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LIVRE VIIe. — CHAPITRE 1er.

losophes que dominoit le besoin d’unité inhérent à la pensée humaine, à essayer d’éliminer Tune d’elles, c’est-à-dire, de tout expliquer soit par l’esprit seul, soit par la matière seule. Et ces deux efforts en sens contraire ne pouvoient qu’être également impuissants ; car, entre autres raisons, pour tout expliquer avec la matière seule, il faut attribuer à la matière une valeur positive impossible à prouver et à définir, impossible à concevoir, parce qu’elle est contradictoire avec son essence, et la supposer en outre réductible à quelque chose d’inétendu comme la pensée et la sensation ; et pour tout expliquer avec l’esprit seul, il faut nécessairement ou supposer l’esprit limité par lui-même, c’est-à-dire composé de parties, c’est-à-dire matériel, ou nier la réalité des phénomènes en niant toute limitation effective, et, n’admettant ainsi que des distinctions purement idéales, tomber dans le système absurde et monstrueux de l’identité absolue.

Nous croyons avoir évité ces inconvénients divers ; nous croyons, en fixant la véritable idée qu’expriment ces mots esprit et matière, avoir fourni le moyen de concevoir clairement la nécessité de la matière et celle de l’esprit, la part qui leur appartient respectivement dans les phénomènes du monde créé, dont l’existence implique celle de ces deux éléments des choses, et enfin la nécessité non moins