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Bocage fut engagé a la Comédie-Française ; il ne fut que médiocre dans le rôle de Danville de l’Ecole des Vieillards, mais réussit mieux dans un draine de Frédéric Soulié, Clolilde. Il fut moins heureux dans le Misanthrope et dans JSicomède ; aussi après avoir créé le rôle de Lovelace dans Clarisse Harlowe, de Dinaux, il céda à l’hostilité persistante de ses camarades, et revint à la I’orte-Saint-Marlin. Il y remporta de nouveaux et brillants succès dans Angèle, d’Alex. Dumas ; dans les Sept enfants de Lara, de Félicien Mallelille, et dans huit ou dix autres drames. En •1840, Bocage passa au Gymnase, mais là il ne pouvait ni bondir, ni rugir à son aise ; les habitudes du Gymnase lui interdisaient de grossir la voix ; il y remporta cependant quelques succès, mais il revint, en 1843, à l’Odéon, où il ramena la foule en jouant la Lucrèce, de Ponsard, et l’Anligone, de MM. Paul Meurice et Auguste Vacqui’tie.

Le 1er juin 18 45, Bocage devenait directeur de l’Odéon avec une subvention de 60, 000 francs qui fut bientôt portée à 100, 000 francs. Agnès de Méranie, de Ponsard, lui valut notamment un nouveau succès. Abandonnant bientôt la direction de l’Odéon, il faisait sa rentrée au Théâtre-Français, et le 2 nov. 1848 créait le rôle de Richelieu dans la Vieillesse de Richelieu, comédie en cinq actes, de MM. Oclave Feuillet et Paul Bocage. Ce rôle ne convenait que médiocrement à son talent, aussi le succès fut-il assez éphémère. L’année suivante, il renonçait définitivement à ta Comédie-Française et reprenait la direction de l’Odéon. Celle-ci fut marquée par le triomphe éclatant de François le Champi que Bocage avait conseillé à George Sand de porter à la scène. Peu après, Bocage revenait à la Porte-Saint-Martin et s’y faisait applaudir dans le père Rémy de la Claudie de G. Sand. En 1 834, il entrait au Vaudeville où il jouait le Marbrier, d’Alex. Dumas, et revenait aussitôt à la Porte-Saint-Martin. En 1860, il prenait la direction du théâtre Saint-Marcel, où, sur une scène bien insuffisante et cadrant mal à ses allures, il remportait un grand succès dans le Barde gaulois, et il allait finir sa carrière à l’Ambigu. Sa dernière création — et l’une des plus belles — fut, en 1862, celle des Beaux Messieurs de Bois-Doré. Il expirait en 1863, en pleine réputation.

Les jours de lutte du romantisme constituent néanmoins la belle époque de la vie de Bocage. Il n’avait point le génie de Frederick Lemaître, il lui manquait ce je ne sais quoi de nerveusement chevaleresque, de magiquement idéal, qui est la marque des artistes de génie. Mais il apportait dans ses rôles un soin de composition et une pertection rares. Son physique, qui n’avait rien gardé de l’ancien ouvrier cardeur, était grand, élancé. Sa beauté sombre dans Antony avait frappé tous les regards. Henri Heine écrivait : « Bocage, beau comme Apollon. » Sous la mélancolie de son regard se cachaient, d’ailleurs, une ardente passion, une sensibilité extrême qui éclataient sur la scène. Ch. de Larivière.

BOCAGE (Paul Tousez, dit), littérateur français, neveu du célèbre acteur (V. ci-dessus), né à Paris en 1824, mort dans la même ville le 23 sept. 1887. Condisciple de M. Octave Feuillet au lycée Louis-le-Grand, il écrivit avec lui et Albert Aubert, dans le National, sous le pseudonyme de Désiré Hazard, un feuilleton intitulé le Grand Vieillard, qui parodiait les interminables affabulations alors en vogue. Puis les deux amis tirent successivement représenter : Echec et Mat, comédie en cinq actes (Odéon, 1846) ; Palma ou la Nuit du vendredi saint, drame en cinq actes (Porte-Saint-Martin, 1847) ; la Vieillesse de Richelieu, comédie en cinq actes (Théâtre-Français, nov. 1848), et enfin York, comédie-vaudeville en un acte (Palais-Royal, 1852). Toutes ces pièces ont été imprimées sous les noms des deux auteurs. Paul Bocage fui aussi le collaborateur de Méry et Gérard de Nerval pour le Chariot d’enfant (Odéon, 1850), d’Alex. Dumas pour le Marbrier (1854), Romulus (1833) et l’Invitation à la valse (1837), de Th. Cogniard pour Janot chez les sauvages, vaudeville en un acte (1856), de M. Aurélien Scholl pour la Question d’amour (1864). Rédacteur du Mousquetaire, journal d’Alex. Dumas, il a fourni durant plusieurs années une part considérable aux ouvrages publiés sous la seule signature de son chef ; de ce nombre furent le Bric-à-brac, recueil de causeries et de fantaisies (1861, 2 vol. in-18), et surtout les Mohicans de Paris d’où les auteurs tirèrent un drame joué sous le même titre. Paul Bocage avait également écrit et signé un autre grand roman, les Puritains de Paris (1860-1862, 20 vol. in-8).

