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d’embarras, présente des pièces faciles à démonter et a remonter en quelques heures et éminemment transportables. Chaque sabot donne 130 à 140 coups par minute. En variant la vitesse des moteurs, on peut régler la mouture sur la qualité du minerai. La production est de 20 tonnes par vingt-quatre heures, pour les deux sabots, et pour les minerais ayant la dureté du quartz ordinaire ; il faut une force motrice de six à dix chevaux-vapeur. Les fondations exigent la plus grande solidité. — Dans le bocard à berceau rotatoire, de l’invention de M. Fisher, le mortier ou auge est formé d’un fond en fer forgé, excessivement épais et solide, faisant fonction de dé, et de parois cylindriques garnies d’écrans en toiles métalliques ; il tourne autour d’un fort axe central et reçoit, pendant la rotation, les coups d’un seul pilon vertical, mû par une disposition mécanique analogue à celle qu’on emploie pour les marteaux-pilons. La rotation de la base du mortier se fait autour de l’axe central, incliné à 45° et sur un cône de friction, placé sur un arbre horizontal qui reçoit le mouvement d’une vis sans fin, mise en rotation à l’aide d’un petit cylindre oscillant, placé sur un grand chevalet en fonte, en forme d’arc-boutant, qui supporte les deux mécanismes et est lié et boulonné fortement par le bas à d’excellentes et solides fondations. — Le bocard pneumatique de M. Sholl est caractérisé par l’absence de surfaces flottantes et par une grande économie de force, par suite de l’emmagasinement de l’air comprimé, qui annule les vibrations et restitue, au retour du sabot, par son élasticité, une partie de la force dépensée. L’appareil consiste en deux tubes creux, situés, l’un à la partie inférieure, l’autre à la partie supérieure, remplis d’air comprimé ; l’auge est alimentée automatiquement par des secousses, qui font tomber d’un canal le minerai entre le dé et le sabot ; le mouvement est donné par une bielle ajustée sur un arbre court, à volant et ayant la forme d’une fourchette ; le minerai passe à l’entrée, à travers un anneau de 0m 12 de diamètre. Ce pilon broie de 12 à 15 tonnes par vingt-quatre heures, et la pièce la plus lourde de l’appareil ne dépasse pas le poids de 150 kilogr. L. Knab.

BOCARDAGE. Dans les mines métallifères, le travail n’est pas terminé à la sortie des matières extraites puisque ces matières ne sont généralement pas assez riches pour être livrées au traitement métallurgique ; les minerais arrivent au jour en fragments irréguliers, la première opération qu’ils doivent subir est celle du cassage et du triage. Les fragments réduits à la grosseur d’une noix au maximum sont séparés en trois catégories : 1° la gangue, 2° la mine à bocard, 3° la mine riche ; la gangue est rejetée, la mine riche livrée aux fonderies et la mine à bocard doit être traitée de manière à dégager de la gangue les veinules, grains, cristaux ou particules de minerai qui s’y trouvent disséminés ; la première opération dite bocardage doit donc être de broyer cette mine afin d’en isoler les parties riches ; on emploie à cet effet des bocards à grille ou à auget. Le bocardage a été employé de toute antiquité pour le broyage des minerais, et bien qu’il ait été remplacé en partie par les cylindres qui travaillent d’une manière plus régulière, en faisant une bien moins grande quantité de poussière, pourtant la plupart des ateliers de préparation mécanique des minerais nous présentent encore à côté d’appareils plus perfectionnés, des bocards qui sont susceptibles de traiter des matières de toutes dimensions, jusqu’aux plus fines, et surtout de les amener à un état de division extrêmement avancé. Le bocardage emploie une grande quantité d’eau, il exige des appareils encombrants et assourdissants pour les ouvriers de l’atelier, ce qui finit par être une cause de gène et d’embarras, mais il est nécessaire d’ajouter que le bocardage étant susceptible de broyer plus fin et agissant par choc, son emploi est indiqué toutes les fois qu’il s’agira de broyer un minerai dur et finement disséminé ; or, un filon quel qu’il soit contenant toujours des parties où le minerai affecte cette disposition, on arrivera la plupart du temps dans un atelier de préparation mécanique quelconque à avoir un résidu de mélanges rebelles au traitement par les cylindres et qu’il faudra de toute nécessité traiter par le bocardage. L’emploi du bocardage est également indiqué lorsqu’il entre dans le mélange une matière notablement plus dure que celles qui lui sont associées ; en calculant, en effet, convenablement le poids et la lenteur de chute de la flèche du bocard, on pourra écraser la partie tendre et conserver plus ou moins intacte la partie dure dont la séparation sera rendue plus facile ; on pourra, dans le cas d’un minerai simple dur, associé à une gangue tendre séparer immédiatement l’un de l’autre par le même artifice. L. K.

