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COKEE

mer ; à l’O. et au S. la mer de Chine prend le nom de Houang-haï, ou mer Jaune, et elle creuse deux golfes principaux, l’un désigné sons le nom de golfe de Corée au fond duquel se déverse le Ya-lou-kiang, dessiné d’une part par la presqu’île de Liao-toung , de l’antre par le renflement de la province Houang-haï-to, vers le cap Chan-toung ; le second golfe est celui qui indique d’une part cette même province et de l’autre la presqu’île de Naï-po, dans lequel se trouve la rivière de Séoul, et l’île de Kang-hoa. Vers la pointe S., se trouve un grand nombre d’iles, parmi lesquelles Port Hamilton que les Anglais ont occupé récemment pendant quelques mois, puis, plus au large, et complètement au S., la grande Ile de Quelpaert. A partir de son point extrême, la côte coréenne forme vers l’E. un renflement sensible dont le point culminant est vers le HT degré ; à cette courbe succède vers le 3X 1, degré et demi une dépression profonde, connue sous le nom de golfe de Broughton, qui marque la dernière grande échancrure de la côte avant la baie de Possiet. Trois caps assez, importants indiquent les saillies de la côte orientale, que baigne la mer du Japon, formant une sorte de mer intérieure avec les possessions russes et la Corée d’une part, et les iles Sakbalin et du Japon d’une autre ; ces caps sont, en allant du S. au N., le cap Clonard (province de Kieng-sang-to), le cap Petchourov (province de Kang-ouen-to) et lecapBruat (province de Ham-kieng-to). Vers le S.-O., c.-à-d. vers Fou-san, la côte coréenne se rapproche des iles japonaises de Nippon et Kiou-siou dont elle est séparée par le détroit de Corée. Au milieu de ce dernier se trouve l’île de Tsou-si-ma, qui dédouble le détroit de Corée en détroit de Broughton, vers Fou-san et en détroit de Kriisenstem vers le Japon. Fou-san est relié au Japon par un cable sous-marin, apporté par le Great NorthernieQi nov. 4X83.

Relief du sol. La presqu’île coréenne est essentiellement montagneuse ; une chaîne de montagnes principale avec de nombreux contreforts, dépendance des Chan-alin, la parcourt du N. au S., la divisant en deux bassins, l’un oriental, beaucoup plus étroit, l’autre occidental ; la plaine n’est guère représentée à l’O. que par la plaine de Naï-po. Dans les forêts, nombreuses surtout dans le N., on rencontre des bois de construction, particulièrement des pins et des sapins. Dans les montagnes, on trouve de l’or, de l’argent et du cuivre ; partout on voit des troupeaux de bétail et le riz est cultivé dans presque toutes les vallées, spécialement dans le Naï-po, qui a été surnommé le grenier de la Corée. Outre le riz, on cultive également le blé, le millet et le seigle, ainsi que le gin-seng , cette plante si recherchée par les Chinois, qui en font un grand usage dans leur pharmacopée.

Régime des eaux. En dehors des deux fleuves (frontière du N.) le Ya-lou-kiang et le Mi-kiang, il y a peu de fleuves importants en Corée ; nous ne citerons, en commençant par le N. sur le versant occidental, que le Tseng-tien, le Taï-tang, le Hang-kang, le Keum-kang ; à l’E., que leNak-tong. Climat. Le froid est excessif pendant l’hiver, époque à laquelle le Mi-kiang est gelé, et la neige tombe en abondance ; des pluies torrentielles tombent pendant l’été qui est fort chaud ; les belles saisons sont le printemps et l’automne ; somme toute, climat malsain. Henri Cordier. Ethnologie. La Corée est restée, à bien des égards, une terre mystérieuse ; et si quelques étrangers y ont pénétré, elle a été jusqu’à présent presque entièrement soustraite aux investigations des savants. Nous ne pouvons même pas songer à fournir des indications sur son peuplement et son passé préhistorique. Et si nous sommes familiarisé avec le type physique de ses habitants, c’est grâce uniquement a son affinité certaine avec celui des Chinois et des Japonais. On croit savoir positivement que ce type n’est pas unique et présenterait au contraire trois variétés distinctes d’origine probablement différente (de Rosny). Le premier de ces types, le plus répandu, est. d’origine altaïque ; sa caractéristique est connue : tête très GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XII.

