. — C’est dans les livres chinois qu’il faut puiser les documents de l’histoire de la Corée, dont on ne connaît rien, d’ailleurs, avant les premiers siècles de l’ère chrétienne. La Corée était alors divisée en trois royaumes : au N. et au N’.-E., le royaume de Kao-li ; à l’O. celui de Pe-tsi, et au S.-E., celui de Sin-la. C’est ce dernier royaume qui a été souvent en lutte avec le Japon, et parait avoir eu longtemps la suprématie sur les autres. Vers la fin du xi e siècle, le roi de Kao-li, Ouang-kien, soutenu par la Chine, s’empara des deux autres royaumes et constitua l’unité de la Corée. La dynastie de Kao-li, qui s’appuyait sur la dynastie Youen mongole de Chine, perdit cette haute protection, lorsque les Ming chinois se furent emparés en 1368 du trône du Céleste-Empire ; aussi, en 1392, un certain Li-tan ou Taï-tso, aidé par les Ming, s’empara du pouvoir et fonda la dynastie qui règne encore aujourd’hui en Corée, Isi-tsien. Les successeurs de Taïtso eurent à subir de nombreuses guerres avec le Japon, et, en 1392, le célèbre Tai-ko-sama envoya une formidable armée en Corée, qui s’empara de presque tout le pays et l’aurait définitivement gardé sans la mort de Taï-ko-sama, arrivée en 1398. En 1613, la paix fut signée entre la Corée et le Japon, qui gardait le port de Fou-san et recevait un tribut. Depuis 1636, époque à laquelle le roi de Corée, partisan des Ming, fut attaqué par les Mandchous, qui s’emparèrent de Séoul, et lui imposèrent, par un traité signé en 1637, des conditions de vasselage beaucoup plus humiliantes, la Corée, quoique souvent déchirée par des luttes intestines, n’a plus eu de guerre étrangère. Le roi actuel se nomme Li Ying-koum.

Relations étrangères. Les étrangers n’ont guère connu de la Corée tout d’abord que l’Ile de Quelpaert ; en 1633, un navire hollandais, VEpcrvicr (Sperwer) parti de Batavia à destination de Formose et du Japon, fit naufrage sur la côte de cette île ; des soixante-quatre hommes d’équipage, trente-six seulement furent sauvés et recueillis par les habitants ; ils furent conduits en Corée, où ils restèrent en captivité pendant treize ans et vingt-huit jours ; en 1666, sur seize survivants, huit réussirent à s’échapper et à regagner leur patrie en 1668. Le récit de cette longue captivité a été fait par Hendrick Hamel, de Gorcum. Il est probable que ces Hollandais n’étaient pas les premiers étrangers qui arrivaient en Corée, et on peut supposer avec raison que les établissements arabes de Si-là au x e siècle étaient ceux de Corée (Sin-la) . Plus tard, le père Régis donna au xviu c siècle des observations géographiques et une histoire de la Corée. En 1832, le missionnaire protestant Karl Gtitzlaff fit à bord du Lord Amherst, appartenant à l’East India Company, un voyage sur les côtes de Chine, de "Formose, de Corée et des Liou-chou. Le 10 août 1847, nous perdions sur les côtes de Corée deux vaisseaux, la Gloire et la Victorieuse. En 1831, le Narwal, baleinier français, se perdit sur les îles de la côte S.-O. de Corée, dans la nuit du 2 au 3 avr. ; l’équipage à l’exception d’un homme ayant échappé au naufrage, le second du navire se rendit à Chang-hai dans une des chaloupes du baleinier prévenir le consul de France, M. de Montigny, qui équipa un lortcha, et, accompagné de son interprète, M. le comte Kleczkowski, alla chercher lui- 963 — CORÉE

