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BORGONA - BORHÀN-ED-DYN

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Nous savons, par un document qui fait partie des archives de la cathédrale d’Avila, qu’en 1508, Juan de Borgofia, sans douté à la suite de la mort de Pedro Berruguete, avait été invité par le chapitre à peindre quatre panneaux qui manquaient encore pour compléter le retable du maître autel de la cathédrale : l’artiste s’élait en outre engagé à livrer ces peintures pour le jour de la Toussaint de la même année, et à mettre en place, en les raccordant et en les réparant au besoin, les panneaux qu’avaient peints Santos Cruz et Pedro Berruguete. Pour chacune de ses propres compositions, Juan de Borgofia reçut une somme de 15,000 maravédis et une autre d’égale valeur pour la mise en place, les raccords, la restauration ou peut-être même l’achèvement des autres peintures. Les quatre panneaux de Juan de Borgofia, d’une exécution tout italienne, représentent Y Annonciation, la Naissance de Jésus, la Transfiguration et la Crucifixion. Parmi les travaux que l’artiste entreprit postérieurement, une place à part doit être faite à la grande fresque représentant la Conquête d’Oran, qu’il exécuta en 1514 dans la chapello mozarabe de la cathédrale de Tolède ; en 1516, il commençait la décoration à fresque de la libreria de la cathédrale qu’il terminait en 1519, ayant reçu pour prix de ce travail une somme totale de 100,000 maravédis. Indépendamment des portraits des archevêques de Tolède qu’il avait peints dans la salle capitulaire, il fît encore en 1522 et en 1526 ceux des deux cardinaux de Croy et Fonseca qu’il exécuta à l’huile. Juan de Borgofia figure fréquemment comme arbitre, en représentation des intérêts du chapitre de la cathédrale de Tolède ou pour le compte des artistes, dans des documents relatifs à des expertises et qui sont conservés dans les archives de la cathédrale. Mais, à partir de 1533, son nom disparait de ces actes, ce qui permet de supposer qu’il mourut, soit en 1533, soit l’année suivante.

« Aucun peintre du même temps, pas même à Florence ou en Allemagne, dit Cean Bermudez, n’a eu plus de talent dans l’exécution des draperies et un plus brillant coloris que Juan de Borgofia. » D’après le même biographe, il aurait été appelé à fournir des esquisses et des dessins pour l’exécution de l’ostensoir de la cathédrale de Tolède, mais il ne semble pas que l’orfèvre Henrique de Arfe qui en fut chargé se soit servi des projets de Juan de Borgofia. P. L.

Bibl. : Poinz, Viage de Espaiïa. ; Madrid, 1787. — Cean Bermudez, Diccionario de los mas iluslres profesores ; Madrid, 1800.

BORGONA (Felipe de) (V. Vicarni).

BORGONDIO (M me Gentile) , cantatrice dramatique italienne, née à Brescia en 1780. Elle était, dit-on, issue d"une famille noble. On ignore quels furent ses maîtres. Ses débuts dans la carrière eurent lieu à Modène, après quoi elle se produisit dans plusieurs autres villes d’Italie. En 1815, elle était à Munich, où elle faisait connaître pour la première fois au public de cette ville deux des plus beaux opéras de Rossini : Tancredi et Vltaliana in Algeri. De là elle se rendit à Vienne, où pendant trois ans elle obtint de vifs succès, puis à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Là, elle chanta plusieurs fois devant l’empereur, qui se montra si charmé de son talent qu’il la combla de riches présents. Le climat meurtrier de la Russie fut malheureusement défavorable à sa voix, qui, de plus, se ressentait déjà des atteintes de l’âge. Elle dut quitter ce pays, et alla se faire entendre, non à Paris, comme on l’a dit, car elle n’y chanta jamais, mais à Londres, où elle était, dit-on, en 1824. Elle n’y obtint aucun succès, non plus qu’à Barcelone, où, sa voix se fatiguant de plus en plus, elle produisit une fâcheuse impression, en 1827, dans le Romeo e Giulietta de Varcai. Il parait pourtant que, de retour en Italie, elle chantait encore à Milan en 1830. Mais ce fut la fin. Elle se vit obligée de quitter la scène, et depuis cette époque on n’en entendit plus parler. A. P.