M. Tx.

BOCAGE (Henri), auteur dramatique français, né à Paris en 1835. Ingénieur de profession, M. Bocage s’est fait un nom dans la littérature dramatique. On lui doit un grand nombre de pièces de théâtre dont quelques-unes ont obtenu un franc succès et quelques romans. Nous citerons : L’Architecte de ces dames, comédie vaudeville (1869) ; la Canne de Damoclès, comédie (1871) ; une Fille d’Eve, comédie (1875), en collaboration avec R. Deslandes ; le Tour du cadran, folie vaudeville (1873), avec H. Crémieux ; les Trois Margot, opéra bouffe (1877), avec H. Chabrillat ; le Jeu de l’amour et du houzard, vaudeville (1877), avec J. Moinaux ; la Poudre d’escampette, vaudeville (1878), avec Hennequin ; la Girouette, opéra-comique (1880), avec Hémery ; les Trois Bougies, comédie (1880), avec L. Leroy ; les Poupées de l’Infante, opéra-comique tiré d’une nouvelle de Roger de Beauvoir (1881), avec Armand Liorat ; En partie fine, comédie (1885) ; la Doctoresse, comédie (1883), avec H. Ferrier ; Contes baroques, l’Homme aux cinq cervelles, le Prince Mystère (Paris, 1873, in-12) ; le Bel Armand (Paris, 1879, in-12).

BOCAGE de Bléville (Michel-Joseph du), voyageur français, né au Havre en 1676, mort en 1728. Lieutenant de vaisseau, il fut chargé d’une mission sur les côtes du Pérou en oct. 1707. Il ne revint en France qu’en 1716, après avoir trafiqué pour son compte en Chine et aux Indes, et avoir découvert, chemin faisant, plusieurs iles, entre autres celle de la Passion.

Son fils, Michel-Joseph, né au Havre le 5 mai 1707, mort le 9 juin 1756, fut armateur. Il a publié les ouvrages suivants : Mémoires sur le port, la navigation et le commerce du Havre (Le Havre, 1753, in-8) ; Observations d’histoire naturelle sur quelques particularités des environs du Havre (Le Havre, 1753, in-8) ; Traité des eaux minérales et ferrugineuses de Bléville, etc. Sous le pseudonyme d’Egacobud, il a écrit aussi un roman : la Princesse Coque d’œuf et le prince Bonbon (La Haye, 174S, in-12).

BOCAIRENTÈ (Espagne) (V. Bocayrente).

BOCAL (Verrerie). Dans les verreries on fabrique des globes de forme sphérique en cristal ou en verre transparent qui servent aux graveurs et aux bijoutiers, à concentrer sur un point déterminé la lumière d’une lampe ou d’un bec de gaz ; les bocaux sont ordinairement remplis d’eau teintée en bleu avec du sulfate de cuivre.

BOCAN (Jacques Cordier, dit), fameux maître à danser, né en Lorraine vers 1580. Il jouissait d’une immense renommée dans la première moitié du xviie siècle, ce que constatent les éloges que font de lui le P. Mersenne dans son Harmonie universelle et Sauval dans ses Antiquités de Paris. Bocan, qui était venu de bonne heure à Paris et qui y avait acquis aussitôt la vogue, devint le maître de danse préféré de toutes les dames de la cour, et parmi elles de la princesse Henriette de France, qu’il suivit en Angleterre lors de son mariage avec Charles Ier. Il plut beaucoup au roi et devint le favori de celui-ci, qui l’admettait souvent à sa table et le comblait de libéralités. Les troubles qui survinrent par la suite le ramenèrent pourtant à Paris, ou il retrouva la faveur dont il avait joui précédemment et où il mourut