même ses compatriotes. En réalité, la première intervention sérieuse des étrangers fut celle des Français en 1836, à la suite du massacre des missionnaires catholiques. Il esl possible que l’invasion de Taï-ko-sama, au xvn e siècle, ait laissé en Corée des germes de christianisme ; mais, en réalité, l’introduction officielle de cette religion remonte à l’époque du père Jacques Tsiou, venu de Pe-king, qui pénétra en Corée en 1794 et fut martyrisé en 1801. En 1834, la Corée était détachée du vicariat apostolique de Pe-king, pour iormer un vicariat indépendant confié à Mgr Bruguière, de la Société des Missions étrangères, évêque de Capse, coadjuteur du vicaire apostolique de Siam, qui, d’ailleurs, n’arriva pas à destination. Dès 1839, trois missionnaires en Corée, Mgr Imbert, MM. Maubant et Chastan furent décapités ; le vicariat, dirigé ensuite par Mgr Ferréol, puis par Mgr Berneux, vit se renouveler, en 1866, la terrible persécution de 1839 ; au mois de mars 1866, Mgr Berneux et son coadjuteur Mgr Daveluy et les abbés de Bretenières, Beaulieu, Dorie, Pourthié, Petitnicolas, Àumaltre et Huin furent martyrisés ; trois prêtres seulement échappèrent au massacre, MM. Féron, Calais et Ridel. Ces derniers se rendirent à Tien-tsin pour annoncer ce désastre à l’amiral français Boze ; le 18 sept. 1866, la corvette le Primaugitet, l’aviso le Déroulède, et la canonnière le Tardif partaient de Tche-fou pour la Corée. Cette flottille s’engageait dans le détroit de Kanghoa, et remontait le Han-kang jusqu’en vue de la capitale où elle arrivait le 23. Cette reconnaissance effectuée, les vaisseaux français étaient de retour le 3 octobre à Tchefou. Quelques jours plus tard, l’amiral se remettait en route. Je ne puis mieux faire que de transcrire ce passage du rapport officiel : « Parti de Tche-fou le 11 oct. avec la frégate la Guerrière, les corvettes à hélice le Laplace et le Primauguet, les avisos le Déroulède et le Kieuchan , les canonnières le Jardif et le Lebreton, le contre-amiral Roze mouillait le 13, avec sa division, devant l’Ile Boisée, à dix-huit milles de Kang-hoa. Le lendemain, les canonnières remontèrent la rivière Salée (détroit de Kang-hoa), remorquant les embarcations qui portaient les compagnies de débarquement de la Guerrière et des corvettes, ainsi qu’un détachement des marins fusiliers du Yokohama. A peine débarqués, nos marins occupèrent les hauteurs sans rencontrer la moindre résistance, et campèrent a 3 kil. de Kang-hoa. Le 13, une reconnaissance fut exécutée par une colonne commandée par M. le capitaine do frégate comte d’Osery ; arrivée près d’un fort qui domine la ville, elle fut accueillie par un feu bien nourri de mousqueterie et par celui de deux canons de petit calibre. Après un engagement de quelques minutes, le fort fut occupé, et les Coréens s’enfuirent, laissant un drapeau entre nos mains. » Le 16, la ville était prise, le 19, l’amiral Roze recevait une lettre du roi de Corée, à laquelle il répondit en faisant connaître les satisfactions qu’il réclamait. Dans un engagement qui eut lieu le 17nov. près de Kang-hoa, nous eûmes plusieurs hommes blessés ; quelques jours plus tard, l’amiral Roze, ne recevant pas de réponse du roi de Corée et craignant à l’entrée de l’hiver des difficultés dans la navigation, se décida à retourner en Chine. La destruction de Kang-hoa, qui est le seul événement important de cette expédition, fut loin de produire en Corée l’impression qu’en attendait l’amiral Boze ; les Coréens devinrent plus insolents et se préparèrent a repousser d’autres attaques étrangères ; l’occasion se présenta bientôt : un navire à voiles américain le General Sherman, envoyé en Corée, fut détruit par les habitants et l’équipage massacré (1866). En 1867, le navire de guerre américain Wachusett fut envoyé en Corée par l’amiral Bowan pour faire une enquête sur cette affaire, enquête qui n’aboutit pas. En conséquence, le contreamiral Bodgers, commandant en chef de l’escadre asiatique, sur le vaisseau Colorado, avec les corvettes Alaska et Benicia, les canonnières Monocacy et Palos, se rendit en Corée ; au l or juin 1871, pendant qu’on faisait des