large ou brachycéphale, peau glabre et jaunâtre, nez court et aplati, cheveux noirs et durs, yeux obliques bridés. L’influence chinoise est chez lui sensible ; mais il s’écarte des Chinois par des traits mongoliques et on le dit d’origine tongouse ( ?). Le second type frappe tout d’abord par sou aspect européen, son visage ovale, son nez presque droit, long et saillant, son teint plus clair, une certaine pilosité des membres, sa barbe mieux fournie, ses lèvres minces. Les caractères du crâne, qui est allongé au lieu d’être court, sont en rapport avec cet aspect extérieur. Le troisième type coréen est bien moins distinct en raison du moindre nombre de ses représentants et de son mélange avec les deux éléments précédents. Il se rencontrerait dans les plus basses classes. On le rapproche du premier des deux types précédents. Mais il y a des contradictions dans la peinture qu’on en fait. Chez lui les mâchoires seraient plus proéminentes, la barbe moins fournie, le nez moins écrasé, le teint moins jaune et plus brun. Sa véritable origine nous serait, révélée par les caractères des femmes. On remarque en eil’et dans les basses classes surtout, dit M. de Rosny, des physionomies qui rappellent étonnamment celles des femmes aïno de Yeso ou de Karafuto. Les hommes du peuple sont très robustes. Les femmes font les plus durs travaux. Leurs maisons sont petites et en général de construction rudimentaire. Ils peuvent être très sobres. Mais ce serait chez eux un honneur de manger beaucoup. Le riz est la hase de leur alimentation. Mais ils connaissent à peine le thé et boivent l’eau de cuisson du riz. Ils consomment beaucoup plus de viande (bœuf, porcs, poulets, gibier, poisson) que les Japonais. Leur vêtement essentiel consiste en une jaquette à manches étroites qui suffit aux hommes, mais qui ne descend qu’à la taille chez les femmes ; celles-ci ont alors par-dessus une courte jupe. Le tout est généralement en toile de chanvre blanche. Les chapeaux sont énormes et comparables à des ombrelles. Il est difficile de distinguer dans leurs mœurs et leur organisation sociale ce qui n’est pas d’importation chinoise. La femme coréenne n’a pas d’existence sociale, quoique entourée d’un certain respect et jouissant de certaines libertés. On la marie sans la consulter et elle n’a pas de nom une fois mariée ; on la désigne comme la mère de tel ou tel ou comme habitant tel ou tel endroit. La polygamie est d’ailleurs permise, tout en n’étant pas générale. Les enfants doivent un respect absolu à leur père. Le droit d’ainesse est de règle. Le mode ordinaire de sépulture est l’inhumation. L’éducation et toute culture intellectuelle sont entièrement chinoises. Le régime des castes professionnelles s’est greffé en Corée sur une ancienne organisation féodale. Les lettrés viennent de suite au-dessous de la famille royale comme en Chine, et toutes les fonctions s’obtiennent par des examens. On a même droit à un emploi de l’Etat après avoir passé les examens prescrits. Au-dessous des castes il y a des esclaves, criminels et leurs parents, débiteurs et captifs. Les classes lettrées professent le confucianisme. Pour les autres classes, le culte bouddhique qui est officiel n’a qu’une existence extérieure. Une sorte de fétichisme national subsiste dans les campagnes où on adorerait encore le soleil et les étoiles. Le régime de la propriété était naguère presque entièrement communiste. Les classes élevées cultivent certains arts et notamment la musique. Mais l’industrie coréenne est encore presque nulle ou passe pour telle. Les grands se font transporter dans une sorte de palanquin particulier dont le centre appuie sur une roue unique. S. Zaborowski. Démographie. Les auteurs donnent des chiffres très différents pour la population de la Corée : depuis 7,000,000 jusqu’à 15,000,000 d’hab. D’après un recensement officiel de 1883, la population serait de 10,518,937 hab., dont 5,322,633 hommes et 5,196,304 femmes. Malgré le peu d’exactitude des statistiques de l’extrême Orient, on peut considérer le chiffre moyen de 10,000,000 d’hab. comme étant près de la vérité. Le nombre des maisons (men) dans les huit provinces est de 1,715,653.

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