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végétaux, disant qu’il avait vu les sauvages de l’Amérique empoisonner leurs flèches avec le suc de certaines plantes, et qu’il taisait des recherches à cet égard dans l’intérêt de ses parents qui habitaient encore les Etats-Unis. 11 fit alors exécuter un appareil distillatoire, et, après plusieurs conférences avec Loppens, il lui annonça qu’il était arrivé à des résultats foudroyants sur les animaux. Le 10 nov., il réussit à obtenir deux fioles de nicotine qu’il devait employer le 20, et qu’on ne retrouva plus. Quant aux instruments de chimie qui avaient servi à cette préparation, le comte les fit disparaître sous le parquet d’une des salles du château.

Lorsque, après plusieurs semaines de recherches, la justice eut retrouvé ces instruments, les accusés, qui jusqu’alors avaient nié énergiquement toute culpabilité, avouèrent la fabrication du poison. Le mari adopta comme moyen de défense de dire que Gustave Fougnies s’était involontairement empoisonné, puis, changeant de système, il soutint que c’était sa femme qui avait assassiné son frère. Alors la comtesse déclara que son mari seul avait prémédité et exécuté le crime. Le 27 mai 1851, les deux accusés comparurent devant la cour d’assises de Mons. L’acte d’accusation désignait le comte comme auteur principal de l’assassinat, la comtesse comme complice. La comtesse exposa que dès les premiers jours de nov. 1850, son mari lui avait confié qu’il fabriquait de la nicotine pour se débarrasser de Gustave Fougnies ; le jour du crime, le comte avait terrassé la victime, et lui avait de force vidé de la nicotine dans la bouche. De son côté, le comte variant encore une fois ses moyens de défense, affirma que sa femme avait, par erreur, pris une bouteille de nicotine, qui se trouvait dans une armoire, à côté des bouteilles de vin, et versé du poison à Gustave et à son mari. Gustave avala son verre d’un trait et tomba en criant au secours ; il mourut au bout d’un instant. C’était donc une méprise qui avait causé ce malheur. La comtesse persévéra dans ses accusations contre Bocarmé. Le spectacle de ces deux époux se contredisant sur tous les points produisit une profonde et pénible impression sur l’auditoire. La défense des accusés fut présentée par MM. Lachaud, de Paris, et de Paepe, de Gand, pour Bocarmé ; par MM. Toussaint et Harmignies pour la comtesse ; ceux-ci soutinrent que leur cliente avait été terrorisée par son mari et n’avait pu s’opposer au crime. L’accusation fut énergiquement soutenue par M. de Marbaix, procureur du roi. La comtesse fut acquittée ; le comte, condamné à mort, fut exécuté sur la grande place de Mons le 20 juill. 1851. Le roi Léopold avait refusé de faire usage de son droit de grâce. E. Hubert.

BOCARRO (Antonio), historien portugais du xviie siècle. Successeur de Diogo de Couto (V. ce nom) dans la charge d’historiographe des Indes, il rédigea la treizième décade du grand ouvrage consacré aux annales de l’Asie portugaise, commencé par João de Barros (V. ce nom), décade qui ne fut point publiée, mais qui existerait encore en manuscrit. G. P-i.

BOCARRO-Francez (Manuel), astronome et médecin portugais, né à Lisbonne en 1588, mort à Florence en 1662. Il fit sa médecine à Montpellier, où il fut reçu docteur, et étudia les mathématiques à Alcala et à Coïmbre. Au cours de ses longs voyages en Europe, l’empereur d’Autriche, Fernand III, le nomma, en 1647, comte palatin. S’il faut en croire Barbosa (Bibliotheca Lusitana), il aurait été en astronomie l’élève de Galilée et de Kepler. Outre quelques traités en latin : Carmen intellectuale (Amsterdam, 1639) ; Fœtus astrologicus (Rome, 1626), il a écrit en portugais plusieurs ouvrages dont les principaux sont : Tractado dos cometas que appareceram em Novembro passado de 1618 (Lisbonne, 1619, in-4) ; Anacephaleoses da Monarchia Lusitana (Lisbonne, 1624, in-8). L. S.

BOCASSE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr. de Rouen, cant. de Clères ; 436 hab.

BOCAYRENTE ou BOCAIRENTE. Ville d’Espagne, prov. de Valence ; 5,000 hab. environ. Draps, toiles, papeteries.