B0RG0U (écrit Borgos par les cartographes anglais, Burugung par Hahenicht), grande région du Soudan occidental, encore très mal connue. Clapperton en 1826, les frères Lander en 1830 en traversèrent seulement la partie orientale, à quelque distance de la rive droite du Niger ; en 18’*5, John Duncan, par le Dahomey et le Yorouha, parvint à Adafoudia qu’il décrit comme la capitale du pays, mais ses récits de voyage ne paraissent pas mériter une entière confiance ; enfin, en 1886, M. Krause a longé une partie de la frontière occidentale. — A l’époque de Lander, le Borgou était beaucoup plus étendu que de nos jours ; il comprenait les huit royaumes de Nilci, Buo ;/, Kiama, Sandero, Kingka, Korokou, Louggou, Poundi. Celui de Niki était le plus considérable ; son soaverain, qui avait une sorte de suzeraineté sur les autres, était appelé roi ou sultan du Borgou, mais payait lui-même un léger tribut au roi de Boussa. La limite de cette sorte d’empire était alors, au S., la Moussa, affluent de droite du Niger ; mais depuis ce temps des révolutions considérables se sont accomplies ; d’une part, les Peulhs ont porté partout dans cette région leurs armes et leur prosélytisme et soumis à l’autorité de leurs sultans de Gando tous les Etats indigènes ; d’autre part l’émir de Nupé, tributaire du sultan de Gando, paraît avoir étendu son pouvoir sur la partie S.-E. de l’ancien Borgou, notamment sur le royaume de Kiama. A l’heure présente, on connaît, par suite, très mal les limites et l’étendue du Borgou ; on ne sait même pas s’il est tributaire du Gando ou redevenu indépendant. Thomson, qui visitait Gando en 1885, affirme la vassalité, tandis que Flegel, qui a longtemps parcouru ces mêmes contrées (1879-1887), la nie absolument. Enfin, si l’on consulte, au sujet du Borgou, les deux cartes les plus récentes et qui font autorité, la grande carte d’Afrique de R. Lannoy de Bissy (publiée par le ministère de la guerre) et celle d’Habenicht (Gotha, J., 1887, 2 e édit.), on remarque des différences très notables. Suivant celle-ci, le Borgou s’étend entre 2° et 6°30’ environ de long. E., entre 9°30’ et 11°20’ de lat. N. et s’avançant à l’E. jusque sur le Niger, comprend le royaume de Bussang ou Boussa ; dans Lannoy de Bissy, il y a deux Etats distincts : celui de Boussang ou Borougoung à l’E. et celui de Bargou ou Barba à l’O. (ce nom de Barba est aussi ajouté à ceux de Boussang et de Borougoung). On voit combien est incertaine la géographie de toute cette région, placée à l’O. du Niger, en dehors de la grande route suivie par les explorateurs et les commerçants. Tout ce qu’on sait, c’est qu’il y a là des Etats nègres, indépendants du royaume de Gando ou lui payant un léger tribut ; des pays riches, populeux, ayant d’assez grandes villes, Adafoudia, Gouba, Assaf’ouda au centre ; Wori, Niki, Waïua, à l’E. ; Boussang (où périt Mungo Park) et Barba sur le Niger. Les habitants sont des nègres intelligents, de même race que les Mossi, mélangés à des Foullahs et des Mandingues, élevant de nombreux troupeaux et fervents musulmans. Il y a là un vaste champ de découvertes aux explorations futures. E. Cat. BORHÂN-ED-DYN, surnommé Az-Zernoûdji, auteur didactique arabe qui vivait au xrn e siècle de notre ère. Il a composé un traité dont le titre renferme les allitérations si chères aux auteurs orientaux en général. Ce traité est intitulé Ta’lim al-mouta’ allim tariq at-ta’alloum, c.-à-d. Enseignement aux étudiants sur la manière d’étudier. Cet ouvrage, dont il existe un triple exemplaire à la Bibliothèque nationale, fut traduit en turc, et il a été commenté dans un ouvrage spécial par Ibn-Ismail en l’an 996 de l’hégire (1587 de notre ère). Il en existe trois traductions latines, l’une faite par Abraham Echel-Iensis, sous le titre de Semita sapientiœ, sive ad scientias comparandas methodus, publiée à Paris en 1646 ; la deuxième par Fred. Rostgaard aidé du moine maronite Joseph Banèse et publiée par Had. Reland sous le titre : Enchiridion studiosi (Utrecht, 1708) ; on y a joint la traduction d’Abraham Echellensis. Enfin, M. C.Cas-