BOCARDO. Terme de logique qui désigne un mode de la troisième figure du syllogisme (V. ce mot) dans lequel la majeure est particulière négative (0), la mineure universelle affirmative (A) et la conclusion particulière négative (0). Le B marque que ce mode doit être ramené pour être prouvé à un Barbara de la première figure. Le C indique que pour faire cette opération il faut convertir la majeure par contraposition. — R, D sont simplement euphoniques. Ex. : Il y a des colères qui ne sont pas blâmables ; — Toute colère est une passion ; — donc il y a des passions qui ne sont pas blâmables.

BOCARMÉ (Visart de). Nom d’une famille noble de Belgique, célèbre surtout depuis le crime commis par un de ses membres en 1850. Le comte Hippolyte Visart de Bocarmé naquit en 1819, en mer, tandis que son père, inspecteur général des domaines néerlandais, se rendait à Java. Après avoir passé les premières années de son existence dans cette colonie, le jeune comte se rendit dans l’Arkansas, et y contracta les allures violentes du squatter américain. Il revint en Europe avec sa famille, ruinée par de malheureuses spéculations, et vint habiter près de Mons. au château de Bitremont. Il épousa en 1839 Lydie Fougnies, fille d’un ancien épicier qui n’avait que deux enfants, et dont le fils, amputé de la jambe droite, n’annonçait pas une bien forte constitution. Aussi Bocarmé, avant même de contracter mariage, entrevoyait-il la fin plus ou moins prochaine de Gustave Fougnies, son beau-frère. Fougnies père mourut en 1846 ; sa fortune avait été de beaucoup exagérée ; néanmoins les époux de Bocarmé possédaient encore au delà de 7,000 fr. de rente ; c’eût été suffisant sans leurs habitudes de luxe et sans les dérèglements du mari. Aussi les dettes s’accumulaient, Bocarmé recourait continuellement à l’emprunt, et se voyait même obligé, pour faire face à des dettes criardes, d’engager les bijoux de la comtesse au mont-de-piété. La ruine était donc imminente, si la mort de Gustave, sur laquelle on comptait depuis longtemps, ne venait pas rétablir une fortune ainsi délabrée. Mais Gustave ne mourait pas ; il avait même formé des projets de mariage qui contrariaient vivement sa sœur et son beau-frère. Ceux-ci s’efforcèrent de rompre l’union projetée, ne reculant pas devant l’emploi des moyens les plus vils, tels que les accusations calomnieuses et anonymes. Ces tentatives n’ayant obtenu aucun résultat, les époux Bocarmé parurent se résigner et invitèrent même Gustave à dîner chez eux le 20 nov. 1850 ; il y mourut subitement, et les Bocarmé prétendirent qu’il avait succombé à une attaque d’apoplexie. Mais la justice eut des soupçons, et, dès le lendemain, après une descente au château de Bitremont, le magistrat instructeur procéda à l’arrestation des deux époux. L’état du cadavre indiquait qu’il y avait eu lutte ; le cou, la bouche et la langue portaient des traces d’un caustique violent. Le célèbre chimiste Stas, appelé comme expert, déclara que ce caustique était de la nicotine. La suite de l’instruction vint démontrer le bien fondé de cette affirmation.

Bocarmé, après avoir cultivé des plantes vénéneuses en 1849, s’était présenté en févr. 1850, chez Loppens, professeur de chimie à Gand, et l’avait prié de lui faire connaître les instruments propres à extraire les huiles essentielles des