BOCCA della Veritá. Masque de pierre colossal de l’époque romaine, conservé à Rome dans l’église de Santa-Maria-in-Cosmedin ; on racontait au moyen âge que les Romains, lorsqu’ils prêtaient serment, enfonçaient leur main dans la bouche qui ne la lâchait pas s’ils se parjuraient. On attribuait celte œuvre au sorcier Virgile. On dit aussi que, de même qu’à Venise, cette bouche recevait les pétitions et dénonciations anonymes. Le nom de Boccá della Veritá est resté à la place qui s’étend entre le temple dit de Vesta et l’église.

BOCCA di Ferro ou BUCCA-Ferri ou BUCCA-Ferra (Luigi), médecin italien, né en Bologne en 1482, mort le 3 mai 1545, étudia sous Achillini dans sa ville natale. Il y occupa une chaire de logique, puis à Rome enseigna la philosophie d’Aristote, enfin, après la prise de Rome par les Impériaux, revint prendre sa chaire à Bologne, et entra dans les ordres. Charles-Quint le fit comte palatin. Il a publié, à Venise (1558 à 1571), plusieurs volumes de commentaires sur Aristote. Dr L. Hn.

BOCCA di Luppo. Nom moderne des Thermopyles (V. ce nom).

B0CCABADATI (Giambattista), mathématicien italien, né à Modène vers 1634, mort dans cette ville le 17 oct. 1696. Da’bord professeur de mathématiques à l’université de San Carlo, il devint bibliothécaire du duc de Modène, puis ingénieur général. 11 aurait écrit un Tractatus de motu mechanico, et les archives de sa ville natale conservent une carte qu’il a exécutée et qui représente Modène souterraine. On a encore de lui : Animadversiones super resolutione geometrica duarum mediarum contmue proportionalum D. Nicolai Coppolce (Modène, 1690). L. S.

B0CCABADATI (Luigia), cantatrice italienne, née à Modène en 1800, morte à Turin le 12 oct. 1850. Elle débuta vers 1817 à Padoue, dans la Gazm Ladra. Après s’être fait entendre sur diverses scènes d’Italie, elle fut engagée à Munich, où sa belle voix et sa rare intelligence scénique ne furent pas moins appréciées. Elle revint ensuite dans sa patrie, chanta à Venise, à Turin, à Rome, puis a Naples. Elle était très liée avec Rossini, de même qu’avec Donizetti, qui écrivit pour elle deux de ses opéras, Lucrezia Borgia et Gemma di Vcrgg. Après avoir passé de nouveau plusieurs années dans sa patrie, M me Boccabadati fut engagée à Londres. De là elle revint à Turin, puis chanta a Gênes, à Palerme, et enfin fut appelée à Lisbonne, où elle enthousiasma le public. C’est en cette ville qu’elle termina sa carrière d’une façon prématurée, car ce n’est point l’âge, mais l’état précaire d’une santé délicate, qui l’obligea de renoncer à la scène. Elle se retira alors à Turin, se consacrant tout à la fois à l’enseignement du chant et à l’éducation de ses enfants. C’est là qu’elle mourut, à peine âgée de cinquante ans. — Une tille de cette artiste, M Ue Virginia Boccabadati, a marché sur les traces de sa mèie et a dignement soutenu l’éclat de son nom. Elle était, en 1860, au comble de sa renommée. Sa voix n’avait point la richesse de celle de sa mère, mais elle y suppléait par un art remarquable, par un chant plein de grâce et d’élégance, d’une expression tendre et passionnée, enfin par un talent scénique absolument supérieur. Pathétique et émouvante au possible, cette artiste, que Paris a connue un instant, avait le don si rare d’arracher les larmes, et dans certains ouvrages tels que Kigoletto, la Iraviata, Linda di Chamounix, Maria di Rohan, elle atteignait le sublime. A. P.

Bibl. : Fètis et Pougin, Biographie universelle des Musiciens et supplément. — Kr. Regli, Dizionario biografico ; Turin, 1860, in-8.

B0CCACE (Giovanni Boccaccio ou de Boccacci), poète et érudit italien né en 1313, mort à Certaldo en 1375. Comme pour Dante et pour Pétrarque, on ne sait guère de