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LIVRE VIIe. — CHAPITRE 1er.

principe dans l’individu ; car la société n’est pas un être, mais l’union de plusieurs êtres concourant à une même fin, un tout collectif, animé d’une secrète tendance vers une certaine unité future et plus intime et plus parfaite. Nous avons essayé de faire comprendre ce qu’est en soi cette activité. Mais il faut encore en connoitre l’objet et la suivre dans ses développements, qui ne sont en réalité, comme on le verra bientôt, que la progressive manifestation de l’homme même et de ses divers genres de relation avec les choses et l’Auteur des choses.

On sent bien que, pour être traité avec quelque détail, un sujet si vaste exigeroit des volumes, et qu’il n’est point d’homme dont il n’excède les forces. L’histoire vraiment philosophique des travaux de l’humanité, seroit le plus grand de ces travaux mêmes, car il les résumeroit, les contiendroit tous d’une certaine manière, en les subordonnant à une pensée supérieure qui les enchaineroit et en domineroit l’ensemble. Rien de pareil n’a pu, certes, entrer dans notre esprit. Nous voulons étudier beaucoup moins les produits „ pour nous servir de ce mot, de l’activité humaine, ses résultats variés, innombrables, que cette activité même, son évolution progressive, ses lois essentielles, qui sont les lois de notre nature, combinées avec les lois générales de l’u-